Extrait :
Une salle de séjour non encombrée. Quelques chaises et un grand canapé au centre. Dans l'angle, à gauche, une table avec un ordinateur portable. A droite, une porte qui mène aux autres pièces. Au fond, la porte d'entrée.
La mère se tient sur le côté droit de la scène. Au début de la pièce, ou pendant l'entrée du public, elle fait sa prière. La prière finie, elle se lève, plie le tapis de prière et le range. Elle va appuyer sur le bouton du magnétophone. S'élève alors le chant d'un muezzin. La mère récite les paroles incantatoires en même temps que le muezzin. Elle s'assied sur la chaise au-devant de la scène.
Quelques minutes plus tard, elle se lève, enlève son foulard et se met à ranger la pièce. Elle se dirige ensuite vers une valise posée dans un coin de la pièce, en sort une enveloppe avec des photos, elle les regarde rapidement puis les glisse dans l'enveloppe qu'elle remet dans la valise. Sa voix devient chevrotante à certains passages de l'incantation. La prière devient alors comme des sanglots étouffés.
On entend trois coups à la porte, semblables aux trois coups de théâtre. La mère s'immobilise un instant, se hâte pour cacher la valise sous un siège. Elle s'essuie les yeux, se retourne pour se mettre au-devant de la scène. Les coups redoublent d'intensité. La mère se dirige vers le magnétophone, baisse le son qui reste quand même audible, avant d'aller jusqu'à la porte.
La mère : Qui est-ce ? Qui est-ce ?
Le fils : C'est moi. Ouvre, ouvre vite.
(La mère ouvre doucement. Le fils s'engouffre dans la pièce et ferme la porte derrière lui à la hâte)
Présentation de l'éditeur :
Il est des secrets bien lourds à porter, surtout en ces temps troublés où la vie d'un homme vaut si peu de choses.
Pour lui, rien n'est plus important que de découvrir qui a pu "donner" son père et le condamner ainsi à une mort certaine ; pour elle, sa mère, l'essentiel est de le garder près d'elle, de l'empêcher d'entrer dans le jeu qui le mènera tout droit en prison... ou quelque part enfoui sous terre.
Alors elle utilise toutes les armes en son pouvoir pour l'empêcher de partir, de prendre ce chemin dont elle connaît et craint le point final.
Diplômé de l'Institut Supérieur d'Art Dramatique (ISAD) de Damas, Amre Sawah est auteur de nouvelles et a réalisé plusieurs courts-métrages. Il publie régulièrement des articles dans plusieurs revues arabes et anime des ateliers de théâtre.
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