Extrait :
Il y a également une exigence d'expérience minimale, sous toutes les formes d'expérience imaginables, allant du stage à l'exécution de tâches réelles. En fait, l'E.M.E. ou Expérience Minimale Exigible constitue une confirmation de compétences et apporte les garanties minimales de savoir faire, de capacité opérationnelle, et d'autonomie relative. Pour être plus précis, nous dirons que l'expérience est cruciale pour les traducteurs présentant un profil de compétences «banal» et d'autant plus cruciale que ce profil est banal - au sens où il se limite à des compétences traductives pures - à l'exception des recrutements effectués par ce que l'on peut appeler les «usines à mots» ou «moulins à mots», où l'important est de produire en quantité sans se préoccuper exagérément de la qualité. Inversement, aucune expérience n'est requise lorsque les profils sont «originaux» au sens où le poste (pour un salarié) ou le contrat (pour un indépendant) requiert une haute technicité de savoirs ou une haute technicité opérationnelle en raison de la technicité et de la complexité des supports ou des produits traités ou des outils mis en oeuvre. Et l'avantage ne réside pas uniquement dans la dispense d'expérience : il est également extrêmement sensible du point de vue des rémunérations. La technicité des savoirs et compétences constitue la clé des marchés de niches et de leurs plus-values.
On aboutit ainsi à une représentation de l'employabilité exprimée en termes de «qualifications», auxquelles s'ajoutent, d'une manière ou d'une autre, des «attestations» diverses. Ces attestations peuvent, comme nous l'évoquions ci-dessus, relever de la preuve par la pratique professionnelle attestée (stages, notamment) ou de formes variées de certification et homologation. Les universités doivent, par conséquent, mettre en place les qualifications qu'elles auront retenues dans la liste proposée ci-dessus, sachant que, de toute évidence, personne ne devrait se sentir autorisé à ne pas les retenir toutes - sauf à se sentir dégagé de toute responsabilité réelle d'assurance d'employabilité. Elles doivent aussi, et en même temps, s'interroger sur les modalités de certification envisageables.
LES COMPÉTENCES
Jusqu'ici, nous nous sommes surtout intéressés aux profils de métiers définis globalement comme des conditions d'employabilité. Ces profils de métiers déterminent les profils de qualification des étudiants en fin de formation universitaire. Ce sont aussi, d'une certaine manière, des profils de compétences ou ensembles dynamiques de compétences. Mais ce sont surtout, pour être rigoureux, des champs d'application de compétences.
Prise individuellement, une compétence donnée se définit comme l'aptitude démontrée à mettre en oeuvre des savoirs (connaissances) et savoir faire pour mener à bien une mission ou effectuer (ou faire effectuer) une (ou plusieurs) opérations dans le cadre de la maîtrise d'une situation professionnelle. En d'autres termes, il y a dans la compétence des savoirs, du savoir faire (par expérience pratique), et du savoir être (comportemental, également acquis par l'expérience pratique) puis, en ce qui nous concerne, du savoir faire faire - tant il est vrai que la maîtrise totale de la compétence ne vient que lorsqu'il s'agit de piloter et orienter sa mise en oeuvre par un tiers. On parlera ainsi de compétence de mise en place de la terminologie nécessaire à l'exécution d'une traduction ou, le cas échéant, d'une prestation de traduction. La compétence répond au schéma ci-après : (...)
Présentation de l'éditeur :
Le présent volume d'actes propose des réflexions sur la formation des traducteurs et, notamment, les place et responsabilité respectives des secteurs professionnels et des universités. Il a pour complément les enregistrements vidéo et les présentations en ligne consultables à http ://www.colloque.net/archives.html
Ont contribué à ces travaux : Y. Gambier, J.R. Ladmiral, D. Gouadec, J.D. Graham, A. Hurtadao, A. Kuznik, A. Melby, D. Kelly, A. Bueno Garcia, C.V. Angelelli, C. Durban, J. Elton, G. Ho, E. Skibinska, I. Koff, M. Décombe, 0. Cherednychenko, A. Soltan, E. Calvo, E.Lavault-Olléon et les représentants des sociétés STAR Gmbh, Lionbridge Technologies, et SDL
Rennes, Université Rennes II, 22 et 23 septembre 2006.
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