Extrait :
UN ART À PART ENTIÈRE
Jean Guibal
Longtemps délaissé, voire méprisé, l'art populaire a désormais trouvé ses lettres de noblesse, ses musées, ses collectionneurs, ses spécialistes et - suprême consécration ! - son marché. Défini par opposition à un art académique, ou savant, mais aussi par son usage social (celui des classes dites populaires), il est en outre réputé porteur de valeurs identitaires, présumé apte à symboliser la culture d'un groupe, sinon d'un peuple. Charges bien lourdes pour des productions le plus souvent ordinaires, des objets du quotidien, des ustensiles et outils qui ont avant tout une valeur d'usage. La définition la plus efficiente de l'art populaire est sans doute, par défaut, celle qui distingue ceux qui le produisent, qui ne réclament pas le statut d'artiste ou de créateur, à peine celui d'artisan, et qui oeuvrent par la reproduction de modèles, qu'ils enrichissent certes mais en se fixant des objectifs de simplicité et surtout d'efficacité, tant fonctionnelle que décorative. Encore n'évoque-ton sous ces aspects que le patrimoine matériel, quand on sait que les formes évanescentes des cultures - de la langue aux savoirs les plus divers, de la littérature orale aux pratiques sociales, etc. - sont autant de biens culturels (de formes d'art !) dont la conservation et la transmission sont des plus délicates...
On n'ouvrira pas ici le débat récurrent sur la place des arts populaires dans le paysage culturel, ces arts dits aussi «primitifs», ou «premiers». Débat renouvelé alors que vient de fermer le musée national des Arts et Traditions populaires, à Paris - qui doit renaître sous la forme d'un musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée à Marseille - puis la section «ethnologie» du musée de l'Homme et le musée des Arts d'Afrique et d'Océanie - appelés pour leur part à nourrir de leurs collections le nouveau musée du Quai-Branly. Sauf pour rappeler que si ces objets sont beaux et méritent des musées d'art, sous notre regard contemporain inhibé par l'histoire de l'art occidental, ils sont avant tout des documents, des témoignages de modes de vie, de comportements, des objets dotés d'une fonction patrimoniale pour laquelle le sens fait autant partie de l'héritage et de la transmission que la forme matérielle. Ce qui leur confère une autre qualité, une signification profonde qui sublime plus qu'elle n'affaiblit leur valeur esthétique.
Présentation de l'éditeur :
Coffres aux façades gravées de rosaces et de rouelles, lourdes armoires aux portes polychromes, vaisseliers usés par les années, berceaux finement ouvragés, tables et bancs polis… les meubles anciens des hautes vallées alpines sont d'émouvants témoignages d'une vie montagnarde aujourd'hui disparue.La sélection des meubles présentés dans cet ouvrage constitue un échantillonnage représentatif du mobilier alpin des hautes vallées, à travers cinq siècles d'histoire de la Savoie et du Dauphiné. Les différentes vallées alpines ont développé un style propre dans les techniques de fabrication et dans les décors : Chablais, vallées de Chamonix, d'Abondance, de la Maurienne et toute la région du Mont-Cenis, Briançonnais, Queyras…Tous ces meubles, du plus rustique au plus ouvragé, démontrent l'ingéniosité technique de cet artisanat montagnard qui prend racine dans une longue tradition de savoir-faire et d'esprit créatif. Ils sont d'authentiques témoins de la culture montagnarde, sans aucun doute au tout premier rang des trésors artistiques légués par la civilisation alpine.
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