Extrait :
Extrait de l'introduction
Les arbres sont plus anciens que notre monde humanisé. La formule, aussi évidente soit-elle, n'est pas gratuite puisque nous savons que de multiples espèces végétales nous ont précédés sur terre, avant les grandes glaciations de l'ère quaternaire pendant lesquelles elles ont disparu, en attendant que certaines d'entre elles ne reprennent vie et vigueur sur la surface du globe. L'univers végétal a donc largement préexisté à l'espèce humaine, puisque les arbres découverts à l'état de fossiles remontent à plusieurs centaines de millions d'années. L'homme, on le sait fort bien, est un tout nouveau venu sur terre avec ses quelques milliers de siècles d'existence. Les arbres sont donc les témoins muets de la vie des hommes. Leur histoire et leurs histoires sont aussi les nôtres.
La fascination de l'exotisme
Les échanges du règne végétal, d'un continent à l'autre, ont donné lieu à une des premières grandes mondialisations, bouleversant les paysages européens dont à peine un tiers des arbres sont des espèces endémiques. Pour le reste, un autre tiers des arbres provient d'Amérique et le solde est issu de l'immense domaine asiatique.
L'attrait pour les plantations exotiques est de tout temps. Depuis que les hommes ont créé des jardins, il semble qu'ils se soient préoccupés d'y planter des espèces qui ne leur étaient pas familières, pour leur plaisir ou pour leur prestige. Déjà, en 1495 avant notre ère, la reine égyptienne Hatchepsout demandait à l'un de ses princes de se rendre dans le pays de Punt (la Somalie actuelle) pour en rapporter des arbres à encens. L'expédition, il est vrai peu lointaine, aboutit à la plantation dans le jardin du temple d'Amon à Thèbes de trente et un jeunes balsamiers spécialement transportés dans des paniers d'osier. Ce n'était sans doute pas la technique idéale puisqu'on se préoccupera encore, trente-trois siècles plus tard, du conditionnement des plantes pour leur voyage.
Au cours de notre périple en compagnie des botanistes voyageurs, nous pourrons constater à plusieurs reprises combien les échanges et les dons, à titre bénévole, ont souvent primé sur le privilège des découvertes. Il est probable que les premiers à avoir initié cette expansion de la culture savante furent des moines ; nous savons, par exemple, que ceux de l'abbaye d'Aniane dans l'Hérault échangeaient, au vme siècle, des plantes médicinales avec leurs frères allemands et anglais. Et puis, au-delà de cet aspect utilitariste, dès le haut Moyen Âge, «le concept perse de jardin paradisiaque fermé adopté par les Arabes a gagné l'Europe du Nord par la Sicile puis l'Italie». Et dès lors, la quête d'espèces exotiques n'a jamais cessé d'accompagner le soin apporté aux parcs.
La découverte et l'introduction des arbres qui nous sont à présent familiers n'auraient, bien sûr, pas été possibles sans les travaux des premiers botanistes. Tous furent médecins, naturopathes ou phytothérapeutes avant la lettre, car la médecine a longtemps été indissociable de la connaissance des plantes et de la mise en pratique de leurs vertus. Ce sont, pour s'en tenir succinctement au domaine national, les frères Bauhin (entre 1541 et 1708), auteurs des premières encyclopédies et classifications botaniques ; Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), professeur de botanique et de médecine et grand voyageur ; les frères Jussieu qui définirent les familles de végétaux alors que Linné classifiera les espèces. Citons encore Augustin Pyrame de Candolle (1778-1841), homme d'une influence exceptionnelle, modèle de ces savants qui enseignèrent à la fois la botanique et la médecine. Il exerça à Montpellier puis à Genève et il imposera la méthode de classement de Jussieu, tout en faisant de la Suisse un foyer européen de la recherche.
Présentation de l'éditeur :
Les arbres ont toujours suscité la passion des hommes, et la fascination pour les grands végétaux est vieille comme l'humanité. D'abord furent sacralisés les plus majestueux d'entre eux, puis le goût de la merveille et de l'exotisme donna naissance à maintes vocations de botanistes exceptionnels, savants aventuriers, tout à la fois explorateurs, missionnaires et marins du grand large, parcourant le monde au péril de leur vie pour rapporter en Europe l'eucalyptus de Tasmanie, le pin Douglas d'Amérique du Nord, le lilas de Topkapi, et des centaines d'espèces qui ornent aujourd'hui parcs et jardins...
De l'abricotier au tilleul, au travers de nombreux exemples classés selon un ordre alphabétique, cet ouvrage nous fait découvrir de multiples curiosités : sait-on que le genévrier est à l'origine du savon Cadum ? Que le buis a donné son nom à la boussole ? Que les ormes furent les premiers arbres à jalonner les routes de France ? Et pourquoi l'ombre des noyers passe-t-elle pour être néfaste ? On apprend aussi qu'on a guillotiné, en 1793, pour un simple arrachage d'aubépine dans le Var, que l'on trouve plus de cèdres au pied du mont Ventoux qu'au Liban, et que d'habiles luthiers ont enfin percé le secret des violons Stradivarius...
Entrecroisant histoire, ethnologie et botanique, Olivier de Marliave raconte la captivante saga des arbres, ces vénérables sédentaires, depuis leur découverte, et, pour certains, jusqu'à leur émigration et leur acclimatation dans nos contrées.
Diplômé de l'École Supérieure de Journalisme de Lille, Olivier de Marliave a publié de nombreux ouvrages sur la mythologie et les traditions populaires et, notamment, aux Éditions Imago, Le Monde des eunuques, La Castration à travers les âges (2011, traduit en turc et en polonais).
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.