Présentation de l'éditeur :
«Il est clair que l'Orient arabe voit toujours dans l'Occident un ennemi naturel. Contre lui, tout acte hostile, qu'il soit politique, militaire ou pétrolier, n'est qu'une revanche légitime. Et l'on ne peut douter que la cassure entre ces deux mondes date des croisades, ressenties par les Arabes, aujourd'hui encore, comme un viol.»
Ce jugement sans appel d'Amin Maalouf écrivant l'histoire des croisades vues par les Arabes, rejoint les conclusions de la plupart des historiens du Moyen Age. Il faut renoncer à présent à la mythologie flamboyante de la chevalerie occidentale et des moines soldats - les Templiers - délivrant le tombeau du Christ dans Jérusalem reprise aux infidèles. Profitant d'une éclipse, au XIe siècle, de la brillante civilisation arabe à laquelle toutes les sciences, l'art et la pensée humaine sont redevables à jamais, l'Occident, à l'appel du pape de Rome a repris pied sur les Lieux saints du christianisme où la sécurité des pèlerins n'était plus assurée. Mais les divisions internes des princes arabes ont favorisé une vaste entreprise de colonisation et d'occupation militaire qui devait durer deux siècles. Longue et tragique guerre sainte des deux côtés, affrontement inutile et sans gloire de la Croix et du Croissant, que l'on ne peut revivre aujourd'hui sans espérer le silence des armes qui s'affrontent encore et se croisent, en invoquant les désastres et les incompréhensions d'hier. L'idéal perdu d'un Godefroi de Bouillon, d'un Saladin, d'un Frédéric de Hohenstaufen était porteur de tolérance et de paix.
Extrait :
Extrait de l'avant-propos :
Plus de mille ans de guerres sans cesse rallumées comme un feu jamais éteint divisent, en Occident et en Orient, le christianisme et l'islam. Nous avons appris à les connaître dans nos manuels scolaires sous le nom de «croisades», c'est-à-dire d'expéditions militaires ordonnées à partir du XIe siècle de notre ère par les papes, souverains spirituels et temporels de l'Eglise catholique romaine, pour la libération des Lieux saints de Palestine - principalement à Jérusalem - où vécut Jésus-Christ, pour la protection des pèlerins, menacés par le, royaumes musulmans qu, s'y succédaient, et la colonisation du pays, où ils faisaient régner leurs lois politiques et religieuses.
Dans toute l'Europe se rassemblèrent alors des troupes composées de gens d'armes, de gens de bonne volonté, de pèlerins, mais aussi des commerçants, des aventuriers, foules en désordre, cortèges de chariots marchant à pied derrière la bannière de hauts seigneurs et de leurs chevaliers montés, revêtus de grands manteaux sur lesquels ils avaient cousu la croix du Christ. Ils avançaient vers la Méditerranée. Ils feraient en bateau le «grand passage» vers Constantinople où convergeaient les croisés avant de pénétrer dans la Syrie-Liban actuelle et d'affronter «L'infidèle»
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