Le canap� rouge - Couverture souple

Lesbre, Mich�le

3,33

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Couverture souple

ISBN 10 : 2848050543 ISBN 13 : 9782848050546

Editeur : Sabine Wespieser Editeur, 2007

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148 pp. Un petit accroc sur le 4�me plat.

Les informations fournies dans la section � Synopsis � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.

Revue de presse :

Le roman nous entra�ne, � la premi�re personne, dans le voyage qu'entreprend Anne en Russie � bord du Transsib�rien pour retrouver Gyl, un ancien amour. Au long du p�riple, d'envahissantes r�miniscences se croisent, se nouent et s'unissent au pr�sent. M�moires litt�raires, fragments br�lants d'utopie, confrontations et co�ncidences. � Paris est rest�e une tr�s vieille dame, Cl�mence, la voisine du dessous avec qui Anne partage une complicit� rare faite de phrases chuchot�es et d'exp�riences fragiles. D'ici et de l�-bas, les temps doucement se rassemblent. Tapisserie serr�e o� les fils se confondent. Pas un point n'est visible. C'est �blouissant de simplicit�. Secret des labyrinthes. "Je viens d'emmener Marie, ma petite fille de onze ans � Venise, raconte Mich�le Lesbre. Je lui ai propos� : "On essaye de se perdre." Le jeu lui a bien plu. On y est arriv�es." Si c'�tait �a �crire, apprendre � s'�garer en sachant le chemin ? (Xavier Houssin - Le Monde du 24 aout 2007)

Avec ce roman chahuteur puis apais�, Mich�le Lesbre continue de jouer avec les souvenirs de la vie ordinaire, �voquant le d�sir et l'�vaporation de la passion. Son livre est une incitation � la d�couverte d'autres oeuvres, de Dosto�evski � Milena Jesensk�. On sent que tout la nourrit : l'exp�rience et les rencontres, la r�verie et les lectures. Son �criture est devenue gourmande, perdant de son anxi�t�, comme si ce p�riple russe lui donnait une ampleur plus d�vergond�e, ou simplement lumineuse, comme un ciel violet se refl�tant sur le lac Ba�kal. (Christine Ferniot - T�l�rama du 29 aout 2007)

Dans La Petite Trotteuse, son pr�c�dent livre, Mich�le Lesbre d�crivait le p�riple d'une femme partie sur les rives de la Loire visiter trente maisons, non pas pour en acheter une, mais pour d�vider, d'une atmosph�re � l'autre, la bobine des souvenirs, d�nouer, fil � fil, l'�cheveau confus de l'identit�. Le Canap� rouge creuse le th�me pour montrer que l'identit�, � la mani�re d'un paysage d�filant derri�re des vitres, n'est jamais fixe, qu'elle se d�ploie au gr� des �motions, des exp�riences. Le voyage comme qu�te int�rieure : un sillon creus� par les sages, ensemenc� par les �crivains, de Hermann Hesse � Bruce Chatwin ou Nicolas Bouvier. Sillon fertile o� Mich�le Lesbre engage sa sensibilit� exigeante, son style �pur�, pr�cis. Va-t-on lui reprocher un recours un rien syst�matique aux phrases d'auteur ? Ou admettre qu'elles portent le r�cit et l'�clairent ? Ainsi l'exergue citant Anna Maria Ortese. La romanci�re italienne n'a cess� d'opposer la dimension tragique du monde au surgissement salvateur du merveilleux, ou, pour reprendre un terme du philosophe Jank�l�vitch, de �la causalit� f�erique� : ces �divines rencontres� qui, sans qu'on les ait m�me souhait�es, surgissent dans nos vies et les transforment. (Elisabeth Barill� - Le Figaro du 13 septembre 2007)

La protagoniste de ce roman est hant�e par la m�lancolie de l'inaccompli, mais aussi par la nostalgie des utopies de jeunesse avec laquelle elle para�t vouloir renouer une derni�re fois en tentant de retrouver un ancien camarade de combat politique, un compagnon du temps des fols espoirs de justice sociale, de monde nouveau, de camaraderie universelle...
Ce roman �d'apprentissage� �voluant entre onirisme et r�alisme magique nous permet de soup�onner que nos plus vieux et lancinants fantasmes n'ont peut-�tre dans nos vies que le r�le de simples stimulants au taedium-vitae de l'existence. (Denis Grozdanovitch - Le Nouvel Observateur du 3 janvier 2008)

