Extrait :
Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus
(1894-1967)
Quelques éléments biographiques
«Le propre de l'amour étant de s'abaisser, si toutes les âmes ressemblaient à celles des Saints docteurs qui ont illuminé l'Église par la clarté de leur doctrine, il semble que le Bon Dieu ne descendrait pas assez bas en venant jusqu'à leur coeur, mais II a créé l'enfant qui ne sait rien et ne fait entendre que de faibles cris [...]. En descendant ainsi, le Bon Dieu montre sa grandeur infinie.»
1894-1922. Le rude apprentissage de la vie
Henri Grialou vient au monde au Gua (Aveyron) le 2 décembre 1894, au moment même où une jeune carmélite de Lisieux entame le récit de sa vie, sous le signe de la voie d'enfance. Il est le troisième enfant d'un foyer d'origine rurale : celui d'Auguste Grialou (1860-1904) ouvrier du bassin houiller d'Aubin et de Marie Mirai (1864-1937). Marius (1888-1961) et Angèle (1893-1923) l'ont précédé. Fernande (1901-1994) et Berthe (1902-1958) suivront. Henri est baptisé le 13 décembre 1894. Ses parents gagnent durement leur vie mais le ménage est heureux. Toute sa vie durant, Henri restera attaché à ses origines modestes qui caractérisent le Rouergue besogneux et catholique d'avant 1914. Il n'a pas encore dix ans quand son père meurt après une courte maladie (18 août 1904). Madame Grialou redouble de vaillance pour élever seule ses enfants et leur inculquer les principes chrétiens. En grandissant, Henri devient un garçon vigoureux, entreprenant, volontaire et batailleur. Au Gua, il est l'élève des Frères des Écoles Chrétiennes. Très tôt, il se sent appelé à devenir prêtre et entre chez les Spiritains qui recrutent des garçons pour leur école apostolique de Suse, en Italie. Les études ont l'avantage d'être gratuites. Henri, avec le courage d'un enfant de onze ans, part seul effectuer ses classes de 6e et 5e à Suse (1905-1907), puis rentre en France pour son année de 4e passée à Langogne (1907-1908). Ne se sentant pas à sa place chez les Pères du Saint-Esprit, il entre alors au Petit Séminaire de Graves près de Villefranche-de-Rouergue (1908-1911) puis intègre le Grand Séminaire de Rodez (1911-1913) où il reçoit les ordres mineurs des mains de Monseigneur Charles du Pont de Ligonnès. Le célèbre évêque de Rodez (1906-1925), neveu de Lamartine, est alors très impliqué dans la reconstruction de son séminaire. Vers 1909, Henri entend parler de soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus «par une brochure de rien du tout» et se plonge dans les écrits de la carmélite. C'est une révélation. Il est appelé sous les drapeaux et rejoint le 122e Régiment d'Infanterie de Rodez, en septembre 1913 pour son service militaire. Il ne le sait pas mais la parenthèse va durer six longues années. La Grande Guerre éclate le 1er août 1914. Dès le 18 août, il reçoit sa première blessure en Lorraine puis est évacué à l'hôpital d'Angers. En octobre, il repart au front comme volontaire à la place d'un père de famille et participe ensuite aux campagnes d'Argonne (août 1916), de Verdun (octobre 1916), du Chemin des Dames (juillet 1917), des Flandres (mai 1918) et de Champagne (juillet 1918). Son comportement force l'admiration de ses hommes. Il est promu lieutenant en septembre 1917. En l'espace de quatre années, quarante-sept séminaristes de Rodez sont tombés au champ d'honneur. L'expérience terrible des tranchées aura été pour lui une véritable école de la vie et de sollicitude pastorale. En novembre 1927, par décret présidentiel, il est fait Chevalier dans l'ordre de la Légion d'Honneur, cette décoration s'ajoutant à la Croix de guerre avec étoile et palme.
(...)
Biographie de l'auteur :
Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus, carme d'origine aveyronnaise, est le fondateur de l'Institut Séculier Notre Dame de Vie. Son procès de béatification est en cours.
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