Extrait :
Fille de l'automne
Je suis née en cette saison de paix où les arbres changent' de couleur avant l'arrivée des neiges.
Dès qu'il me prit entre ses mains puissantes pour m'élever vers le ciel, et en observant que j'avais les cheveux flamboyants de rousseur, mon père m'a donné le nom de Randah Liké Nahoma, ce qui signifie en notre langage fille aux cheveux rouges.
Notre tribu comptant davantage de femmes que de mâles, sans doute aurait-il préféré un garçon. Cependant, la vivacité de mes premiers cris dut le séduire, et pour que ma mère produise un lait généreux, il la nourrit de chairs et de fruits en abondance.
Nakavi, mon père, était alors le chef du petit peuple de cette vallée où nous vivons depuis des temps lointains au bord de la rivière, entourés de collines rocheuses et de sombres forêts.
Jamais nous n'avions connu la guerre. Mais quand je dépassai ma huitième saison de glace, une horde venue du levant se répandit au coeur de notre territoire, péchant nos poissons, traquant notre gibier et cueillant nos baies.
En un premier temps, mon père tenta de parlementer avec leur chef, de lui dire que d'autres contrées giboyeuses, voisines de la nôtre, pouvaient lui apporter l'abondance. Il fut accueilli par une volée de pierres et d'épieux aux silex tranchants. Rentré chez nous blessé à l'épaule et à la cuisse, il rassembla les chasseurs et se lança à contrecoeur dans la première bataille que connut notre peuple.
Présentation de l'éditeur :
Je suis née en cette saison où les arbres changent de couleur avant l'arrivée des neiges. Je m'appelle Randah, ce qui signifie fille aux cheveux rouges. Les hommes de ma tribu chassent, cueillent et pèchent. Parfois, des hordes envahissent notre territoire et la sauvagerie s'empare des guerriers. La nature aussi se révèle cruelle et nous force sans cesse à fuir. Depuis peu, un sentiment nouveau habite mon coeur : j'aime Bankah, celui qui fend la rivière à la recherche de poissons lumineux.
Né en 1946, André-Marcel Adamek a accompli divers métiers (steward sur la malle Ostende-Douvres, fabricant et commerçant de jouets, nègre, éditeur) sans jamais cesser d'écrire. Il a 28 ans quand Le Fusil à pétales lui vaut le prix Rossel. Depuis, ses romans ont été largement traduits et ont remporté bien d'autres prix : Un imbécile au soleil (Prix Jean Macé 1984), L'oiseau des morts (Prix Triennal du roman de la Communauté française 1997), Le plus grand sous-marin du monde (Prix du Parlement de la Communauté française 2000), La grande nuit (Prix Marcel Thiry 2004, Prix des Lycéens 2005)...
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