Extrait :
Avant-propos
Dimanche 30 septembre 2012,18 h 20. Encadré par plusieurs policiers, Nikola Karabatic sort du stade Pierre-de-Coubertin. Cela fait des dizaines de minutes, depuis l'arrivée d'une trentaine d'agents du service Courses et jeux, que les journalistes patientent devant l'entrée annexe de la salle parisienne. Les flashes crépitent, la cohue s'amorce. Le joueur de Montpellier a la mine sombre. Il porte des baskets larges, une paire de jeans, un haut de survêtement foncé siglé MAHB sur la poitrine. De la main droite, il tire une valisette. Dans l'autre, une petite bouteille d'eau. Les mâchoires serrées, il ne dit rien. Il marche vers une C5 Citroën bleu nuit, vers une voiture qui a des allures de destin. Il hésite un instant. Un policier, téléphone portable vissé à l'oreille, une chemise cartonnée jaune contre lui, fait signe d'avancer. On lui ouvre une portière. Il s'assoit à l'arrière du véhicule banalisé. Dans le même temps, on charge son maigre bagage dans le coffre. Une enquêtrice, cheveux blonds, veste de cuir marron, monte à ses côtés. La 308 démarre aussitôt, tandis que les objectifs tentent de percer l'opacité des vitres fumées pour capter une image, un regard, un geste. Tout ce qu'ils auront, ce sont des voitures démarrant en trombe, gyrophare allumé, sirènes hurlantes. Direction les 101/103, rue des Trois-Fontanots, siège de la direction centrale de la police judiciaire à Nanterre. La scène ne dure pas plus d'une minute. Un quart d'heure plus tard, le cortège arrive dans le quartier d'affaires, à quelques encablures de l'arche de la Défense. Les véhicules s'engouffrent dans un parking souterrain surplombé par ce triste immeuble gris de huit étages.
Les images font l'ouverture des journaux télévisés. Stupeur. Nikola Karabatic, le «Zidane du handball», le meilleur joueur français de l'histoire de cette discipline, est devenu l'acteur d'un film de série B. On sentait le vent du boulet arriver depuis quelques jours, mais personne n'aurait imaginé une sortie d'un terrain de sport sous la surveillance des forces de l'ordre pour un homme jusqu'ici irréprochable. La scène est terrible. Le joueur de Montpellier ne porte pas de menottes aux poignets, mais dans l'opinion publique, c'est tout comme. Le gamin à la belle histoire, né en Yougoslavie d'un père croate et d'une mère serbe, arrivé en France à l'âge de quatre ans, surdoué du handball, champion de France, d'Europe, du monde, icône populaire, médiatique et publicitaire, vient de voir passer son nom de la rubrique sportive à celle des faits divers. Sa trajectoire rectiligne, tant sur le plan des qualités athlétiques que du palmarès et des valeurs humaines affichées vient de se rompre en éclats. La comète vient de se transformer en astéroïde. Deux mois après les faits, on en est encore à se demander si cette météorite va poursuivre sa route. Ou s'écraser.
Présentation de l'éditeur :
30 septembre 2012. Nikola Karabatic sort du stade Pierre de Coubertin encadré par des policiers. L'image, forte, est reprise par tous les médias. L'histoire des «paris suspects» est devenue une affaire judiciaire. Pourtant, de la Yougoslavie à l'équipe de France en passant par Montpellier et Kiel, la trajectoire de Nikola Karabatic aura été limpide. Celle d'un gamin surdoué qui voulait devenir le meilleur handballeur du monde. Une ambition déjà accomplie à 28 ans pour le double champion olympique, du monde, d'Europe, multiple champion de France et d'Allemagne... Un destin de rêve. Jusqu'à cette interpellation qui écorne son image, l'entache d'un doute.
Pour la première fois, un livre retrace heure par heure cette affaire qui aura fait trembler le handball hexagonal. Que s'est-il passé autour du match Cesson-Montpellier ? Pourquoi l'affaire a-t-elle été aussi médiatisée ? Les preuves avancées par la justice sont-elles solides ? Scandale sportif ou fiasco judiciaire ? Cet ouvrage, à la fois biographie et document d'actualité, propose des pistes de réflexion sur cette histoire hors du commun. À l'image du joueur qui, après avoir gagné sur tous les terrains d'Europe, se bat aussi pour lui. Pour la victoire et l'honneur.
Sylvain Pignol, journaliste au quotidien La Provence, a déjà participé à l'écriture de Handball, l'épopée de la meilleure équipe du monde (Éditions Jacob-Duvernet, 2011). Il est un observateur attentif du sport et de ses coulisses.
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