Neufs Nuits - Couverture souple

Carvalho, Bernardo

3,56

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Couverture souple

ISBN 10 : 2864248840 ISBN 13 : 9782864248842

Editeur : METAILIE, 2012

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Revue de presse :

Chez Bernardo Carvalho, la r�alit� ne d�passe pas la fiction. Ni l'inverse. Sans doute cet �crivain br�silien de 45 ans, dont Neuf Nuits est le quatri�me roman traduit, a-t-il appris de son exp�rience de correspondant � Paris et � New York que l'imaginaire et le r�el, l'�v�nement et la fable ne cessent de dialoguer ensemble depuis la nuit des temps. Et que pour tenter de comprendre l'un - le fait r�el -, on peut avoir recours � l'autre - le roman -, qui, port� � son excellence, est un art du mentir vrai.

Ainsi en est-il dans Neuf Nuits, qu�te et enqu�te de Carvalho sur le suicide de Buell Quain, un jeune anthropologue nord-am�ricain de 27 ans qui mit fin � ses jours en ao�t 1939, lors de son s�jour d'�tude chez les Indiens Kraho, en Amazonie.

Pourquoi cette mort violente et inattendue ?... Bernardo Carvalho tisse ensemble tous les fils d�couverts au cours de son exploration. Fils du r�el que le journaliste enqu�teur parvient � nouer en cherchant et trouvant des traces et des preuves... Fils plus subtils, plus fragiles tir�s de confidences et de t�moignages avec leur part d'erreur et de mensonge. Mais le tissu du r�cit serait bien l�che et trou� sans la trame fine et forte de sa r�verie, de son angoisse, de son intuition, de son exp�rience personnelle. Carvalho ne peint pas son propre coeur en l'attribuant � un autre, mais il va jusqu'au bout de sa propre qu�te. Et l�, au fond de ce malaise ancien o� se m�lent son histoire personnelle, celle de Quain, celle de cette discipline trouble qu'est la recherche anthropologique de terrain, il laisse sourdre une voix anonyme, les confidences �crites d'un improbable et merveilleux t�moin qui raconte la fin d'un homme et la fin d'un monde... (Mich�le Gazier - T�l�rama du 24 ao�t 2005)

... Neuf nuits danse sur les cendres vivaces de l'enfance et des anc�tres de l'auteur, sur leur exp�rience intime de l'Amazone... On y trouve des th�mes et des mani�res de conter propres � Carvalho : une qu�te dans laquelle les personnages et le r�cit s'enferrent ; une narration gigogne, o� chaque recherche ouvre sur des d�couvertes et de nouveaux personnages qui n'annoncent rien, sinon des pressentiments et de nouvelles recherches ; une mani�re � la fois enfantine et intellectuelle de s'enchanter par la construction des myst�res qui l'angoissent, d'autant plus qu'ils ne seront jamais �claircis ; enfin, une m�lancolie face � la destruction de plus en plus rapide du monde par les hommes.

Neuf nuits pourrait s'intituler Amazonia, tant on y est, ou Tristes tropiques, si le titre n'�tait d�j� pris. Tout est magique, m�andreux, hostile, et pourtant comique. Comme Aguirre, le lecteur remonte l'histoire en radeau, � la recherche d'un El Dorado qui n'existe que parce qu'on le cherche ; c'est suffisant pour aller au bout du monde � et du livre... Le point de d�part (et finalement d'arriv�e) du livre, son fil rouge, est le suicide r�el dans la for�t amazonienne, le 2 ao�t 1939, de l'anthropologue am�ricain Buell Quain... Quand il se taillade les veines devant ses guides indiens effar�s puis se pend, Quain a 27 ans... La mort de Quain obs�de le narrateur. Lui aussi cherche � comprendre pourquoi il s'est tu�, et d'une fa�on si sauvage. Il rencontre des anthropologues, recherche la famille du mort, parvient � lire certaines des sept lettres qu'il a �crites avant d'en finir, croit comprendre que la raison de sa mort est expliqu�e dans une huiti�me, myst�rieuse, qu'il ne trouvera pas... Le sens de cette qu�te est tout simplement qu'elle doit avoir lieu. Organis�e autour d'un personnage manquant (Quain) et d'un espace menac� (la for�t amazonienne), elle est l'occasion de souvenirs, de sensations, d'histoires, de r�ves... (Philippe Lan�on - Lib�ration du 15 septembre 2005)

Sur la couverture de Neuf nuits, un petit gar�on blanc, bien peign� et vaguement intimid�, tient la main d'un gigantesque Indien v�tu d'un pagne et de quelques bijoux. Le gamin n'est autre que Bernardo Carvalho, photographi� lors d'un s�jour chez les Indiens Kraho, en Amazonie. Ce clich� en noir et blanc est d�j� une invitation au voyage, une fa�on d'indiquer que, dans ce livre, tout peut �tre vrai puisque Bernardo �tait l�, avec son air emprunt� et ses six ans tout juste f�t�s. Le r�cit commence par le suicide d'un anthropologue. Il venait de recevoir une lettre. Est-ce la raison de sa mort ? Le romancier veut d�nouer les fils de ce fait divers et commence une enqu�te. Il y trouvera ses propres souvenirs, la trace de son p�re, des lettres qui disent la solitude des hommes et leur d�sarroi devant l'amour et la mort... Depuis ses premiers textes, l'�crivain br�silien cherche � m�ler r�ve et r�alit�, fantasmes et m�moire... Neuf nuits retrouve cette construction faite de glissements permanents et s'apparente � l'autobiographie sans la nommer... (Christine Ferniot - Lire, d’octobre 2005)

