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Extrait :
Extrait de l'avant-propos de Henry TRAMIER Président de l'Association internationale d'étude du corps et de son image et Jean-Pierre ROLL Professeur des universités - Neurosciences Université de Provence/CNRS
Le présent ouvrage fait suite à deux journées de conférences et de débats qui se sont déroulées à l'Alcazar (bibliothèque de Marseille à vocation régionale) en 2007 et 2008. Ces journées ont été organisées dans le cadre des Troisièmes Rencontres internationales sur «Le corps et son image» autour du thème du corps musicien. Elles ont réuni musiciens, chercheurs, médecins et thérapeutes autour de trois thèmes centraux : le corps musicien, le corps malade de la musique, le corps influencé par la musique.
Un tel éclectisme conduit, comme on le verra dans cet ouvrage, à une diversité des approches et par là, à celle des contributions des différents intervenants. Chaque lecteur devrait y trouver l'actualité dans son propre champ d'activité et plus largement une réflexion globale sur les rapports qu'entretiennent le corps, le cerveau et la musique.
L'homme doit à ses sens et à ses capacités d'action son intégration à la nature. L'exceptionnel développement de son néocortex fait qu'il possède d'étonnantes capacités d'innovation et de création et jouit d'un libre-arbitre hors du commun. La connaissance de lui-même, tout comme celle de l'environnement dans lequel il est immergé, est d'abord attachée à un équipement sensoriel sophistiqué qui lui permet de prélever sur son propre corps et sur le monde des informations que son cerveau transformera en représentation et mémorisera. Parmi les sensibilités dont est doté l'homme, c'est l'ouïe qui retiendra ici plus particulièrement notre attention dès lors qu'il s'agit de perception de la musique. Mais sa production mobilisera tout son corps et tous ses sens.
Dès le sein maternel, le foetus se trouve confronté aux bruits de l'organisme de celle qui le porte comme à son environnement immédiat, et il n'y est pas insensible.
Le grand saut dans l'inconnu de l'existence est initié et marqué par le premier cri du nouveau-né qui déploie ses poumons afin de permettre la respiration. Une fois «rompu le cordon», le nouveau-né, venu au monde, fait ses apprentissages et édifie sa personnalité. Ces apprentissages marqués par son bagage anatomophysiologique dont le déterminisme relève de facteurs de nature s'effectue aussi de façon déterminante sous le poids des facteurs culturels. En effet, le dialogue que le cerveau du jeune enfant entretien avec le monde qui l'entoure, ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qu'il fait, l'affection dont il est entouré détermine à la fois la maturation anatomique de son cerveau et les fonctions qu'il assure.
Ainsi la scansion des paroles qui répond à son babil, puis leur musique, non seulement lui délivre un agréable message de confiance, mais contribue aussi à lui fournir un modèle digne d'imitation qui l'aide à progresser sur la route d'une communication intelligible, transformant ainsi peu à peu son gazouillis sans forme en un langage sonore, vecteur de sens. Cela est si vrai que la surdité congénitale constitue un infranchissable obstacle à l'apprentissage de la parole.
Aussi, le langage, modulation sonore porteuse de sens, donne-t-il au locuteur, au-delà de la possibilité de communiquer, la conscience que ces modulations sonores, abstraction faite du sens qu'elles véhiculent, possèdent un rythme et une mélodie non dénués de charme et donc d'intérêt. N'y a-t-il pas là l'embryon d'une démarche musicale ? Car si toute musique est langage, toute parole s'avère mélodie dès lors que l'on n'en possède pas la clé.
