Mille et une nuits

Chebel, Malek; Durand, Claude

ISBN 10 : 2847366504 ISBN 13 : 9782847366501

Editeur : Nouveau Monde Editions, 2012

A propos du livre

Extrait :

Shahzaman et son épouse

Tout a commencé par un oubli funeste, un acte manqué, une méprise royale. Mais la chronique ancienne y voit la manifestation d'une sorte de vérité universelle qu'elle formule ainsi : «Les surprises que les maris aveuglés par leur amour veulent faire à leurs épouses ne sont pas toujours opportunes, et finissent mal.»

Un monarque important appelé Shahzaman, maître de Samarkand, de Boukhara et de Tartarie, n'échappa pas à la terrible prophétie. Voici ce qui arriva :
Un jour, ce roi qui a la nostalgie de son pays d'origine (il est né en réalité en Inde) et à qui son frère manque, quitte son palais des Mille et une Nuits pour lui rendre visite. Ce dernier, Shahriyar, maître de l'Inde orientale, de la Chine, du Bengale et des îles avoisinantes, est, comme son frère Shahzaman, un souverain tout puissant, redouté de ses adversaires et respecté par ses sujets. Le chroniqueur du palais affirme qu'avant de partir pour sa longue visite fraternelle, Shahzaman décide de nommer un fidèle conseiller en vue d'assurer l'intérim à la tête du royaume en son absence. Par commodité, Shahzaman s'installe à l'extérieur de Samarkand pour veiller à la composition de la délégation qui va l'accompagner, tout en prenant soin de lui fournir les équipements nécessaires.
Il fait beau dans la campagne avoisinante et les participants se préparent avec entrain au grand départ, prévu à l'aube du jour suivant. À minuit, sans doute ému par la longue séparation que ce voyage va lui imposer, Shahzaman entend faire une surprise à la reine, restée au palais en compagnie de sa suite et de ses esclaves tant mâles que femelles. Il quitte le camp et se rend dans la cité en empruntant un passage secret, que lui seul connaît, avec son serviteur et confident le grand Masrour. Parvenu sans difficultés jusqu'aux appartements privés de la reine, il enjambe les servantes couchées par terre ou sur des divans disposés de part et d'autre de la porte de la chambre conjugale, et finit par se retrouver devant le lit à baldaquin, le sien, dont il est encore isolé par une blanche moustiquaire à laquelle ses plis tombant à flots confèrent l'apparence d'une cathédrale de lumière dans la lourde atmosphère du palais silencieux. Dans l'épaisse pénombre où il se tient, il s'applique à se recoiffer, avale d'un trait le contenu de la petite fiole que le médecin lui a préparée pour adoucir l'haleine, se parfume, s'examine une dernière fois dans un miroir aussi ancien que l'art même de la miroiterie, et, le buste droit, se présente enfin devant sa légitime dont il se croit tendrement aimé, l'imaginant alors dans les bras de Morphée.
Il tire vivement le voile de gaze. Le visage de Shahzaman prend soudain une autre couleur : de rose pâle, il devient terreux. Cependant que son coeur tambourine follement dans sa poitrine, son sang reflue de tout son corps.
La reine était dans les bras de son amant, lequel n'était autre qu'un des officiers de sa garde personnelle. Le roi était confronté au spectacle le plus ignoble qui se pût imaginer : subir pareil outrage sur sa propre couche, de la part de la première dame du royaume, avec l'officier chargé de l'en dissuader ! Hébété, le monarque eut un sursaut d'orgueil et se dit en lui-même : «Ah, perfide, votre crime ne restera pas impuni. En tant que roi, je dois châtier les forfaits qui se commettent dans mes États ; comme époux offensé, il faut que je vous immole à mon juste ressentiment !»

(...)

Présentation de l'éditeur :

Le sultan Sharïyar, déçu par l'infidélité de son épouse, la condamne à mort et décide de faire exécuter au matin chaque femme qu'il aura épousée la veille. Son tour venu, Shahrazade, la fille du Grand Vizir, décide d'user d'un stratagème : elle contera chaque nuit des histoires à son mari, le tenant ainsi en haleine jusqu'à l'aube. Curieux d'en connaître chaque fois le dénouement, Shariyar repoussera mille et une nuits durant son désir de la faire mourir.

C'est ainsi que Shahrazade raconte les voyages de Sindbad le marin, les aventures d'Ali Baba et des quarante voleurs, d'Aladin et de la lampe magique, mais aussi celle de Djeha, truculent et rusé personnage, des Babouches maudites et du Gâteau chevelu au miel d'abeilles.

Contes populaires issus de la tradition orale, nés à Bagdad vers l'an mil, inspirés de légendes indiennes et persanes, enrichis par celles du Caire et de Damas, ils regorgent de djinns, de magiciennes, d'animaux volants, de tapis de prière, de palais somptueux, de fruits miraculeux, de trésors innombrables, sans oublier les hommes et les femmes du peuple, les artisans et les marchands, les rois et les reines mythiques, les créatures surnaturelles, les voyageurs impénitents et les aventuriers intrépides. Malek Chebel et Claude Durand nous offrent ici une lecture vivante, conservant au texte le style fleuri et le charme suranné qui continuent de nous séduire.

Spécialiste de l'Islam, Malek Chebel est notamment l'auteur de L'Encyclopédie de l'amour en Islam (Payot), du Kama-Sutra arabe (Pauvert) et d'une nouvelle traduction du Coran (Fayard).

Auteur de La Nuit zoologique (Grasset, 1979, Prix Médicis) et traducteur de Gabriel Garcia Marquez, Claude Durand a dirigé les éditions Fayard de 198C à 2009.

À propos de cette édition

• Éditeur: Nouveau Monde Editions
• Date d'édition: 2012
• ISBN 10: 2847366504
• ISBN 13: 9782847366501
• Reliure: Livre broché
• Nombre de pages: 320