Anatole France et le nationalisme litt�raire: Scepticisme et tradition - Couverture souple

M�tayer, Guillaume

9782866457426: Anatole France et le nationalisme litt�raire: Scepticisme et tradition

Couverture souple

ISBN 10 : 2866457420 ISBN 13 : 9782866457426

Editeur : Editions du F�lin, 2011

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in-8, broch�, 249 pp., index, bibliographie. Tr�s bon �tat.

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Extrait :

Extrait de l'introduction

Ce livre s'enracine d'abord dans une curiosit�.
Partout, chez les bouquinistes, ou dans les greniers familiaux, je voyais des livres d'Anatole France, aux titres plus �nigmatiques les uns que les autres. Pas un seul de nos professeurs ne nous avait parl� des Dieux ont soif ou de L'Histoire contemporaine, encore moins de la R�tisserie de la Reine P�dauque ou des Opinions de J�r�me Coignard.
La figure d'Anatole France l�gu�e par les historiens ne pr�sente rien non plus de bien distinctif parmi les autres P�res Fondateurs de la R�publique qui ont une avenue dans chaque commune de France. Anatole France, - c'est peut-�tre un effet de son go�t buissonnier de l'ind�pendance - n'a plus sa place dans notre panth�on.
Dilettante avant tout, il n'eut pas, comme Zola, l'opini�tret� de la th�orie et de la saga. Engag� en faveur de Dreyfus, il n'a pas �crit �J'accuse...�, ni provoqu� de proc�s retentissant. Sa m�moire n'a pas non plus la chance d'�tre maudite. Il ne s'est pas oppos� � la R�publique au nom des �quarante rois, qui, en mille ans, firent la France�. Il n'a pas le charme sulfureux des anges d�chus de l'histoire. Si son nom tra�ne ici ou l�, c'est comme celui d'un invit� oblig�, nul ne sait plus pourquoi, sur le plan de table d'un d�ner officiel.
L'histoire litt�raire a horreur du vide. Quand elle ne conna�t pas, elle devine, invente, volontiers substitue. L'imagination dessine, dans cette niche vide de l'hagiographie nationale, une figure redondante de l'histoire de la IIIe R�publique, une statue barbue dont ni le nom ni le visage n'�voquent plus rien, ou presque, � personne. C'�tait sans doute, cet Anatole France, un �crivain m�diocre pour cause de �bons sentiments� r�publicains, aussi louables qu'ennuyeux, dont chacun sait depuis Gide qu'ils ne font pas la �bonne litt�rature�, tant l'enfer des �crivains est pav� d'opinions correctes. La R�publique a beau �tre, de l'avis de tous aujourd'hui, le meilleur des r�gimes, quelque chose d'aristocratique dans l'ego litt�raire des Fran�ais leur inspire toujours un peu de m�pris pour les auteurs qui ont condescendu � la fonder ou simplement � la d�fendre.
Anatole France, pourtant, �tait all� plus loin. Il �tait devenu, � la fin de sa vie, socialiste. M�me dans cette lumi�re rouge, ses traits n'apparaissent pas suffisamment distinctifs, ses couleurs pas assez criardes. On ne le voit pas - et pour cause - aux c�t�s de Louise Michel dans cette Commune qu'il d�testa. Son visage p�lit par contraste, � c�t� du grand Jaur�s, tribun de la pl�be et martyr de la paix, frapp� en pleine action et en plein jour, par un Ravaillac cocardier, � la veille de la mobilisation g�n�rale et de la catastrophe mondiale. Il n'avait pas l'originalit� ambigu� et profonde d'un P�guy, socialiste dans la thurne �Utopie� et patriote d�vot immortalis� par la mitraille. La pens�e de France s'efface aussi, falote, � c�t� des pr�dictions logiques d'un L�nine ; il n'a pas, comme Blum, aper�u, de Tours, le Goulag. En un mot, Anatole France n'a pas davantage de place assign�e ni de visage reconnaissable, malgr� son engagement final, dans l'�pop�e socialiste que dans la l�gende r�publicaine.

Pr�sentation de l'�diteur :

Cet ouvrage est une enqu�te sur un point aveugle de notre histoire litt�raire, Anatole France, prix Nobel de litt�rature presque tomb� dans l'oubli.

Avant d'�tre l'une des plus grandes voix du dreyfusisme et un compagnon de route du socialisme, France a surtout �t� consid�r� comme l'�crivain fran�ais par excellence, capable de cristalliser et de fixer dans la litt�rature le prestige de la Nation, au long des d�cennies de doute culturel qui ont suivi la d�faite de 1870.

La r�ception enthousiaste d'Anatole France dans la mouvance du nationalisme fran�ais, Barr�s et Maurras en t�te, le confirme. Des tendances nostalgiques, une �criture et des id�es n�o-classiques, une posture sceptique face aux exc�s de la R�volution fran�aise donnent l'image d'un �crivain sinon de la tradition, du moins de l'��volution�, � distance du mythe r�volutionnaire.

France appara�t alors comme une sorte de �lieu de m�moire� vivant, capable de concentrer en lui nombre de �lieux de m�moire� nationaux (�la conversation�, �la coupole�, �la visite au ma�tre�...). Il s'impose comme la figure transitionnelle d'une France inqui�te, en qu�te de p�rennit� symbolique et le miroir litt�raire d'une IIIe R�publique avide de l�gitimit� historique.

Cet ouvrage, qui s'appuie sur une �tude circonstanci�e de la r�ception d'Anatole France dans te courant nationaliste, se veut aussi un parcours critique d'une oeuvre qui marque un moment charni�re dans les aventures de l'humanisme � la fran�aise.

Guillaume M�tayer, ancien �l�ve de l'�cole normale sup�rieure, agr�g� de lettres classiques, est chercheur au Centre d'�tude de la Langue et de la Litt�rature fran�aises des XVIIe et XVIIIe si�cles (CNRS, Paris IV). Il est �galement traducteur litt�raire du hongrois.

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