Présentation de l'éditeur :
«Dans un monde violent, hérissé de murs et creusé de fossés, l'univers de François d'Assise était sans donjon ni muraille. Pauvre de biens et de puissance, il était en paix avec tous, il vivait de plain pied avec les êtres et portait sur chacun d'eux un regard plein de respect... l'oeil était chez lui merveilleusement humain... Son horizon n'était pas la chrétienté temporelle à défendre mais Jésus-Christ à aimer et l'homme à sauver...» Cet «esprit» mena François au-delà des frontières de la chrétienté. En pleine croisade, il part vers l'Orient pour rencontrer ceux qui ne pensaient pas comme lui : une initiative hardie auprès du Sultan, une rencontre qui fera date; en plein conflit, une main tendue à l'ennemi des croisés. Cet esprit d'Assise traverse le livre «Exil et Tendresse» où la passion de Dieu se heurte aux pesanteurs humaines. Au coeur de toutes ces tensions, Eloi Leclerc dépasse le récit des événements pour révéler la force de l'Evangile dans la vie d'un homme et dans les conflits du monde.
Traduit en plusieurs langues et édité à plusieurs reprises, «Exil et tendresse» est une nouvelle édition, revue par l'auteur.
Après l'épreuve de la guerre et de la déportation, Eloi Leclerc, franciscain, enseigne la philosophie puis écrit «Sagesse d'un pauvre» et «Exil et Tendresse». Il a publié ensuite de nombreux ouvrages de spiritualité dans un style limpide et précis.
Extrait :
Atmosphère
«Si tu es pur, le cobra pourra te mordre, tu n'auras pas la fièvre. Mais comment le cobra pourrait-il te mordre si tu es pur ?». Ainsi parle le sage Ramdranath.
Le cobra, dans la pensée du sage, c'est la mauvaise agressivité qui sommeille en chacun de nous, dans les replis de l'inconscient, et qui, soudain, dresse sa tête renflée et sifflante, attaque et mord, déchirant l'unité. C'est la colère de l'homme dont il est écrit au Livre de vie qu'elle ne produit pas la justice de Dieu.
Tel se trouble et s'emporte devant la faute de son frère. Le cobra l'a mordu. Il se croyait pur. Il ignorait seulement ce qui le menait. La source profonde de l'agir était secrètement empoisonnée. Est-ce que les eaux du torrent qui tombe des neiges se troublent ? Elles gardent jusque dans leur bouillonnement l'éclat des cimes.
Il y a un lien secret entre la pureté du coeur et la douceur, entre la clarté des profondeurs et la sérénité, entre la sainteté et la grande forme de la bonté.
Et peut-être la pureté n'est-elle rien d'autre, au fond, que la transparence de l'être à la Bonté originelle.
Un homme, en tout cas, l'a cru. C'était un sage, lui aussi, bien qu'il se souciât peu de le paraître. Il vit la pureté et la tendresse se tenir par la main, et toutes deux former le visage de Dieu.
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