Pour une nouvelle clinique de l'alcoolisme: La part alcoolique du soi - Couverture souple

Monjauze, Michèle

Couverture souple

ISBN 10 : 2848352043 ISBN 13 : 9782848352046

Editeur : IN PRESS, 2011

A propos du livre

Extrait :

Extrait de l'avant-propos

EN 1999, les éditions Dunod publiaient La Part alcoolique du Soi. Je présentais dans cet ouvrage, pour la première fois, une sémiologie, psychopathologie et psychogenèse de l'alcoolisme : le champ psychanalytique kleinien en ouvrait la possibilité.
Une première partie exposait ce cadre théorico-clinique : naissance, développement primaire, intégration, fonctionnement «normal» du psychisme. La pathologie alcoolique se démarquait ainsi plus clairement de l'évolution attendue. Le titre, en référence au «Soi», instance primitive de la psyché, mettait en exergue mon hypothèse que l'alcoolisme résulte d'une faille archaïque, sorte de plaque tectonique d'un monde psychique tumultueux. «La part alcoolique» soulignait que cette enclave spécifique n'était pas exclusive d'acquisitions secondaires en couverture. Une troisième partie, très didactique, appliquait les conséquences de ces hypothèses et de ces observations sur les diverses prises en charge. La part alcoolique n'envahit pas d'emblée les fonctionnements adaptés. Elle les facilite même dans un premier temps par l'effet anxiolytique, avant de les mettre à mal. Lorsque se produit le déséquilibre vers la pathologie, les territoires de la pensée sont plus ou moins submergés. La psychothérapie a une tâche de sauvetage et d'élargissement pour que le sujet reprenne possession de ses biens, jouisse de ses acquis préservés et s'approprie sa part souffrante pour la transposer en richesses.

La Part alcoolique du Soi faisait suite à La Problématique alcoolique, un livre de 1991 qui a bousculé les idées reçues et qui est toujours d'actualité. Il met en question les fondements de l'alcoologie, présente une lecture critique des textes psychanalytiques sur l'alcoolisme et projette ce que j'ai appelé «la problématique» sous un nouvel éclairage. Je supposais dès lors une parenté de l'alcoolisme avec l'autisme et démontrais son origine archaïque : rien n'est plus aveuglément instinctif que la compulsion à boire de l'alcool jusqu'à en mourir. L'écoute attentive des patients dévoilait le traumatisme qui creuse cette plaie béante assoiffée : un fantasme terrifiant de scène primitive, corps à corps sanglant que l'oeuvre de Francis Bacon jette à la figure du spectateur, expérience vertigineuse de la lecture de Malcolm Lowry. Le «corps de l'oeuvre alcoolique» devenait un modèle pour la transposition thérapeutique de la souffrance alcoolique en objet de création.

Depuis 1991, en participant à des colloques ou en rencontrant des équipes de soins, j'ai pu constater combien la compréhension et la prise en charge de «la problématique alcoolique» ont évolué. Malheureusement, il reste encore ce que j'appellerais des «bastions de la honte» où la méthode consiste à ne parler que d'alcool et à faire de l'abstinence une question de volonté qui culpabilise la «rechute». Cette abstinence «sèche» est la finalité des prises en charge alcoologiques, production d'abstinence à la chaîne dans certains lieux de soins coûteux et peu productifs. Symptôme inversé, prescription paradoxale du corps médical ou invention de survie par les alcooliques eux-mêmes, l'abstinence est une étape nécessaire. Connaître et reconnaître la problématique accompagnerait au plus juste ce parcours incertain et angoissé du sujet vers la maîtrise de ses choix. En espérant un changement radical de politique, des signes encourageants apparaissent. Ici ou là, on n'interroge plus : «Avez-vous bu, rebu, encore bu ?», mais «Qu'est-ce qui vous fait plaisir ? Quels sont vos loisirs préférés ? Que souhaiteriez-vous réaliser ?». La nécessité impérieuse de restauration narcissique et de sédation des angoisses va s'imposer enfin, pour que la personne se sente capable et libre de poser son verre, ce que nul ne peut faire à sa place. Cette approche respectueuse et accompagnante des patients s'illustre par exemple dans la pratique du Dr Henri Gomez, qui a publié nombre d'ouvrages sur la fonction soignante auprès des alcooliques. Cette expression «fonction soignante» me paraît très heureuse par rapport à la lourdeur de la «prise en charge». On dirait que les soignants doivent porter les patients sur leurs épaules, alors que le but de la thérapie est qu'ils se portent bien eux-mêmes.

Présentation de l'éditeur :

Peut-on «guérir» l'alcoolisme ? Comment aider un patient alcoolique à se sentir capable et libre de poser son verre ? Avec cet ouvrage, Michèle Monjauze pose les jalons d'une nouvelle clinique de l'alcoolisme, en soulignant que «les psychothérapies qui peuvent guérir les alcooliques sont celles qui leur sont le plus rarement proposées».
De manière classique, mais jusque-là jamais appliquée à l'alcoolisme, Michèle Monjauze présente la sémiologie, la psychopathologie et la psychogenèse de cette dépendance aux multiples facettes.
L'alcoolisme apparaît comme une modalité psychotique à la singularité surprenante, une «psychose associative» essentiellement paradoxale. Faisant l'hypothèse des traumatismes précoces comme origine de toutes les addictions, l'auteur définit en termes psychanalytiques l'objet toxicomaniaque en général et l'objet alcool dans sa spécificité. Cette analyse approfondie du fonctionnement alcoolique a des répercussions importantes sur les choix thérapeutiques. Ceux-ci consisteront à accompagner la personne alcoolique en harmonie avec son fonctionnement et dans sa propre voie, pour qu'elle s'approprie et soigne sa partie souffrante. Psychothérapies individuelles, de groupe, ergothérapie ou relaxation... à travers ces différentes formes d'accompagnement thérapeutique, Michèle Monjauze donne à voir toute la richesse et toutes les potentialités de la fonction soignante. Les cas cliniques qui illustrent son analyse sont toujours présentés avec pertinence et empathie à l'égard des patients.
Accompagner le patient serait finalement l'aider à gérer lui-même la part alcoolique de sa personnalité. Peu à peu libérée des angoisses, «la part alcoolique» se révèle comme un creuset de potentielle création tandis que la sobriété s'installe en douceur. L'abstinence n'est plus alors vécue comme une amputation.
Un ouvrage de référence pour tous les cliniciens préoccupés de soutenir au mieux leurs patients dans une démarche psychothérapique, mais aussi un livre profondément humain, accessible à tous, sur le drame de l'alcoolisme.

Michèle Monjauze est psychologue clinicienne, spécialiste de la pathologie alcoolique, formée à la psychanalyse par Didier Anzieu et Joyce McDougall. Elle a exercé dans le service de psychiatrie de I hôpital de Saint-Germain-en-Laye et enseigné comme maître de conférences en psychologie clinique à l'université de Paris X Nanterre. Elle a publié plusieurs ouvrages de référence dons le domaine de l'alcoolisme parmi lesquels Comprendre et accompagner le patient alcoolique (3e édition 2011, Editions In Press) et La problématique alcoolique (2e édition 2008, Editions In Press).

À propos de cette édition

• Éditeur: IN PRESS
• Date d'édition: 2011
• ISBN 10: 2848352043
• ISBN 13: 9782848352046
• Reliure: Broché
• Numéro d'édition: 1
• Nombre de pages: 212