L'art contemporain est à la mode. En particulier s'il vient de pays lointains, comme l'Afrique. Mais qui décide de ce qu'est l'art ? Qui octroie la qualité d'artiste ? Selon quels critères ? Force est de constater que près d'un demi-siècle après la décolonisation, les Africains, pour être reconnus, doivent d'une façon ou d'une autre produire un art « primitif », c'est-à-dire naïf, pittoresque, sans technique, coloré, tribal, exotique, comme on voudra. Les inventions européennes que sont le primitivisme et le bon sauvage ont la peau dure. Iba Ndiaye ne se voit ni bon, ni sauvage, il se voit peintre, tout simplement. On n'est peintre que par rapport à l'histoire de la peinture, par la construction personnelle d'un édifice d'emprunts, de rejets et d'innovations. Ndiaye le sait, qui refuse la douteuse idéologie de la table rase et prend, comme tout artiste véritable, la peinture pour ce qu'elle est : le moyen de trouver sa vérité personnelle, entre l'Afrique d'où il vient et l'Europe où il vit.
Primitive? Says Who? Iba Ndiaye, Painter between Continents