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Extrait :
La tâche de Nietzsche
«Le réformateur nouveau pétrira les hommes comme de l'argile.»
[VP IV 131.)
«C'est à cause de ses enfants qu'il faut que Zarathoustra s'accomplisse lui-même. Car on n'aime du fond du coeur que son enfant et son oeuvre.»
(Z III 3.)
Le philosophe, tel que le veut Nietzsche, n'est pas seulement homme de pensée, mais aussi homme d'action. Il assume «la responsabilité la plus étendue» : il se sent responsable de l'évolution globale de l'humanité (PD 61). Loin de se confiner dans une recherche objective, savante, de caractère purement scientifique, il a pour tâche de créer des valeurs nouvelles qui aideront l'espèce humaine à atteindre un niveau biologique supérieur. Pour établir ces valeurs, il utilisera certes les résultats de la science - surtout de la biologie, puisqu'il s'agit d'élever biologiquement l'homme. Ainsi, il ne se perdra pas dans des rêveries métaphysiques. Mais à l'égard des diverses sciences il se comportera néanmoins en maître et seigneur, cela sans préjudice de sa parfaite loyauté intellectuelle. Ce n'est qu'à travers lui, le créateur, qu'elles prendront un sens et une valeur, c'est-à-dire deviendront utiles à l'évolution de notre espèce. La science pour la science, la connaissance pour la connaissance, c'est là un principe étranger à Nietzsche, de même que l'art pour l'art (VP I 280). Nous aurons maintes fois l'occasion de le constater au cours de cette étude.
Si l'on suit Nietzsche à travers ses métamorphoses, on est frappé par ce constant souci de la grandeur de l'homme et de l'élévation possible de son type : présent dès l'enfance, il est peu à peu devenu le ferment de la réflexion du philosophe. Nietzsche est l'éducateur-né. Jeune garçon, il se sentait responsable de sa soeur cadette : «Mon frère se considérait comme chargé de mon éducation. Il me donnait les livres que je pouvais lire, surveillait mes devoirs de classe et se préoccupait beaucoup de la formation de mon esprit et de mon caractère» (Derjunge N., p. 48). Ses camarades l'avaient surnommé le petit pasteur, à cause de son sérieux précoce. Ils n'osaient en sa présence proférer des mots grossiers ou exprimer des remarques inconvenantes. De bonne heure il développa en lui une volonté forte, qui sût vaincre la souffrance. Comme un élève prétendait impossible l'acte héroïque de Mucius Scaevola, le jeune Frédéric Nietzsche saisit un paquet d'allumettes et à l'ébahissement de ses camarades exposa sa main au feu sans sourciller. Le moniteur s'étant aperçu de la scène accourut pour jeter les allumettes à terre ; elles avaient produit «d'assez profondes blessures» (ib., p. 90). Dès son enfance, Nietzsche tenait pour essentielles la maîtrise de soi et la véracité absolue. Sa soeur nous dit qu'il était très pieux et réfléchissait beaucoup aux problèmes religieux. Surtout il s'efforçait de mettre en accord ses pensées et ses actes, et ne transigeait pas sur les questions d'honneur. Il avait le goût des examens de conscience. Adolescent, il fut envoyé au collège de Pforta, internat établi à la campagne. Il en accepta sans révolte la discipline sévère, qui avait pour but de former des caractères virils et non pas seulement des intelligences brillantes. De même il se pliera volontairement aux exigences plus dures encore de la vie militaire et choisira une arme difficile : l'artillerie montée.
Présentation de l'éditeur :
«Le réformateur nouveau pétrira les hommes comme de l'argile.»
[VP IV 131.)
«C'est à cause de ses enfants qu'il faut que Zarathoustra s'accomplisse lui-même. Car on n'aime du fond du coeur que son enfant et son oeuvre.»
(Z III 3.)