Extrait :

Sur un chemin de terre, un homme roulait une cigarette, debout, pr�s d'un side-car vert, scarab�e g�ant, compagnon de solitude. L'homme et sa machine, ensemble. De loin je reconnaissais tous les gestes, Gyl aussi roulait ses cigarettes. Il retenait la pinc�e de tabac au creux de la main, l'effritait du bout des doigts, la r�partissait dans la pliure de la feuille, enfermait le tout apr�s un l�ger coup de langue sur le bord du papier gomm�. L'odeur de miel et de foin flottait, m�me si j'�tais derri�re la vitre du compartiment et l'homme � une dizaine de m�tres. J'entendais presque le bruissement du tabac, j'imaginais les doigts agiles, le geste machinal, la t�te ailleurs. Moment suspendu, rituel, intime. Il n'avait pas un regard pour le train qui reprenait de la vitesse et je pensais que c'�tait �a aussi le voyage, me r�veiller quelque part en Sib�rie, mais o� ? Voir un homme se rouler une cigarette, le perdre de vue tr�s vite, me souvenir de lui toujours.
Aujourd'hui encore, il m'arrive de penser � la br�ve apparition de cet inconnu surpris dans son intimit�, � d'autres aussi qui de fa�on myst�rieuse se sont install�s dans ma m�moire, comme des t�moins silencieux de mes errances.
C'�tait un moment de ma vie o� la pr�sence obs�dante du monde, l'impuissance de tous les discours et celle de th�ories us�es tourmentaient mes jours et mes nuits. Il me semblait n'avoir prise sur rien, le temps voulait m'engloutir, il m'engloutissait, du moins avais-je cette impression d'une lente et inexorable fin de tous nos espoirs. Je n'�tais pas seule � percevoir cette insidieuse �rosion des certitudes qui avaient emball� notre jeunesse, mais ce qui m'effrayait c'�tait le sentiment, que partageaient quelques-uns de mes amis, de ne rien pouvoir d'autre que de m'ab�mer dans ce constat. J'avais lu dans un roman � propos de la mort des th�ories, On se demande jusqu'� quel point on les avait prises au s�rieux. J'en voulais � l'auteur pour sa cruelle hypoth�se. Ce monde r�v�, cette belle utopie : �tre soi, pleinement soi, mais aussi transformer la soci�t� tout enti�re, pouvaient-ils n'�tre qu'enfantillages ? Nous consolaient-ils seulement d'�tre les h�ritiers orphelins des d�rives commises � l'Est et ailleurs, que certains de nos a�n�s avaient fait semblant d'ignorer ?
Gyl, lui, ne voulait pas renoncer � tout ce qui avait donn� du sens � sa vie jusque-l�, b�tir un monde id�al. Sur un coup de t�te, il �tait all� vivre au bord du lac Ba�kal, peindre, faire du th��tre avec les habitants, monter des pi�ces de Vampilov qui avait exerc� toute sa carri�re � Irkoutsk. Ce choix m'inqui�tait, mais je comprenais � quel point il �tait symbolique et d�sesp�r� � la fois. Inutile de le retenir, rien ni personne ne l'avait jamais retenu. Les premiers six mois, il �crivait souvent, racontait qu'il avait le temps d'aller p�cher l'omoul dans le lac, de fabriquer des cerfs-volants pour les enfants.
Puis, le silence.
Apr�s des semaines sans nouvelles, j'avais d�cid� de faire le m�me voyage, dans le m�me train. Nos quotidiens s'�taient s�par�s depuis longtemps, mais nous avions beaucoup partag�. L'id�e d'un quelconque danger le concernant me plongeait dans une indicible angoisse. L'homme debout pr�s de sa machine �tait peut-�tre un signe, je me rapprochais de Gyl. Ces gestes familiers pouvaient en �tre la preuve, j'avais besoin de m'en convaincre.

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