Roman � la lecture ensorcelante, Neuf nuits est un g�nial montage, m�lant la fiction, l'archive, l'histoire, l'ethnologie, le reportage. La photo de couverture de l'�dition fran�aise, o� l'on voit le jeune Bernardo Carvalho, 6 ans, donner la main � un robuste indien du Xingu - prononcez �Chinegou� -, est un document priv�.
Elle accompagne quelques autres souvenirs personnels, o� l'auteur �voque son p�re, la visite qu'ils firent de Brasilia, leurs vacances en Amazonie... /...M�l� � cette mati�re autobiographique, le souvenir de Buell Quain, un anthropologue am�ricain qui s'est suicid� en ao�t 1939 au cours d'un s�jour chez les indiens Krah�, fournit le v�ritable mobile du livre. Que s'est-il pass� pour que ce brillant �l�ve de Ruth Benedict, papesse de l'�cole am�ricaine d'anthropologie � l'universit� de Columbia, en soit arriv� � se tuer ? Quels ressentiments, quels �checs, quelles frustrations, quel encha�nement de d�pits ?

Par un subtile jeu de mise en abyme, Bernardo Carvalho, journaliste � la Folha de Sao Paulo pour laquelle il fut correspondant � Paris et New York, mais surtout �crivain confirm� dont c'est le cinqui�me livre traduit en fran�ais, se raconte enqu�tant pour �crire son roman... (S�bastien Lapaque - Le Figaro du 1er d�cembre 2005)

�Carvalho, comme Buell Quain, a lui-m�me go�t� aux affres de la for�t dans son enfance br�silienne. Le r�cit de sa propre vie, jalonn� d'exp�ditions men�es par son p�re, propri�taire agricole et pilote excentrique, contamine l'enqu�te et le rapproche un peu plus de Quain, ce fant�me qui le pers�cute tel Le Horla de Maupassant. "Le r�ve des uns est la r�alit� des autres. On peut en dire de m�me des cauchemars" : en �cho aux plus sombres r�cits de noirceur r�aliste, Carvalho glisse, vogue entre terre ferme et coeur des t�n�bres, dans la lign�e de Conrad ou de Blaise Cendrars. Enqu�te d�rivant vers l'introspection fun�bre, le r�cit manie avec malice l'opacit� des preuves, la langue cach�e des t�moignages et les pouvoirs de la visibilit� ("Les yeux sont incapables de voir"). On n'en attendait pas moins de la part du trilingue Carvalho, auteur de Mongolia en 2004, un roman nourri au grain de la solitude et des grands espaces. Au Br�sil, deux prix litt�raires, le prix Machado de Assis et le prix Jabuti, ont r�compens� ce nouveau roman...� (Morgan Boedec - Vu sur chronicart.com en janvier 2006)

Extrait :

1. Ceci est pour quand vous viendrez. Il faut �tre pr�t. Quelqu'un devra vous pr�venir. Vous allez entrer sur une terre o� la v�rit� et le mensonge n'ont plus les significations qui vous ont amen� jusqu'ici. Demandez aux Indiens. Posez-leur n'importe quelle question. La premi�re qui vous traversera l'esprit. Et demain, en vous r�veillant, redemandez la m�me chose. Et recommencez apr�s-demain. Posez toujours la m�me question. Et chaque jour vous recevrez une r�ponse diff�rente. La v�rit� est perdue au milieu de toutes les contradictions et les incoh�rences. Quand vous viendrez chercher ce que le pass� a enfoui, sachez que vous serez aux portes d'une terre o� la m�moire ne peut �tre exhum�e car le secret, qui est le seul bien qu'on emporte dans la tombe, est aussi le seul h�ritage qu'on laisse � ceux qui restent et qui, comme vous et moi, sont en qu�te d'un sens, ne serait-ce que parce qu'ils flairent un myst�re et qu'ils finissent par mourir de curiosit�. Vous viendrez en vous appuyant sur des faits qui jusqu'alors vous auront paru irr�futables. � savoir que l'anthropologue am�ricain Buell Quain, mon ami, est mort dans la nuit du 2 ao�t 1939 � l'�ge de vingt-sept ans. Qu'il s'est tu� sans explication apparente, dans un geste intempestif et d'une violence effarante. Qu'il s'est maltrait�, malgr� les supplications des deux Indiens qui l'accompagnaient lors de son dernier voyage de retour, du village � Carolina, et qui se sont enfuis, �pouvant�s par l'horreur et le sang. Qu'il s'est taillad� et pendu. Qu'il a laiss� des lettres impressionnantes, mais qui n'expliquent rien. Qu'il a �t� qualifi� de malheureux et d'insens� dans des rapports que j'ai eu le malheur d'aider � r�diger pour �viter une enqu�te.

J'ai pass� des ann�es � vous attendre, qui que vous soyez, me reposant uniquement sur ce que j'�tais seul � savoir, mais d�sormais je ne peux plus compter sur la chance ni laisser dispara�tre avec moi ce que j'ai confi� � ma m�moire. Je ne peux pas non plus livrer � des mains �trang�res ce qui vous appartient et que j'ai enferm� � double tour en vous attendant pendant toutes ces ann�es de tristesse et de d�sillusion. Pardonnez-moi. Je ne peux courir aucun risque. Je ne suis plus en �tat de d�fier la mort. Je n'ai plus l'�ge. Demain, je prendrai le bac pour rentrer � Carolina. Mais auparavant je laisse ce testament pour le jour o� vous viendrez et o� vous vous trouverez face � l'incertitude la plus absolue.

Les informations fournies dans la section � A propos du livre � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.