Présentation de l'éditeur :
Le Corps incertain est le récit à la première personne d'une jeune femme qui apprend à brûle-pourpoint, au détour d'une phrase, qu'elle est atteinte d'une sclérose en plaques. Elle décide alors de raconter son parcours dans les dédales de l'hôpital et les affres de la maladie, ses tentatives de négocier avec le destin, sa faiblesse cachée derrière une apparente désinvolture, ses ruses pour demeurer dans la vie de tous les jours.
La première partie, «le mal secret», nous aide à mieux comprendre cette maladie aux symptômes imprécis, peu spécifiques et si fluctuants qu'on a du mal à admettre qu'on en est atteint. Elle nous dit la déshumanisation qui menace tout être humain qui, malade, découvre le monde de l'hôpital. Nous sommes brutalement confrontés à l'institution hospitalière, où se succèdent les praticiens «au beau geste» et les autres. Elle pose aussi la question, toujours irrésolue, de la responsabilité du vaccin de l'hépatite B dans le déclenchement de la sclérose en plaques.
Puis, lorsque les séquelles accumulées l'obligent à marcher avec une canne et que la maladie devient visible, c'est la seconde partie : «le corps exposé». La curiosité ou l'angoisse des badauds devant son handicap donnent lieu à des anecdotes absurdes, tragiques ou drôles, affligeantes souvent, pleines d'humour et parfois poétiques. Elle touche alors à une autre question, qui est en train de devenir un fait de société : celle du handicap et de sa place dans la société.
Vanessa Gault a trente-deux ans. Elle enseigne l'anglais à l'Université et envisage de devenir un jour psychanalyste. Parisienne de naissance, adepte du tai-chi-chuan et du développement personnel, elle se trouve confrontée à l'expérience inattendue de la maladie. Le sujet s'impose à elle ; il est la matière de son premier livre.
Extrait :
L'homme marche posément. Normal, pensent les autres ; il est tellement plus âgé qu'elle. Elle, on la voit s élancer et puis retenir son pas, ralentir pour accompagner le rythme de son homme. Normal, pensent les autres ; elle est tellement plus jeune que lui. On voit bien qu'elle voudrait aller plus vite, retrouver son allure sportive de Parisienne toujours pressée. On le voit clairement : c'est lui qui bride par sa lenteur le pas de sa compagne.
C'est vrai. Il m'oblige à ralentir. Mais il faut se méfier des clichés quand on interprète ce qu'on voit. Lorsque je sors dans la rue, mes jambes, portées par le souvenir de milliers de promenades, s élancent à un rythme rapide. Je suis née à Paris, et j'ai toujours marché vite, d'un air affairé, même quand je n'allais nulle part. C'est presque un instinct. Mais aujourd'hui, mes jambes ne sont plus capables de tenir ce rythme. Lorsque je pars en trombe, je ralentis au bout de quelques pas, et si je maintiens une allure trop rapide pour moi, la fatigue envahit rapidement mon corps, et je ne suis même plus capable d'accomplir le trajet du retour.
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