Présentation de l'éditeur :
Louis : Les hommes sont au front et il faut bien continuer à faire rêver les gens.
Jeanne : Ouais, et vous, pendant ce temps là, vous n'y êtes pas, au front. Ça vous arrange d'être tout seul, perché dans votre cabine, à l'abri du monde. Pourquoi passez-vous vos nuits ici ?
Louis : Je vous l'ai dit, je...
Jeanne : Moi, je crois que vous vous cachez.
Louis : Quittez cette pièce, immédiatement. Je suis fatigué. Il est tard. Bonsoir.
Jeanne Moi aussi j'ai sommeil, il n'y a pas que vous ! Je voulais juste vous connaître et bavar...
Louis : Oui, je sais, vous aimez, vous adorez parler. Mais pour l'instant, Mademoiselle, vous m'emmerdez !
Eté 1944. Une cabine de projection. Quelques mois avant la libération de Bruxelles.
Louis, 50 ans, projectionniste au Pathé Palace, rencontre la jeune Jeanne, ouvreuse dans ce même cinéma. Elle a 22 ans. La guerre et l'occupation font partie de sa vie quotidienne, mais ne l'empêchent pas de cultiver son rêve d'être actrice. Louis, taciturne et amer, dissimule un lourd secret. Comment ces deux êtres, que tout oppose, vont-ils réussir à s'apprivoiser ?
Une histoire désenchantée sur fond de guerre qui s'achève avec son cortège de blessures difficiles à cicatriser. Pour Louis, ce sera la liberté ; pour Jeanne, la fin de l'insouciance.
Née à Genève, Vinciane Moeschler publie son premier roman à vingt ans. Après des études de journalisme, elle part vivre à Paris, Dakar, Saint-Domingue... avant de s'installer à Bruxelles. Elle écrit pour le cinéma et le théâtre.
Extrait :
Dans la pénombre, un projecteur est allumé. On entend le dialogue de la fin d'un film, Romance à Paris. Au moment du générique, Louis allume la lumière, puis enlève la bobine pour la ranger dans une boîte. On perçoit le brouhaha du public qui quitte la salle. Il fait des gestes qu'on devine quotidiens. Puis, il se rend dans une petite pièce où il allume la radio. Une voix : "Ici Londres...Voici quelques messages personnels : Tony déteste le mouton. Garbo n'a plus le sourire. Je répète : Garbo n'a plus le sourire. L'Ourthe se jette dans la Meuse. "
Entre Jeanne, une jeune fille en uniforme d'ouvreuse. Elle regarde s'il n'y a personne, et cherche une cachette pour y glisser des provisions. Surgit Louis. Elle est de dos et ne le remarque pas. Il va changer la fréquence de la radio. Une voix : "Radio Bruxelles, la voix du Reich ". Surprise, Jeanne se retourne. Ils se dévisagent.
Jeanne : Excusez-moi, je... j'ignorais qu'il y avait encore quelqu'un... à cette heure... (Louis commence à ranger les bobines. Il enlève son tablier. Elle s'approche de lui avec un sourire) On s'est croisés la semaine dernière... Je suis une des ouvreuses. (Elle lui tend la main) Jeanne, enchantée ! (Il ne lui répond pas, éteint la radio et retourne à ses activités) Et vous ? Votre nom ?
Louis : Louis.
Jeanne : Ravie de vous rencontrer, Monsieur Louis !
Louis : J'ai du rangement à faire.
Jeanne : C'est la première fois que je monte dans la cabine. (Elle tourne autour de la machine de projection, la caresse. Il la suit des yeux, agacé. Elle désigne un des projecteurs) Quel monstre !
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