Le philosophe, tel que le veut Nietzsche, n'est pas seulement homme de pensée, mais aussi homme d'action. Il assume «la responsabilité la plus étendue» : il se sent responsable de l'évolution globale de l'humanité (PD 61). Loin de se confiner dans une recherche objective, savante, de caractère purement scientifique, il a pour tâche de créer des valeurs nouvelles qui aideront l'espèce humaine à atteindre un niveau biologique supérieur. Pour établir ces valeurs, il utilisera certes les résultats de la science - surtout de la biologie, puisqu'il s'agit d'élever biologiquement l'homme. Ainsi, il ne se perdra pas dans des rêveries métaphysiques. Mais à l'égard des diverses sciences il se comportera néanmoins en maître et seigneur, cela sans préjudice de sa parfaite loyauté intellectuelle. Ce n'est qu'à travers lui, le créateur, qu'elles prendront un sens et une valeur, c'est-à-dire deviendront utiles à l'évolution de notre espèce. La science pour la science, la connaissance pour la connaissance, c'est là un principe étranger à Nietzsche, de même que l'art pour l'art (VP I 280). Nous aurons maintes fois l'occasion de le constater au cours de cette étude.
Si l'on suit Nietzsche à travers ses métamorphoses, on est frappé par ce constant souci de la grandeur de l'homme et de l'élévation possible de son type : présent dès l'enfance, il est peu à peu devenu le ferment de la réflexion du philosophe. Nietzsche est l'éducateur-né. Jeune garçon, il se sentait responsable de sa soeur cadette : «Mon frère se considérait comme chargé de mon éducation. Il me donnait les livres que je pouvais lire, surveillait mes devoirs de classe et se préoccupait beaucoup de la formation de mon esprit et de mon caractère» (Derjunge N., p. 48). Ses camarades l'avaient surnommé le petit pasteur, à cause de son sérieux précoce. Ils n'osaient en sa présence proférer des mots grossiers ou exprimer des remarques inconvenantes. De bonne heure il développa en lui une volonté forte, qui sût vaincre la souffrance. Comme un élève prétendait impossible l'acte héroïque de Mucius Scaevola, le jeune Frédéric Nietzsche saisit un paquet d'allumettes et à l'ébahissement de ses camarades exposa sa main au feu sans sourciller. Le moniteur s'étant aperçu de la scène accourut pour jeter les allumettes à terre ; elles avaient produit «d'assez profondes blessures» (ib., p. 90). Dès son enfance, Nietzsche tenait pour essentielles la maîtrise de soi et la véracité absolue. Sa soeur nous dit qu'il était très pieux et réfléchissait beaucoup aux problèmes religieux. Surtout il s'efforçait de mettre en accord ses pensées et ses actes, et ne transigeait pas sur les questions d'honneur. Il avait le goût des examens de conscience. Adolescent, il fut envoyé au collège de Pforta, internat établi à la campagne. Il en accepta sans révolte la discipline sévère, qui avait pour but de former des caractères virils et non pas seulement des intelligences brillantes. De même il se pliera volontairement aux exigences plus dures encore de la vie militaire et choisira une arme difficile : l'artillerie montée.
Christophe Baroni
Nietzsche éducateur
De l'homme au Surhomme
Nietzsche éducateur est une mine de renseignements non seulement sur l'un des «trois Grands» qui annoncèrent le vingtième siècle (Nietzsche, Marx et Freud), mais une approche originale des problèmes majeurs de notre temps - en particulier dans le domaine si complexe de l'éducation et de l'instruction, où la lucidité du philosophe allemand aide à dépasser les faux problèmes tels que contrainte/liberté, discipline/ autonomie, respect/ révolte...
Christophe Baroni, dans un style limpide, nous présente avec objectivité les diverses facettes du philosophe, et le lave définitivement du soupçon d'avoir été l'inspirateur de la mégalomanie hitlérienne.
L'auteur montre aussi comment Nietzsche est interprété par la Nouvelle droite française. Et il donne, sous le titre «Des Surhommes de pacotille», des exemples hallucinants de la mégalomanie délirante de sectes sataniques, en Europe et aux États-Unis - sectes où l'on croit pouvoir se réclamer de Nietzsche et où l'on vit volontiers dans un culte nostalgique des SS...
