Présentation de l'éditeur :
En janvier 1963, Fréderick Leboyer rencontre Swâmi Prajnânpad, dans son ashram du Bengale. Il a avec ce sage, alors totalement inconnu, des entretiens presque quotidiens qu'il a la merveilleuse idée d'enregistrer. Ce livre contient vingt quatre entretiens enregistrés en janvier et février 1963.
C'est un document unique sur la rencontre d'un occidental cultivé et d'un maître oriental éclairé. Entre eux le courant passe immédiatement et l'occidental va de découverte en découverte :
Svamiji. Vous devez être attentif. Demandez-vous toujours : «Comment est-ce que je me sens maintenant ?»
Frédérick. Cela veut dire que dès qu'on ressent une émotion, on doit aller la voir, allumer la lumière.
S. Allumer la lumière. Exactement. Voyez la nature de l'émotion. Dès que vous voyez sa nature, l'émotion disparaît. Prenez une chambre. Depuis des milliers d'années l'obscurité s'y trouve enfermée. Ouvrez la porte et craquez une allumette. Où est passée l'obscurité, si ancienne, si profonde ? Où est-elle ? Elle a disparu instantanément avec une seule étincelle !
F. Et l'étincelle, c'est voir ?
S. Oui, l'étincelle, c'est voir. Voir toute l'obscurité des présupposés, des pensées, des hypothèses sans fondement, des traditions et des habitudes...
Comme l'écrit Frédérick Leboyer : «Svâmi Prajnânpad nous dit qu'il n'y a pas trois temps : passé, présent, futur. Il n'y a, nous répète-t-il, que le passé ! Lequel, constamment, en se projetant crée du futur ! Dès l'instant où, sans même en avoir conscience, nous émettons un jugement de valeur, c'est que nous avons laissé le passé se projeter sur le présent. Or si nous restons neutres, nous sommes dans la Vérité.»
Un document fondamental pour comprendre la portée de l'enseignement de ce maître exceptionnel.
Extrait :
Soyez entier dans l'action
F. Après notre entretien d'hier, je me suis senti si heureux que j'ai laissé les choses se dérouler d'elles-mêmes. Je ne peux m'empêcher de remarquer que ces dernières années, j'ai été loin de m'abandonner à ce qui arrive. Je voulais m'occuper de tout, prendre la responsabilité de tout.
S. Oui.
F. Quand j'étais enfant, j'ai toujours été religieux. Très jeune, j'ai commencé à prier et je m'y suis toujours tenu. Je croyais fermement en Dieu. Je n'allais pas à l'église ou à la synagogue, parce que les formes extérieures ne m'ont jamais paru importantes. Je pensais que ce qui était à l'intérieur était beaucoup plus important. Quand j'étais jeune, je m'abandonnais facilement : «Que Ta volonté soit faite».
A la fin de la guerre, après avoir vu tous les camps de concentration, toutes les atrocités des nazis et tant de misères autour, cela m'est devenu très difficile de croire en Dieu.
Néanmoins, j'ai toujours essayé de mener une vie juste. Je veux dire par là que je n'ai pas profité de ces circonstances pour dire «Dieu n'existe pas» et avoir une moralité laxiste. Je sentais que c'était comme être propre. Être propre est un plaisir en lui-même. Agir selon une certaine loi naturelle intérieure comporte en soi sa propre récompense.
Maintenant, j'en arrive à un certain sentiment ou une certaine intuition, non pas que Dieu existe, mais que je peux accepter de me soumettre à l'ordre des choses. J'en sens même d'une certaine façon la nécessité.
Je dois vous raconter comment je suis arrivé dans ce pays. J'ai rencontré il y a quelques années un homme qui est devenu mon meilleur ami et qui s'est comporté comme mon gourou d'une certaine façon, bien qu'il fût français. Il venait tous les ans en Inde et c'était un disciple très proche de Gurdjieff.
Cet homme, Robert Godet, était vraiment une personnalité exceptionnelle avec une force, un pouvoir et une vitalité étonnants. Il est devenu mon meilleur ami mais il ne m'a, en fait, jamais rien dit. Je l'ai beaucoup fréquenté. Je l'aimais beaucoup. J'ai mis au monde son enfant.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.