Rousseau: Une philosophie de l'âme (0000) - Couverture souple

Paul Audi

Couverture souple

ISBN 10 : 2864325225 ISBN 13 : 9782864325222

Editeur : VERDIER, 2008

A propos du livre

Extrait :

Extrait de l'introduction :

La véritable philosophie

Dans le champ souvent mal arpenté de l'éthique, quiconque règle son pas sur le pas de Jean-Jacques Rousseau ne tardera pas à comprendre qu'«il y a bien de la différence entre la culture qui orne l'esprit et celle qui nourrit l'âme». Il apprendra également, et tout aussi rapidement, à s'éveiller aux pièges de la «distinction» sociale et à comprendre toute l'importance qu'il y a, pour un être épris de liberté, à se dégager de l'emprise de son amour-propre ainsi qu'à témoigner, ne serait-ce que par ce biais, de l'existence de sa «force d'âme».
Exercer un comportement de cette nature suppose néanmoins une première condition : il est requis de s'attacher à «sauver» non pas les phénomènes bien entendu - l'enjeu de la philosophie n'est pas celui de la science -, mais leur «comment» le plus radical, c'est-à-dire leur modalité originelle de manifestation, celle-là même que Rousseau, d'une façon qui lui est propre et qui ne ressemble à aucune autre, a cru bon de qualifier de naturelle.
Kant ne manquera pas de le formuler bientôt : il faut toujours que la métaphysique vienne en premier lieu, car sans elle il ne peut y avoir en aucune façon de philosophie morale. Et pourtant, avant même que la métaphysique (en tant qu'interrogation sur ce qui est vraiment, sur ce qui mérite le nom d'être) dise son fait, ne faut-il pas que la phénoménologie intervienne tout d'abord ? Telle aura été à l'aube du vingtième siècle la grande leçon d'Edmund Husserl, l'inventeur de la méthode phénoménologique. Si bien que de cette leçon husserlienne il serait bon que nous retenions d'entrée de jeu qu'il n'y a lieu de parler d'être «que parce que [tout d'abord] l'apparaître apparaît et pour autant qu'il le fait». C'est-à-dire, comme l'explique cette fois Michel Henry, que «l'identité de l'apparaître et de l'être se résout dans la fondation du second par le premier», et cela dans la mesure où «son essence, ce qui lui permet d'être, l'être la trouve seulement dans l'apparaître qui a déployé sa propre essence à lui, l'essence de l'apparaître qui consiste dans le fait d'apparaître effectivement». Autrement dit, avant que l'être se manifeste dans sa vérité et pour que l'être se manifeste de la sorte, il est chaque fois nécessaire qu'apparaisse l'apparaître lui-même et comme tel. Or cette fondation que l'on peut - que l'on doit - qualifier d'originaire, ce tout premier «commencement» est justement ce à quoi Jean-Jacques Rousseau aura été particulièrement attentif, puisque dans son langage à lui l'apparaître comme tel, l'apparaître à la fois initial et primordial, celui dont toute manifestation possible dépend pour se manifester, a reçu le nom, certes équivoque et déjà si lourdement connoté, de «nature». Uniquement dans la philosophie de Rousseau le terme communément employé de «nature» désigne la dimension d'origine de toute manifestation possible. Autant dire que par son concept ce nom se réfère à un Commencement qui, lui, n'est pas à entendre historiquement mais (et il faut le dire même si le mot ni la notion n'existaient pas encore du temps de Rousseau) de façon authentiquement phénoménologique, comme un certain type de «présence».

Présentation de l'éditeur :

Pour construire son éthique, Jean-Jacques Rousseau ne s'est pas posé la question de Spinoza : «Que peut un corps ?» ; il s'est demandé : Que veut une âme ? Cette question nous introduit au coeur de ce qu'il a lui-même appelé «la véritable philosophie» - une éthique qui préconise que pour jouir en toute liberté du «plaisir d'exister» il faut éviter de se mettre en contradiction avec soi-même.
Ce livre s'efforce ainsi de montrer que sous le titre de «philosophie de l'âme» Rousseau a poursuivi une méditation passionnante et passionnée de la vie au cours de laquelle il s'est interrogé sur son essence intime, son pouvoir et son lieu de manifestation, sa possible corruption, ses fins dernières. Il explique notamment comment cette recherche, pour laquelle Rousseau eut à subir une solitude tragique, a conduit celui-ci à découvrir que l'amour de soi est le premier principe de l'âme, que la vertu est la force et la vigueur de l'âme, que le sentiment de la Nature est une intensification du sentiment de l'existence ; enfin, et c'est peut-être cela qui lui fut le plus reproché, qu'en dépit de toutes les horreurs dont la société est à la fois la cause et le théâtre, la vie (qui répond ici au nom de «nature») est un «système où tout est bien».

Paul Audi est l'auteur de nombreux ouvrages qui traitent pour la plupart des relations entre l'éthique et l'esthétique.

Inédit.

À propos de cette édition

• Éditeur: VERDIER
• Date d'édition: 2008
• ISBN 10: 2864325225
• ISBN 13: 9782864325222
• Reliure: Poche
• Nombre de pages: 444