Extrait :
Extrait de l'introduction
Chaque ané, des mots naisse, d'autres sans vont après avoir vécuent deux cents an, trois cents an, ou l'espasse d'un matin. Le franssais ait une langue vivante !
Ah, ah ! Vous venez de sursauter, n'est-ce pas ? Quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette orthographe ? Il vous a fallu faire un effort pour décoder ané, pour comprendre qu'il s'agissait des douze mois qui forment l'an ; puis vous vous êtes dit : naisse doit s'accorder avec son sujet des mots, on doit donc écrire naissent. De plus, ce n'est pas sans vont, mais s'en vont, etc.
Bref, d'instinct, vous avez eu le réflexe de n'importe quel correcteur qui remet en conformité avec ce qu'il a appris, avec ce qu'il sait, les mots mal fichus, les accords malades, afin que la pensée reçoive le message sans contrariété, sans avoir à faire d'effort pour comprendre ce qu'entre eux les termes lui disent.
Le souci de la bonne orthographe, du bien dire et du bien écrire, n'est pas forcément la marque des besogneux, des puristes, des perfectionnistes, des maniaques du détail, c'est le souci de tout le monde, parce que chacun s'est rendu compte un jour que le flou dans la parole, dans l'écriture, rendait la communication bien plus laborieuse, imprécise.
Et chaque fois qu'il y a un doute, une erreur, l'esprit, la pensée, la logique, la mémoire, tiennent de petites cellules de crise, pendant quelques secondes, pour franchir l'obstacle, plus ou moins bien. C'est chaque jour un gaspillage d'énergie difficilement chiffrable, mais si sensible en fin de journée lorsqu'on se laisse tomber dans un fauteuil et qu'on se met à penser à ce qu'on a pu mal dire, mal écrire, à ce qu'on a mal compris.
Finalement, le souci de la correction de la langue relèverait donc d'une sorte de paresse de la pensée : elle sait que les mots ne sont que des objets, des accessoires pratiques pour gagner l'essentiel : le sens ; et elle répugne à en voir modifier la forme ou l'assemblage car c'est du temps perdu.
Voilà pourquoi bien des tentatives de réforme demeurent la plupart du temps lettre morte. Voilà pourquoi les rectifications de l'orthographe publiées au Journal officiel en décembre 1990, signées du Conseil supérieur de la langue française, approuvées par l'Académie, sont si peu suivies - notamment par ceux-là mêmes qui les adoptèrent... On devait écrire assoir au lieu d'asseoir, nénufar au lieu de nénuphar, charriot au lieu de chariot, ognon au lieu d'oignon, ponch au lieu de punch... Qu'en reste-t-il ?
Présentation de l'éditeur :
Auteur des deux best-sellers ( Le Petit Livre du français correct et Le Petit Livre des tests du français correct), Jean-Joseph Julaud fait son entrée dans la prestigieuse collection ...pour Les Nuls. Première création franco-française développée sous la célèbre couverture jaune et noire, "Le Français correct pour les Nuls" vise à faire assimiler au lecteur l’accord du participe passé, l’accord des adjectifs de couleur, l’écriture des nombres... et autres subtilités de la langue française. Le tout sans efforts et dans la bonne humeur, grâce aux nombreux exercices ou tests d’évaluation, recommandations de lecture, moyens mnémotechniques ou «trucs» à retenir. "Le Français correct pour les Nuls" ambitionne d’être la photographie du français d’aujourd’hui, tel que le parlent et l’écrivent la très grande majorité d’entre nous. Un livre qui rend simple tout ce que les autres déclarent être compliqué.
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