Extrait :
LA FORMATION DU GÉNIE
«Chez lui, pas d'hésitations : il est venu au monde avec la mission de peindre et il peindra, coûte que coûte, sans rien respecter. Par peindre, j'entends s'expliquer par signes, par des moyens plastiques, communiquer ce qu'a enregistré son regard et qui s'est réfléchi dans son cerveau ; la manière défaire compte peu.»
Jaume Sabartès
Yo Picasso (1881-1897)
Remonter à la naissance de Pablo Picasso, à Málaga le 25 octobre 1881, sous le signe du Scorpion, nous conduit dans une Andalousie où l'Espagne que les historiens appellent à présent «de la Restauration» - après le coup d'État «d'une dérisoire facilité» réalisé aux derniers jours de 1874 par le général Martinez Campos qui mit fin à la Première République - se trouve plus enclose en son passé qu'ailleurs. Rafaël Inglada écrit que la crise du phylloxéra depuis 1878, le tremblement de terre du 25 décembre 1884, les inondations, les épidémies qui suivirent ont fait de
Málaga une ville pratiquement dépourvue de tout espoir, alors qu'elle avait été - dans la période 1840-1860 - la deuxième capitale espagnole en productivité après Barcelone.
En outre, si Málaga est désormais reliée par le chemin de fer à Cordoue et de là à Madrid, celui-ci est si lent et peu fiable que la famille Picasso empruntera les voies de mer dans ses déplacements vers La Corogne ou Barcelone.
Premier-né du couple formé par Maria Picasso Lopez et José Ruiz Blasco le 29 décembre 1880, Pablo voit le jour guère plus de neuf mois plus tard, le 25 octobre 1881. Sa mère a vingt-cinq ans, son père quarante-deux et est professeur à l'école des Beaux-Arts. Tout s'est déroulé selon les normes d'un mariage rangé. Ce qui l'est moins, c'est le passé des deux familles qui se trouvent réunies. Rafaël Inglada nous révèle que la mère de Maria, Inès (1831-1902), la grand-mère que Picasso aura tout le temps de connaître, a pour ancêtres des Lopez Robles dont la généalogie était jusque-là inconnue. Or celle-ci évoque une origine marrane de cousinage. Le père d'Inès, Francisco Lopez Lopez (1809-1879) n'avait-il pas pour parents José Lopez Pérez et Anna Lopez Pérez ?
Présentation de l'éditeur :
Savoir tout hausser jusqu'au niveau de l'art. C'est ainsi, comme il me l'a dit la dernière fois que nous nous sommes vus, que Picasso pouvait parvenir «à toucher à quelque chose». Quelque chose qui franchisse le temps. Et il y a déjà comme une mise en garde dans ce qu'il avait ajouté pour Christian Zervos au cours de la grave crise de 1935 : «Ce n'est pas ce que l'artiste fait qui compte, mais ce qu'il est.» La grandeur de Picasso tient à ce qu'il a, jusqu'au bout, été son art.»
Pierre Daix
Par sa connaissance intime de l'homme, de l'oeuvre, Pierre Daix s'est imposé comme le biographe unique et ultime de Picasso. Pour écrire le présent ouvrage, issu de premiers travaux publiés en 1987, il a eu recours à une exploitation renouvelée des archives du peintre : révélations sur son enfance, publication de sources intimes, découvertes insolites, comme cette demande de naturalisation française déposée par Picasso en avril 1940... En relisant la vie d'un génie à la lumière de la destinée de son oeuvre, Pierre Daix livre ici la biographie définitive du peintre. Celle qu'on attendait depuis son Picasso : Life and Art (Thames and Hudson, 1993) ou son Dictionnaire Picasso (Bouquins, 1995).
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