Extrait :
Extrait de l'introduction :
Femme bonne qui a mauvais mary, a bien souvent le coeur marry.
Amour peut moult, argent peut tout.
C'est par des proverbes que les paysans du XVIe siècle caractérisaient le mariage. Les historiens en savent de plus en plus long en la matière grâce aux contrats de mariage et aux testaments, aux registres paroissiaux des naissances et des décès et aux récits de rituels prématrimoniaux et aux charivaris ruraux. Ce qui reste difficile à connaître, toutefois, ce sont les espoirs et les sentiments des paysans, la manière dont ils ont vécu les contraintes et les possibilités de leur existence. Nous pensons souvent que les gens de la campagne n'avaient pas grand choix, mais n'est-ce pas là une idée reçue ? N'existait-il pas dans les villages des individus qui ont cherché à façonner leur vie en empruntant des chemins insolites et inattendus ?
Mais comment s'y prennent les historiens pour ramener à la surface de telles informations des profondeurs du passé ? Nous épluchons les lettres et les journaux intimes, les autobiographies, les chroniques et les histoires de famille. Nous examinons les sources littéraires - pièces de théâtre, poèmes lyriques et contes - qui, quels que soient leurs rapports avec la vie réelle des individus, nous montrent quelle sorte de sentiments et de réactions les auteurs pouvaient imaginer à une période donnée. Les paysans, dont au XVIe siècle quatre-vingt-dix pour cent ne savaient pas écrire, nous ont laissé peu de documents sur leur vie privée. Les mémoires et les journaux qui nous sont parvenus sont maigres : une ligne ou deux sur les naissances, les morts, le temps qu'il fait. Thomas Platter nous donne un portrait de sa mère, une paysanne dure à l'ouvrage : «Lorsque nous voulûmes dire adieu à notre mère, elle pleura... Sauf cette fois-là, je n'ai jamais vu ma mère pleurer, car c'était une femme courageuse et virile, mais rude.» Mais cette page fut écrite alors que cet hébraïsant érudit avait depuis longtemps quitté son village suisse et les pâturages de ses montagnes.
Présentation de l'éditeur :
C'est l'histoire d'une imposture et l'un des procès les plus célèbres du xvie siècle. Martin Guerre, alors jeune marié, disparaît un jour de son village d'Artigat, pour réapparaître une douzaine d'années plus tard, et découvrir qu'un autre a pris sa place. Un autre Martin Guerre qui, depuis trois ans, vit au côté de sa femme Bertrande de Rois, élève son fils et réclame sa part d'héritage. Après un procès mouvementé, l'imposteur est confondu et condamné. Mais qui était-il vraiment ? Bertrande de Rois a-t-elle réellement été dupe, comme elle l'a prétendu ? Quel rôle a joué le village d'Artigat dans cette affaire ?
Conseillère historique sur le tournage du film Le Retour de Martin Guerre, de Jean-Claude Carrière et Daniel Vigne, Natalie Zemon Davis nous livre le résultat de ses recherches sur un procès qui fascina aussi bien Montaigne qu'Alexandre Dumas.
Historienne, docteur de l'Université du Michigan (1959), Natalie Zemon Davis est spécialiste de l'histoire culturelle et sociale de la France des XVIe et XVIIe siècles. Actuellement professeur à l'Université de Princeton, elle a enseigné à l'EHESS, elle a enseigné aux universités de Yale, Berkeley, Oxford... Elle a également dirigé l'American Historical Association.
Texte suivi de Martin Guerre, par Alexandre Dumas
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