Extrait :
L'Abandon comme acceptation
Le problème de l'homme contemporain, c'est qu'il ne reconnaît plus la volonté de Dieu dans les événements. Il ne croit plus en une Providence faisant tout concourir au salut de ceux qui aiment Dieu (Rm 8, 28). On dit trop facilement et sans assez de nuances : «Mais ce n'est pas la volonté de Dieu que des gens tombent malades, aient faim, soient persécutés...». Ce n'est certes pas la volonté de Dieu que les gens soient sans coeur les uns pour les autres ou vivent en conflit. Il veut au contraire que nous nous aimions les uns les autres. Mais même s'il y a des hommes mauvais qui, à l'encontre de la volonté de Dieu, sont injustes envers leurs semblables, Dieu sait tirer parti de cette injustice même pour la faire entrer dans son dessein en faveur de ces personnes injustement traitées. Il faut faire la distinction entre d'une part, l'action pécheresse s'opposant à la volonté de Dieu, et d'autre part, la situation qui en résulte pour la victime de cette action pécheresse. Dieu ne veut pas cette action pécheresse, mais II prend en compte, de toute éternité, les conséquences de cette action dans la vie de la victime. Il veut positivement que tout ce qui nous arrive nous fasse grandir et mûrir, même l'injustice que d'autres nous font subir.
Nous sommes enclins - c'est profondément enraciné en nous - à toujours remarquer ce que les autres font de mal. Ainsi manquons-nous l'essentiel : accepter et accueillir pleinement la volonté de Dieu, laquelle, pour une bonne part, résulte du combat mené contre elle par d'autres personnes. Il suffit de penser à Jésus. Ce n'était certes pas la volonté du Père que son Fils soit assassiné par les hommes, ce n'est pas le Père qui les y a poussés. En revanche, le Père voulait réellement que Jésus soit la victime volontaire et innocente de la méchanceté des hommes, Il voulait que Jésus se laisse tuer. Et Jésus n'a pas dit, comme on l'entend si souvent maintenant : «Ce n'est pas la volonté de Dieu, Dieu ne peut pas vouloir une chose pareille». Il a dit : «Abba, Père, tout test possible; que cette coupe passe loin de moi. Mais cependant, non pas ce que Je veux, mais ce que Tu veux» (Me 14, 36). Il y a pour chacun de nous une coupe que le Père nous donne à boire. Le contenu paraissant venir en grande partie des hommes, nous avons du mal à reconnaître en elle la coupe du Père. C'est pourtant le Père qui nous offre cette boisson amère. Il en fut ainsi pour Jésus, il en est de même pour nous.
Présentation de l'éditeur :
«Être le violon de Dieu est tout autre chose que jouer du violon pour Dieu.»
Avec la limpidité de langage et la profondeur qu'on lui connaît, le Père Stinissen pointe ici ce qui est au coeur de la vie chrétienne et l'essentiel de la vie d'oraison : l'abandon. Se référant notamment à L'abandon à la Providence du Père de Caussade, mais aussi au «point de vue de saint Jean de la Croix», il nous entraîne à vivre le fameux «lâcher-prise» qui doit nous propulser dans la vraie liberté.
À travers des exemples concrets, où l'expérience contemporaine est confrontée à la grande tradition spirituelle, ce petit livre nous trace un chemin tout simple pour apprendre à devenir pur instrument.
Le Père Wilfrid Stinissen, carme déchaux, vit en Suède où il a été pendant de longues années maître des novices. Il est l'auteur de nombreux ouvrages de spiritualité, certains traduits et édités en français : La nuit comme le jour illumine, L'éternité au coeur du temps, L'oraison contemplative, et récemment Cachés dans l'Amour, (Éditions du Carmel).
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