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L'oeil de la police : Crimes et châtiments à la Belle Epoque - Couverture rigide

 
9782862275253: L'oeil de la police : Crimes et châtiments à la Belle Epoque
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Extrait :
La fréquentation des revues illustrées de la Belle Époque ressemble à une chasse au trésor, car les documents qu'elle permet de découvrir nous sont parfois aussi inconnus que surprenants. Dans ces années 1880-1914 où l'impressionnisme, le fauvisme, le cubisme bouleversaient notre regard sur la peinture, la presse a été également un espace d'imagination graphique profondément novateur.
Les images que l'on y rencontre doivent néanmoins être appréciées en oubliant préférences politiques, voire codes moraux, et certaines d'entre elles, violentes ou politiquement incorrectes, seraient aujourd'hui refusées par les journaux ou condamnées en justice.

L'intérêt pour les publications françaises de cette période a commencé il y a une trentaine d'années avec l'étude de quelques titres célèbres comme L'Assiette au Beurre, dont les collections avaient été préservées dans les milieux aisés. Mais il reste beaucoup à explorer.
Les revues diffusées principalement dans les classes populaires, et qui ont joué un rôle essentiel dans les mentalités de l'époque, sont en particulier mal connues. Certaines, vendues à des centaines de milliers d'exemplaires - Le Petit Journal Illustré, Le Supplément du Petit Parisien ou Le Pèlerin... - se rencontrent assez facilement de nos jours. D'autres sont devenues très difficiles à localiser, donc à consulter et à étudier. C'est le cas des publications anarchistes, comme Le Père Peinard, ou des revues anticléricales telles que La Calotte ou Les Corbeaux.
Les revues spécialisées dans les faits divers criminels représentent une autre catégorie de ces journaux populaires ayant eu «mauvaise presse» auprès des milieux aisés, qui les lisaient parfois, mais les trouvaient trop vulgaires pour être conservées. L'envolée des récits de crimes dans la presse française est souvent décrite comme une des particularités de la Belle Époque. Pourtant le goût du public pour les assassinats et autres agressions ne s'était jamais démenti tout au long du XIXe, où les publications de la rue, journaux et feuilles volantes, avaient exploité le filon des sensations morbides avec les moyens techniques du moment. Mais, la nouveauté des années 1900 est plutôt à rechercher dans le développement massif de la presse qui connaît alors un âge d'or, favorisé par une liberté nouvelle et presque totale, par l'appétit d'informations de lecteurs de plus en plus instruits et par le rôle croissant des images - presque exclusivement des dessins jusqu'à la Première Guerre mondiale. Cet essor a démultiplié le retentissement des faits divers criminels abondamment décrits dans la plupart des journaux, à l'exception de quelques titres militants, socialistes, révolutionnaires ou royalistes, qui méprisaient ce genre. Désormais, dans beaucoup d'hebdomadaires populaires, tels les suppléments du Petit Journal et du Petit Parisien, les grands dessins de couverture font alterner événements politiques avec catastrophes, accidents spectaculaires ou crimes.

Un nouvel enjeu politique : l'insécurité

A l'intérêt traditionnel du public pour les affaires criminelles, s'ajoute au début du vingtième siècle un fort sentiment d'insécurité. Celui-ci est effectivement très perceptible, amplifié par «la convergence inédite d'une presse de masse et d'une démocratie parlementaire». En effet, c'est à cette époque que la délinquance devient un enjeu politique et électoral tel que nous le connaissons encore aujourd'hui. Les tensions sont alors vives entre le Bloc des Gauches au pouvoir depuis 1902 et l'opposition conservatrice qui reproche au gouvernement son inaction devant la délinquance des bandes d'adolescents ou déjeunes adultes, surnommés les Apaches. Elle dénonce tout à la fois le laxisme des juges accusés de relâcher trop de criminels arrêtés par la police, et le luxe des «prisons quatre étoiles» aux frais de la société. Les adversaires de la séparation des Églises et de l'État voient aussi dans «l'école sans Dieu» et les instituteurs francs-maçons l'origine de la criminalité juvénile.
Présentation de l'éditeur :
La Belle Époque n'était sans doute pas tout à fait l'âge d'or que l'on se plaît à imaginer aujourd'hui. La presse populaire, très dynamique, bénéficiant d'une liberté presque totale, nous renvoie souvent l'image d'une société violente et instable.
Le camp conservateur, à travers ses journaux, se déchaîne contre le bloc des gauches, au pouvoir depuis 1902, l'accusant de laxisme contre les voyous, les fameux «apaches», et les criminels en tout genre. Des journaux spécialisés dans le fait divers crapuleux, illustrés de dessins particulièrement suggestifs, voient le jour. La campagne de presse atteint son paroxysme après 1906, lorsque le président Fallières décide d'utiliser largement son droit de grâce pour les condamnés à mort et lorsque Clemenceau, en 1907, soumet au parlement une loi sur l'abrogation de la peine de mort.
C'est dans ce contexte que paraît, en 1908, le premier numéro de L'Œil de la police, un douze pages, populaire, peu cher, mettant en scène avec un raffinement suspect crimes et faits divers les plus sanglants. Chaque numéro livre son lot de meurtres, d'égorgements, de catastrophes avec le plus grand souci du spectaculaire, toujours à la limite du racolage et du sadisme. Imprimée sur du mauvais papier, cette publication a rarement été conservée. Aucune collection complète n'existe aujourd'hui dans les bibliothèques publiques. Ce livre présente une sélection des dessins de la revue, réalisée à partir de l'intégralité des numéros. Il propose - par la reproduction de pages entières du journal - une vision étonnante de cette Belle Époque, pleine de maris jaloux, de femmes infanticides, de voyous sanguinaires et de catastrophes apocalyptiques.
L'utilisation à des fins politiques et électorales du thème de l'insécurité n'est pas nouvelle, mais on ne peut que s'étonner, aujourd'hui, de la violence de cette exploitation.

Michel Dixmier est enseignant et collectionneur. Passionné par la presse, le dessin satirique et l'affiche politique, il est auteur et coauteur de plusieurs ouvrages notamment La République et l'Eglise, images d'une querelle, paru aux éditions de la Martinière.

Véronique Willemin est diplômée en architecture. Egalement photographe, elle s'intéresse à l'image sous toutes ses formes. Elle a notamment collaboré au Dictionnaire mondial des images, paru aux Editions Nouveau Monde. Aux éditions Alternatives, elle a publié récemment Maisons mobiles et Maisons vivantes dans la collection Anarchitecture.

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  • ÉditeurEditions Alternatives
  • Date d'édition2007
  • ISBN 10 2862275255
  • ISBN 13 9782862275253
  • ReliureRelié
  • Nombre de pages141

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