Extrait :
Extrait de l'introduction :
Arago mettait en circulation plus d'idées à lui seul qu'une génération tout entière.
Léon Foucault, 1853
De nombreuses artères et places en France portent le nom d'Arago, et l'on trouve aussi des monuments qui lui sont dédiés à Paris, à Perpignan et à Estagel, sa ville natale des Pyrénées-Orientales. L'École polytechnique a donné son nom à un amphithéâtre, et l'on trouve également le nom d'Arago au fronton de plusieurs lycées et du laboratoire de biologie marine de Banyuls. Mais si l'on demande autour de soi qui était Arago, on n'obtient généralement que des réponses embarrassées. Certains physiciens s'en souviennent comme d'un collaborateur de Fresnel ; d'autres personnes férues d'histoire citent sa participation au gouvernement éphémère qui suivit la Révolution de 1848. Mais personne ne sait qu'Arago était avant tout astronome.
C'est qu'Arago n'a pas eu de chance avec l'Histoire. L'homme politique est connu des historiens, mais son importance a souvent été sous-estimée, et le scientifique a été bien oublié. Et pourtant, le «grand Arago» était sans doute le savant français le plus connu à son époque, aussi bien en France qu'à l'étranger. Ses contributions à la science sont d'ailleurs loin d'être négligeables, et il a joué un rôle éminent pour promouvoir la science et ses applications. Arago est un cas rare de grand savant qui fut aussi un homme politique de premier plan : c'est ce qui a nui à sa réputation posthume, car les deux aspects du personnage se sont éclipsés l'un l'autre. D'autres savants ont fait de la politique pendant la Révolution française et le Premier Empire, comme Jean Sylvain Bailly, le premier maire de Paris, ou Marie Jean Condorcet, ou enfin Joseph Fourier qui fut préfet de l'Isère, mais aucun n'a eu l'envergure et l'impact d'Arago dans les deux domaines à la fois. Le seul que l'on puisse peut-être lui comparer, du XVIIe siècle à nos jours, est Benjamin Franklin. Bien sûr, des savants éminents ont aussi été ministres de la Recherche scientifique, mais cela faisait en quelque sorte partie de leurs attributions normales.
Arago était doté d'une immense culture scientifique et d'une grande curiosité intellectuelle. Ses centres d'intérêt furent très variés : il explora l'astronomie, la géophysique, la météorologie, et bien sûr la physique dans les domaines naissants de la thermodynamique, de l'optique, de la photographie et de l'électromagnétisme. Il était alors encore possible à un seul esprit de couvrir l'ensemble de la science, et les chercheurs de l'époque étaient souvent peu spécialisés. Très généreux, Arago ne chercha jamais à profiter de sa notoriété et de sa position dominante dans la science française pour faire sa propre publicité. Bien au contraire, quand il collaborait avec d'autres savants comme Augustin Fresnel ou André Marie Ampère, qu'il aidait à faire connaître, il leur laissait toute la gloire même si sa contribution était importante. C'est une autre raison pour laquelle il a été quelque peu oublié. Le physicien Charles Fabry en dit :
«Ce fut une belle et généreuse intelligence, capable de tout comprendre et de s'intéresser à tout, d'une activité dévorante, ardent dans ses amitiés comme dans ses antipathies, prêt à défendre ses amis dans toutes les circonstances, et toujours prêt à pourfendre ses ennemis. Remarquable professeur, vulgarisateur de tout premier ordre, grand orateur, il eut une influence énorme sur tous les auditoires qu'il aborda. [...] Il sut conserver une grande influence sous tous les régimes, même sous ceux qu'il n'aimait pas, et cela, non pas en les flattant, mais parce qu'on jugeait plus prudent de ne pas l'avoir comme adversaire déclaré.»
Présentation de l'éditeur :
François Arago est une figure dominante de la science française de la première moitié du XIXe siècle. Il a mis à profit son influence considérable pour aider Fresnel, Ampère et d'autres à développer et faire connaître leurs idées ; son apport personnel à la physique, à l'astronomie et à la géodésie est loin d'être négligeable. Il fut aussi un vulgarisateur hors pair et un promoteur de la science et de la technique. Un des derniers humanistes, Arago s'est intéressé à tout : c'est l'occasion pour l'auteur de décrire les progrès extraordinaires accomplis à cette grande époque de la science française, qui a vu naître l'optique physique, l'électromagnétisme et la thermodynamique ; c'est aussi l'époque de la révolution industrielle, qui a inventé la photographie, le moteur à explosion, le moteur et le télégraphe électriques...
James Lequeux, astronome à l'Observatoire de Paris, travaille, après une longue carrière de recherche et d'édition scientifique, à l'histoire de l'astronomie et de la physique. Il est l'auteur de «L'Univers dévoilé» (EDP Sciences, 2005), une histoire de l'astronomie de 1910 à nos jours, et a été commissaire de trois grandes expositions à l'Observatoire de Paris, dont l'une était consacrée à «François Arago et l'Observatoire de Paris».
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