On retrouve une approche de même nature dans les traits et signes que peut tracer la main : certains revêtent une signification propre intelligible pour les initiés, mais d'autres non et ne traduisent que la liberté du dessinateur et son plaisir de laisser une empreinte qui séduise l'oeil, sans qu'il soit nécessaire qu'un sens se cache derrière. Ainsi, l'homme est-il capable d'une création désintéressée. Et, dans le domaine du son, il ne lui a pas fallu bien longtemps pour noter que sa gorge n'était point seule à en produire, que la main ou le bâton qui frappe une cavité creuse en fait jaillir une infinité, tout comme l'herbe tendue ou une fine lamelle est susceptible de vibrer bruyamment... C'est ainsi que ces sources d'origines diverses peuvent être produites dans une combinatoire infinie, et s'enrichir les unes les autres pour donner ce que l'on appelle une musique.
Dès lors, apparaîtront les différences qui sont le propre de l'humanité, différences dans la capacité à produire des sons, différences dans l'imagination qui leur donnera vie et différences dans leur perception...
Ne dit-on pas de l'oreille qui sait infailliblement reconnaître l'individualité de chaque son, qu'elle est absolue ? Et cette performance n'est pas le lot de tous. Nature et/ou culture ? La découverte de la musique n'a pas d'emblée conduit les hommes vers le plaisir gratuit et les notions d'art, et d'art pour l'art, qui nous sont familières et dominent en grande partie notre approche du phénomène musical, mais qui n'apparaissent que fort tard dans l'Histoire humaine.
Présentation de l'éditeur :
Le présent ouvrage fait suite à deux journées de conférences et de débats qui se sont déroulées à l'Alcazar (bibliothèque de Marseille à vocation régionale) en 2007 et 2008. Ces journées ont été organisées dans le cadre des Troisièmes Rencontres internationales sur «Le corps et son image» autour du thème du corps musicien. Elles ont réuni musiciens, chercheurs, médecins et thérapeutes autour de trois thèmes centraux : le corps musicien, le corps malade de la musique, le corps influencé par la musique.
Un tel éclectisme conduit, comme on le verra dans cet ouvrage, à une diversité des approches et par là, à celle des contributions des différents intervenants. Chaque lecteur devrait y trouver l'actualité dans son propre champ d'activité et plus largement une réflexion globale sur les rapports qu'entretiennent le corps, le cerveau et la musique.
L'homme doit à ses sens et à ses capacités d'action son intégration à la nature. L'exceptionnel développement de son néocortex fait qu'il possède d'étonnantes capacités d'innovation et de création et jouit d'un libre-arbitre hors du commun. La connaissance de lui-même, tout comme celle de l'environnement dans lequel il est immergé, est d'abord attachée à un équipement sensoriel sophistiqué qui lui permet de prélever sur son propre corps et sur le monde des informations que son cerveau transformera en représentation et mémorisera. Parmi les sensibilités dont est doté l'homme, c'est l'ouïe qui retiendra ici plus particulièrement notre attention dès lors qu'il s'agit de perception de la musique. Mais sa production mobilisera tout son corps et tous ses sens.
Dès le sein maternel, le foetus se trouve confronté aux bruits de l'organisme de celle qui le porte comme à son environnement immédiat, et il n'y est pas insensible.
Le grand saut dans l'inconnu de l'existence est initié et marqué par le premier cri du nouveau-né qui déploie ses poumons afin de permettre la respiration. Une fois «rompu le cordon», le nouveau-né, venu au monde, fait ses apprentissages et édifie sa personnalité. Ces apprentissages marqués par son bagage anatomophysiologique dont le déterminisme relève de facteurs de nature s'effectue aussi de façon déterminante sous le poids des facteurs culturels. En effet, le dialogue que le cerveau du jeune enfant entretien avec le monde qui l'entoure, ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qu'il fait, l'affection dont il est entouré détermine à la fois la maturation anatomique de son cerveau et les fonctions qu'il assure.
Ainsi la scansion des paroles qui répond à son babil, puis leur musique, non seulement lui délivre un agréable message de confiance, mais contribue aussi à lui fournir un modèle digne d'imitation qui l'aide à progresser sur la route d'une communication intelligible, transformant ainsi peu à peu son gazouillis sans forme en un langage sonore, vecteur de sens. Cela est si vrai que la surdité congénitale constitue un infranchissable obstacle à l'apprentissage de la parole.
