Présentation de l'éditeur :
Entre 1921 et 1926, le Maroc est le théâtre d'une véritable guerre : "la Guerre du Rif". De sa montagne au relief tourmenté, un jeune chef berbère, Abdelkrim, défie les deux puissances européennes qui occupent son pays, la France et l'Espagne. Rien ne semble pouvoir arrêter les troupes du rebelle qui écrasent l'armée d'Alphonse XIII, massacrent des milliers de ses soldats et provoquent la chute de la fragile monarchie parlementaire espagnole. Après l'Espagne, c'est au tour de la France de prendre de plein fouet l'explosion rifaine. Le choc est d'une brutalité inouïe. "La Guerre du Rif" voit se croiser ou s'affronter des hommes aux destins exceptionnels. Dans la canicule des djebels, Lyautey, Juin, de Lattre de Tassigny, Catroux, Giraud connaissent la peur de voir l'armée française battue par des paysans berbères, alors qu'à Paris, Doriot, Cachin et Thorez associés aux surréalistes pourfendent l'impérialisme d'un Painlevé ou d'un Briand. Pétain est appelé en sauveur du sultan du Maroc et en tombeur de Lyautey. Sous le gouvernement du dictateur Primo de Rivera, un jeune officier du Tercio, Franco, se forge une réputation de militaire impitoyable. Lutte sans merci pour la liberté, conflit oublié de l'histoire coloniale, "la Guerre du Rif" éclaire encore aujourd'hui par bien des aspects les liens très spéciaux de la France et du Maroc, tout comme la sensibilité des rapports du royaume chérifien avec l'Espagne.
Vincent Courcelle-Labrousse est avocat et ancien secrétaire de la Conférence. Sa profession l'a conduit au Maroc, comme à intervenir auprès du Tribunal international pour le Rwanda ou de la Cour pénale internationale.
Nicolas Marmié est journaliste indépendant. Il a été correspondant permanent de l'agence Associated Press au Maghreb de 1999 à 2006 et correspondant du Figaro à Rabat.
Extrait :
Extrait du prologue :
La reconquête de l'Espagne sur les musulmans à peine célébrée, les Rois Catholiques plantent sur la terre marocaine une banderille dont l'aiguillon ne cessera jamais d'agacer les sultans. En 1497, par un coup de main nocturne, le capitaine Pedro de Estopinan installe l'Espagne sur la côte méditerranéenne du Maroc, à Melilla. D'autres enclaves, places fortes, villes portuaires, seront ensuite prises, acquises, puis perdues pour être encore reprises par la couronne espagnole. Mais ni Melilla, forteresse sur la «côte de Berbérie», ni sa jumelle, Ceuta, autre sentinelle chrétienne aux portes du Rif, et pas plus que les deux îlots fortifiés de Badis, recouvré en 1568, ou de Nekkour, annexé en 1673, ne retourneront sous la souveraineté des sultans de Fez.
Malgré le testament d'Isabelle la Catholique qui enjoignait à ses successeurs de conquérir l'Afrique et de lutter pour la foi contre les infidèles, l'Espagne va rester derrière les remparts de ses deux présides sans tenter de prendre solidement pied chez les Maures. Ceuta et Melilla demeurent deux mauvaises garnisons militaires d'où les Espagnols subissent les sièges intermittents, mais réguliers, des croyants qui espèrent en vain les voir retraverser la Méditerranée. Voilà qui serait un juste retour des choses pour les musulmans qui, après des siècles passés en Andalousie, se voient nargués par ces nazaréens, jusque dans leur exil de Tétouan, Ouezzane ou Chechaouen. Le voisinage belliqueux de ces deux continents, séparés par à peine 15 kilomètres de mer, vit au rythme d'un interminable feuilleton d'escarmouches entre la croix et le croissant.
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