Présentation de l'éditeur :
Vers le milieu du XIXe siècle, de nombreux Italiens quittèrent leur pays pour des destinations très diverses. En France, ils n'étaient pas moins de 400 000 au début du XXe siècle, nombre qui n'a cessé d'augmenter dans les années vingt à trente avec la cris; économique et le régime du Duce. Les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de l'Aisne, des Ardennes, de la Marne, des Vosges sont devenus pour eux une terre d'exil.
Beaucoup sont maintenant célèbres comme Cavanna, Michel Platini, Yves Montand, Serge Reggiani, Achille Zavatta. Mais que sont devenus les autres ?
Dans son ouvrage, Ania Slawinska-Provolo perce le mystère en nous faisant découvrir l'intimité d'Italiens du nord de la France, peu enclins habituellement à se raconter.
Toutes ces familles du bassin minier n'ont pas oublié d'où elles viennent et transmettent au sein du foyer la langue italienne, l'art culinaire, les souvenirs de leurs origines... Elles éprouvent beaucoup de fierté lorsqu'on leur parle de l'Italie du pont des Soupirs, du balcon de Juliette, du Colisée et se laissent aller alors à quelques confidences, tout en gardant une certaine retenue par rapport au départ de leurs grands-parents et parents.
Et pour saluer la culture italienne, l'auteure, à la fin de l'ouvrage, offre à tous les Italiens une redécouverte de leurs us et coutumes qui ravira également les amoureux de la Péninsule...
Après Champ de vignes, champ d'oliviers et La Fiancée, saga à l'italienne, Ania Slawinska-Provolo, qui s'était penchée précédemment sur ses propres origines dans Ma petite Pologne, nous renvoie avec émotion aux racines de la famille de son mari, et de tant d'autres, immigrée dans le Pas-de-Calais.
Extrait :
Peu d'émigrés italiens parlent de leur venue en France ou en Belgique.
De quoi ont-ils peur ? Après tant d'années, ils ne peuvent plus être inquiétés. Alors pourquoi ? A cause de l'histoire de leur pays ? Peut-être, mais ils ne sont pas responsables, eux qui avaient faim !
Comment les comprendre quand ils ne veulent pas raconter leur vie là-bas, leur intégration et, pour la plupart, leur non-retour au pays ?
Ils ont tiré un trait sur leur passé et certains retournent en Italie en touristes !
Ils se lamentent du soleil qu'ils n'ont pas ici, dans le nord de la France, mais ne retourneront pas chez eux. Y a-t-il encore un «chez eux» là-bas ? Oui, si on veut !
Pour ne pas se sentir isolés, ils se regroupent en associations. Mais parler italien s'avère difficile quand tous ne viennent pas de la même région d'Italie. Il y a tellement de dialectes !
Pourtant, ils sont ensemble pour reformer une famille et parler de leur Italie. Il est difficile pour un étranger d'entrer dans l'intimité des Italiens : ils forment des clans très fermés. Leur travail, leurs jeux et leurs distractions se font au sein de la famille.
Du moins était-ce ainsi dans les premières décennies suivant leur arrivée, quand il y avait peu de parenté.
Les première et deuxième générations s'expriment encore dans la langue maternelle. Bien souvent, la suivante abandonne cette langue pour le français.
Que sont devenus tous ces Italiens dont les derniers sont arrivés à la fin des années cinquante ? Ils se sont fondus dans la masse des Français comme la plupart des immigrés de tous les pays, oubliant bien souvent leur première culture. Ils deviennent «français» et, dès lors, l'Italie est un peu une «carte postale» : Vérone avec le balcon de Juliette ou Venise avec le pont des Soupirs.
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