Aussi, le langage, modulation sonore porteuse de sens, donne-t-il au locuteur, au-delà de la possibilité de communiquer, la conscience que ces modulations sonores, abstraction faite du sens qu'elles véhiculent, possèdent un rythme et une mélodie non dénués de charme et donc d'intérêt. N'y a-t-il pas là l'embryon d'une démarche musicale ? Car si toute musique est langage, toute parole s'avère mélodie dès lors que l'on n'en possède pas la clé.
On retrouve une approche de même nature dans les traits et signes que peut tracer la main : certains revêtent une signification propre intelligible pour les initiés, mais d'autres non et ne traduisent que la liberté du dessinateur et son plaisir de laisser une empreinte qui séduise l'oeil, sans qu'il soit nécessaire qu'un sens se cache derrière. Ainsi, l'homme est-il capable d'une création désintéressée. Et, dans le domaine du son, il ne lui a pas fallu bien longtemps pour noter que sa gorge n'était point seule à en produire, que la main ou le bâton qui frappe une cavité creuse en fait jaillir une infinité, tout comme l'herbe tendue ou une fine lamelle est susceptible de vibrer bruyamment... C'est ainsi que ces sources d'origines diverses peuvent être produites dans une combinatoire infinie, et s'enrichir les unes les autres pour donner ce que l'on appelle une musique.
Dès lors, apparaîtront les différences qui sont le propre de l'humanité, différences dans la capacité à produire des sons, différences dans l'imagination qui leur donnera vie et différences dans leur perception...
Ne dit-on pas de l'oreille qui sait infailliblement reconnaître l'individualité de chaque son, qu'elle est absolue ? Et cette performance n'est pas le lot de tous. Nature et/ou culture ? La découverte de la musique n'a pas d'emblée conduit les hommes vers le plaisir gratuit et les notions d'art, et d'art pour l'art, qui nous sont familières et dominent en grande partie notre approche du phénomène musical, mais qui n'apparaissent que fort tard dans l'Histoire humaine.
Habituellement décrite selon une approche esthétique ou impressionniste, la musique est ici abordée à travers le corps du musicien, les particularités de son cerveau, la qualité de son souffle, l'anatomie de sa main. Comme toute activité, le métier de musicien a ses maladies professionnelles, notamment au niveau de la main dont l'image cérébrale est démesurée et qui souffre parfois au point de nécessiter des interventions chirurgicales. Mais la musique a aussi un effet plus qu'esthétique sur celui qui l'écoute, car elle est perçue par le corps tout entier. La musique et le corps sont indissociables, car c'est lui qui la produit et lui qui la perçoit.
Henry Tramier est chirurgien plasticien à Marseille et président de l'Association internationale d'étude du corps et de son image (AIECI).
Jean-Pierre Roll est professeur à l'université de Provence (Laboratoire de neurobiologie humaine, université de Provence/CNRS).
Confluent des sciences
Alors que les sciences se diversifient et se ramifient, les savoir-faire et savoirs techniques s'enrichissent aux travers d'approches pluridisciplinaires qui font entrer en résonance sciences exactes et sciences humaines.
Henry Tramier est chirurgien plasticien à Marseille et président de l'Association internationale d'étude du corps et de son image (AIECI).
Jean-Pierre Roll est professeur à l'université de Provence (Laboratoire de neurobiologie humaine, université de Provence/CNRS).
Confluent des sciences
Alors que les sciences se diversifient et se ramifient, les savoir-faire et savoirs techniques s'enrichissent aux travers d'approches pluridisciplinaires qui font entrer en résonance sciences exactes et sciences humaines.
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- ÉditeurPU PROVENCE
- Date d'édition2011
- ISBN 10 2853997944
- ISBN 13 9782853997942
- ReliureBroché
- Nombre de pages176
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Corps et la musique
Edité par
PU PROVENCE
(2011)
ISBN 10 : 2853997944
ISBN 13 : 9782853997942
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