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Extrait :
Extrait de l'introduction
Georges Simenon est un personnage fascinant, qui a beaucoup travaillé à donner de lui-même une certaine image, pour se protéger sans doute plus encore que pour se faire connaître. En sorte qu'il est passionnant de se livrer au décryptage de ses dits et de ses non-dits.
On peut aussi tenter de l'aborder autrement, par le biais de la fiction. Telle est la tentative qui va suivre, et qui s'appuie exclusivement sur la lecture des romans, qu'on y trouve ou non la figure célèbre de Maigret. Sans aller jusqu'à dire que l'oeuvre dément souvent les propos autobiographiques, on a le sentiment qu'elle dit autre chose de plus profond, et qu'elle permet de détourner toute volonté de dissimulation. Elle révèle le grand écrivain qu'est Simenon, et donne accès à l'une de ces «comédies humaines» dont la littérature fournit quelques exemples célèbres, mieux reconnus que le sien. Qui peut se flatter de l'avoir lu à l'école ou même à l'université ? Et pourtant, il a tant de lecteurs passionnés qu'il faut bien se demander pourquoi.
La réponse naïve à cette question rattache le plaisir de lire son oeuvre au naturel avec lequel Simenon écrit, comme s'il n'y avait pas d'écart entre l'art et la réalité. Ce qui, dans un langage à peine plus élaboré, pourrait vouloir dire qu'on lui sait gré d'être un écrivain réaliste. Quitte à reconnaître aussitôt que le réalisme n'est qu'une des formes de l'art d'écrire, que ce soit chez Balzac ou Maupassant, et qu'elle n'amène pas moins que d'autres à s'interroger sur la manière dont l'écrivain s'y prend.
Parler de Simenon romancier, c'est inévitablement se demander en quoi et pourquoi il est un écrivain «réaliste». Comment donne-t-il à ce point l'impression qu'il plonge son lecteur dans un monde aussi vrai que le vrai, et de la même sorte de vérité ? On voit bien que toutes ces formules n'ont pas de signification, qu'elles n'expliquent rien ; et qu'il ne faut surtout pas s'imaginer que tout est simple parce que les écrits de cet auteur paraissent faciles d'accès. Simenon est un malin, du genre qui cache son jeu, et qui cherche à rendre son art invisible plutôt qu'à le revendiquer.
Présentation de l'éditeur :
Georges Simenon est un personnage fascinant, qui a beaucoup travaillé à donner de lui-même une certaine image, pour se protéger sans doute plus encore que pour se faire connaître. En sorte qu'il est passionnant de se livrer au décryptage de ses dits et de ses non-dits.
On peut aussi tenter de l'aborder autrement, par le biais de la fiction. Telle est la tentative qui va suivre, et qui s'appuie exclusivement sur la lecture des romans, qu'on y trouve ou non la figure célèbre de Maigret. Sans aller jusqu'à dire que l'oeuvre dément souvent les propos autobiographiques, on a le sentiment qu'elle dit autre chose de plus profond, et qu'elle permet de détourner toute volonté de dissimulation. Elle révèle le grand écrivain qu'est Simenon, et donne accès à l'une de ces «comédies humaines» dont la littérature fournit quelques exemples célèbres, mieux reconnus que le sien. Qui peut se flatter de l'avoir lu à l'école ou même à l'université ? Et pourtant, il a tant de lecteurs passionnés qu'il faut bien se demander pourquoi.
La réponse naïve à cette question rattache le plaisir de lire son oeuvre au naturel avec lequel Simenon écrit, comme s'il n'y avait pas d'écart entre l'art et la réalité. Ce qui, dans un langage à peine plus élaboré, pourrait vouloir dire qu'on lui sait gré d'être un écrivain réaliste. Quitte à reconnaître aussitôt que le réalisme n'est qu'une des formes de l'art d'écrire, que ce soit chez Balzac ou Maupassant, et qu'elle n'amène pas moins que d'autres à s'interroger sur la manière dont l'écrivain s'y prend.