Nietzsche fut au contraire un «bon Européen», précurseur d'une nouvelle Europe enfin délivrée du «nationalisme de bêtes à cornes», des «folies nationales» : il pressentait que «l'Europe veut devenir une».
Nietzsche fut aussi un précurseur de la psychanalyse (Freud se refusait le plaisir de le lire, de peur d'être influencé), un précurseur de la révolution sexuelle de Wilhelm Reich, un précurseur de l'antipsychiatrie et de la non-directivité.
Christophe Baroni est l'auteur d'une vingtaine de livres sur le couple et sur l'éducation, sur la psychologie et la psychothérapie, sur les problèmes de notre temps. À Nietzsche, il a consacré sa thèse de doctorat en sciences pédagogiques et un livre aujourd'hui épuisé : Ce que Nietzsche a vraiment dit (Marabout-Université).
À LIRE ÉGALEMENT
Roger Cousinet. Une pédagogie de la liberté par Louis Raillon
À DÉCOUVRIR
La collection «Pédagogues du monde entier» dirigée par Jean Houssaye : les textes fondamentaux d'Edouard Claparède, John Dewey, Emile Durkheim, Adolphe Ferrière, Friedrich Foerster... ; les anthologies autour des «Nouveaux pédagogues», des «Femmes Pédagogues», etc.
Nietzsche éducateur
De l'homme au Surhomme
Nietzsche éducateur est une mine de renseignements non seulement sur l'un des «trois Grands» qui annoncèrent le vingtième siècle (Nietzsche, Marx et Freud), mais une approche originale des problèmes majeurs de notre temps - en particulier dans le domaine si complexe de l'éducation et de l'instruction, où la lucidité du philosophe allemand aide à dépasser les faux problèmes tels que contrainte/liberté, discipline/ autonomie, respect/ révolte...
Christophe Baroni, dans un style limpide, nous présente avec objectivité les diverses facettes du philosophe, et le lave définitivement du soupçon d'avoir été l'inspirateur de la mégalomanie hitlérienne.
L'auteur montre aussi comment Nietzsche est interprété par la Nouvelle droite française. Et il donne, sous le titre «Des Surhommes de pacotille», des exemples hallucinants de la mégalomanie délirante de sectes sataniques, en Europe et aux États-Unis - sectes où l'on croit pouvoir se réclamer de Nietzsche et où l'on vit volontiers dans un culte nostalgique des SS...
Nietzsche fut au contraire un «bon Européen», précurseur d'une nouvelle Europe enfin délivrée du «nationalisme de bêtes à cornes», des «folies nationales» : il pressentait que «l'Europe veut devenir une».
Nietzsche fut aussi un précurseur de la psychanalyse (Freud se refusait le plaisir de le lire, de peur d'être influencé), un précurseur de la révolution sexuelle de Wilhelm Reich, un précurseur de l'antipsychiatrie et de la non-directivité.
Christophe Baroni est l'auteur d'une vingtaine de livres sur le couple et sur l'éducation, sur la psychologie et la psychothérapie, sur les problèmes de notre temps. À Nietzsche, il a consacré sa thèse de doctorat en sciences pédagogiques et un livre aujourd'hui épuisé : Ce que Nietzsche a vraiment dit (Marabout-Université).
À LIRE ÉGALEMENT
Roger Cousinet. Une pédagogie de la liberté par Louis Raillon
À DÉCOUVRIR
La collection «Pédagogues du monde entier» dirigée par Jean Houssaye : les textes fondamentaux d'Edouard Claparède, John Dewey, Emile Durkheim, Adolphe Ferrière, Friedrich Foerster... ; les anthologies autour des «Nouveaux pédagogues», des «Femmes Pédagogues», etc.
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- ÉditeurFabert
- Date d'édition2008
- ISBN 10 2849220388
- ISBN 13 9782849220382
- ReliureBroché
- Nombre de pages288
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Nietzsche éducateur. De l'homme au surhomme
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FABERT
(2008)
ISBN 10 : 2849220388
ISBN 13 : 9782849220382
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Description du livre Etat : Neuf. N° de réf. du vendeur 9782849220382
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