Présentation de l'éditeur :
Grâce à Maurice Agulhon, la symbolique a son histoire, tout comme l'histoire a sa traduction symbolique. Maurice Agulhon a prouvé en trois livres magistraux sur l'imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à nos jours, Marianne au combat (1979), Marianne au pouvoir (1989), et enfin en 2001 Les Métamorphoses de Marianne, que l'image symbole de la figure féminine, avec ou sans bonnet phrygien, avec ou sans le nom de Marianne, fait partie de l'histoire générale de la République en France.
Cet ouvrage collectif construit en dialogue avec des spécialistes d'histoire politique, des historiens d'art et des spécialistes des symboles dans d'autres temps et d'autres espaces prolonge et interroge la quête de l'historien sur les relations entre images mentales et images figurées qui migrent d'une nation à une autre et connaissent des mutations de sens au coeur des transferts culturels. L'histoire du «genre» permet de re-visiter l'histoire physique et sexuée des allégories féminines et masculines. Dans notre monde de plus en plus éclaté et divers, où les images sont à la fois plus nombreuses et plus banalisées, quelle place reste-t-il aux symboles politiques et nationaux, entre art, folklore, idéologie, caricature et publicité ? Est-on passé du temps de l'idéologique à celui du médiatique ? Le contraste entre les symboles optimistes choisis par Le Douanier Rousseau en 1907 et le pessimisme engendré par la «starisation» des dernières années nous éclaire sur l'évolution de notre société politique et de ses cultures.
Extrait :
Les chances de Marianne ? Cette question est-elle d'ordre historique ? La minutieuse et savante histoire de notre allégorie civique féminine qu'a donnée Maurice Agulhon ne dispense-t-elle pas de se la poser puisqu'il a apporté l'essentiel des réponses ? Si nous tentons malgré tout cette approche, et sous un angle essentiellement politique, c'est parce que la lecture de cette histoire nous l'a invinciblement suggérée. Par ce terme, les chances de Marianne, on suggère que ce qui a permis à cette figure allégorique de devenir un symbole familier et populaire très largement répandu et apprécié tient, certes à des raisons qui peuvent être esthétiques ou se rapporter à l'histoire concrète du symbole dans son rapport avec le reste de la réalité historique, mais surtout à l'adéquation particulière qui a pu se produire à différents moments entre cette figure et des attentes politiques présentes parmi les Français. On suggère, en somme, que la diffusion et la propagation du symbole ont pu profiter à un moment d'un espace politique privilégié. L'étendue de ce questionnement ne m'est apparue que progressivement, en réfléchissant sur la vaste trilogie de Maurice Agulhon. Au départ, et pour l'exposé présenté au colloque des 13 et 14 février 2004, je n'avais perçu et retenu qu'un seul aspect de ces chances, celui que la configuration du système politique français, en particulier entre 1880 et 1914, avait offert, en laissant un large espace pour la popularisation de la figure de Marianne.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.