Parler de Simenon romancier, c'est inévitablement se demander en quoi et pourquoi il est un écrivain «réaliste». Comment donne-t-il à ce point l'impression qu'il plonge son lecteur dans un monde aussi vrai que le vrai, et de la même sorte de vérité ? On voit bien que toutes ces formules n'ont pas de signification, qu'elles n'expliquent rien ; et qu'il ne faut surtout pas s'imaginer que tout est simple parce que les écrits de cet auteur paraissent faciles d'accès. Simenon est un malin, du genre qui cache son jeu, et qui cherche à rendre son art invisible plutôt qu'à le revendiquer.
Tout le monde a lu Simenon et connaît le commissaire Maigret. Et pourtant, n'est-ce pas un leurre que de se fier à ces premières approches et aux déclarations tonitruantes, voire provocatrices, de l'auteur lui-même ? En lisant ses romans de très près, on fait quelques découvertes inattendues, d'autant plus précieuses qu'elles révèlent la profondeur d'un écrivain réputé facile d'accès.
On verra dans ce livre à quel point Simenon est imprégné par la lecture des romanciers qui sont ses précurseurs ou ses contemporains. Peu porté sur le roman historique, il écrit plutôt dans les marges de l'Histoire, au plus près de la vie des gens. Incroyable défilé de toutes les catégories sociales jusqu'à la plus humble, celle des clochards, pour lesquels il éprouve une véritable fascination.
Fasciné aussi par l'insaisissable sexualité qui n'est pas sans rapport avec la folie, il les explore l'une et l'autre en se fondant sur une connaissance approfondie de la psychiatrie. Cependant, il la sait aussi insuffisante qu'indispensable, et inévitablement déformée par la machine judiciaire. C'est pourquoi il l'inclut dans une exploration plus vaste et proprement romanesque.
Et tout cela sur le ton le plus naturel du monde, qui s'avère la plus subtile des feintes. Tant il est vrai que, chez Simenon aussi, le réel est un effet de l'art. Lire ses romans, c'est traverser les apparences, non s'y complaire. Qu'on en fasse l'essai : le résultat est impressionnant.
De formation universitaire, Denise Brahimi réfléchit dans ce livre à l'écriture romanesque de Georges Simenon, comme elle l'a fait pour d'autres grands auteurs du XIXe et du XXe siècle, dans leur rapport à l'histoire et à la société.
On verra dans ce livre à quel point Simenon est imprégné par la lecture des romanciers qui sont ses précurseurs ou ses contemporains. Peu porté sur le roman historique, il écrit plutôt dans les marges de l'Histoire, au plus près de la vie des gens. Incroyable défilé de toutes les catégories sociales jusqu'à la plus humble, celle des clochards, pour lesquels il éprouve une véritable fascination.
Fasciné aussi par l'insaisissable sexualité qui n'est pas sans rapport avec la folie, il les explore l'une et l'autre en se fondant sur une connaissance approfondie de la psychiatrie. Cependant, il la sait aussi insuffisante qu'indispensable, et inévitablement déformée par la machine judiciaire. C'est pourquoi il l'inclut dans une exploration plus vaste et proprement romanesque.
Et tout cela sur le ton le plus naturel du monde, qui s'avère la plus subtile des feintes. Tant il est vrai que, chez Simenon aussi, le réel est un effet de l'art. Lire ses romans, c'est traverser les apparences, non s'y complaire. Qu'on en fasse l'essai : le résultat est impressionnant.
De formation universitaire, Denise Brahimi réfléchit dans ce livre à l'écriture romanesque de Georges Simenon, comme elle l'a fait pour d'autres grands auteurs du XIXe et du XXe siècle, dans leur rapport à l'histoire et à la société.
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- ÉditeurÉditions Minerve
- Date d'édition2010
- ISBN 10 2869311257
- ISBN 13 9782869311251
- ReliureBroché
- Numéro d'édition1
- Nombre de pages240
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À la découverte de Simenon romancier
Edité par
MINERVE
(2010)
ISBN 10 : 2869311257
ISBN 13 : 9782869311251
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Description du livre Etat : Neuf. N° de réf. du vendeur 9782869311251
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