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La religion dans les établissements de santé - Couverture souple

 
9782848743400: La religion dans les établissements de santé
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Extrait :
Prolégomènes

Éric MARTINEZ

«Certains hommes croient en un dieu. D'autres en plusieurs. D'autres se tiennent pour agnostiques et refusent de se prononcer. D'autres enfin sont athées. Tous ont à vivre ensemble. Et cette vie commune, depuis la première Déclaration des droits de l'homme, doit assurer à tous à la fois la liberté de conscience et l'égalité de droits.»

Henri Pena-Ruiz, Qu'est-ce que la laïcité ?, 2003.

Le récent Atlas «Histoire» du Monde Diplomatique consacre un article de deux pages à la question religieuse. L'auteur y rappelle que la vision européenne du déclin des religions prend naissance avant le Siècle des lumières, s'affirme au XIXe siècle avec Max Weber, Karl Marx, Friedrich Nietzsche et Sigmund Freud et s'amplifie au XXe siècle dans les pays de tradition chrétienne. Pour le philosophe Marcel Gauchet, «l'essor des techniques» et «l'enracinement des procédures démocratiques» placent le devenir des sociétés contemporaines dans la perspective d'une société «hors religion». En France, la «perte d'audience» du catholicisme «s'accentue à partir des années 1970». Le nombre de pratiquants est passé de 20 % à 4,5 %. Toutefois, cette «vision "européenne" du déclin des religions», fondée sur la diminution du nombre de pratiquants et «la perte d'influence des institutions religieuses [...] et qui tranche avec le regain de foi religieuse observé dans le reste du monde, explique la montée des fondamentalismes par un refus de la marginalisation», qui se traduit par «le comportement identitaire d'une minorité de musulmans». Pour Marcel Gauchet, il ne faut pas commettre l'erreur de voir dans «l'indiscutable dépérissement du rôle de la religion dans nos sociétés l'annonce certaine de sa volatilisation sans traces». Si «la discontinuité dans l'ordre de la fonction sociale est déjà pour l'essentiel opérée [...] la continuité dans le registre de l'expérience intime n'a pas fini, en revanche, de nous réserver des surprises».

À l'hôpital, l'expression de convictions religieuses et la pratique de rites ne sauraient constituer une difficulté tant que ces manifestations ne compromettent pas le bon fonctionnement du service public et le principe d'égalité. Les convictions du patient relèvent de la liberté de conscience. Cependant, si les rites d'accompagnement des défunts ou les règles alimentaires sont en principe respectés, l'irruption de la pratique religieuse dans la mise en oeuvre des soins eux-mêmes peut susciter des conflits.

Si les questions posées par les convictions et les pratiques religieuses à l'hôpital demeurent marginales et expriment des positions minoritaires, elles ne se limitent pas à une religion particulière. Leurs manifestations sont diverses et concernent en particulier l'opposition violente à l'interruption volontaire de grossesse, le refus d'être examiné(e) par un professionnel du sexe opposé, le refus de soins, les mutilations sexuelles, la fin de la vie, la mort...

De prime abord, l'expression religieuse au sein de l'hôpital peut être perçue comme paradoxale et compréhensible à la fois. Paradoxale en raison des progrès scientifiques d'une médecine pour laquelle le corps est devenu transparent au sein d'une institution qui aspire sans cesse à plus de technicité et de rationalité dans toutes les dimensions de l'exercice professionnel de soigner. Compréhensible dans la mesure où l'hôpital demeure un lieu de naissance, de souffrance et de mort, et donc d'émotion alors que l'intime se confronte à l'institution.

Du point de vue institutionnel, l'histoire de l'hôpital est étroitement liée à celle de la religion chrétienne. Cependant, la question de la place de la religion au sein de l'hôpital s'affirme aujourd'hui à travers une dimension bien davantage, si ce n'est exclusivement, individuelle. Dans le cadre d'un service public respectueux des principes de laïcité et d'égalité, elle affirme une identité, presque une résistance de certains «patients». L'expression religieuse semble dès lors exprimer un refus de la rationalité scientifique et de l'organisation sociale, celle du service public et du principe de laïcité, en même temps qu'une revendication sur le corps. Cette confrontation a parfois rendez-vous avec le droit et le juge, que ce soit en matière pénale ou administrative (entrave à l'interruption volontaire de grossesse, mutilations sexuelles, fin de vie, respect du corps).

(...)
Présentation de l'éditeur :
Cet ouvrage est le fruit d'une réflexion collective dont l'originalité tient à la perspective dans laquelle s'inscrivent les contributions. En effet, en réunissant spécialistes du droit de la santé, du droit des religions et des sciences politiques, il permet d'offrir au lecteur un regard critique sur les rapports entre religion et santé dans l'espace des établissements de santé.

Revisitant les thèmes de la laïcité, de l'acte de soins ou de la relation de soins au prisme du religieux, les auteurs interrogent le croisement entre particularismes (d'origine religieuse), espace d'expression (vers une instrumentalisation de la religion) et établissements de santé. Il ne s'agit pas ici seulement de décrire l'état du droit au regard de la place de la religion dans les établissements de santé ou de prétendre traiter l'exhaustivité des problématiques en ce domaine. Fondamentalement, chacun des auteurs s'attache à confronter les droits en présence et l'utilisation qui en est faite : droit à la liberté de choisir son praticien, droit de refuser des soins, droit à l'exercice du culte... Comment l'utilisation d'un droit peut-elle devenir le vecteur d'un particularisme religieux, donc d'une revendication à tout le moins d'une réclamation, religieuse ?

Cet ouvrage permet également de lever le voile sur un certain nombre de préjugés selon lesquels l'hôpital serait fermé ou ne pourrait souscrire à une demande de nature religieuse, ou à l'inverse serait investi par le fondamentalisme.

Auteur(s) : Lucille Lambert-Garrel, Eric Martinent, Éric Martinez, Hubert Peres, Guillaume Rousset

Sous la direction de : Vincente Fortier, François Vialla

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