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Travailler pour les morts: Politiques de la mémoire dans l’œuvre de Jean Genet - Couverture souple

 
9782878544831: Travailler pour les morts: Politiques de la mémoire dans l’œuvre de Jean Genet
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Extrait :
Extrait de l'introduction

Et parfois la lecture d'un roman un peu triste me ramenait brusquement en arrière, car certains romans sont comme de grands deuils momentanés, abolissent l'habitude, nous remettent en contact avec la réalité de la vie, mais pour quelques heures seulement, comme un cauchemar, car les forces de l'habitude, l'oubli qu'elles produisent, la gaieté qu'elles ramènent par l'impuissance du cerveau à lutter contre elles et à recréer le vrai, l'emportent infiniment sur la suggestion presque hypnotique d'un beau livre, laquelle, comme toutes les suggestions, a des effets très courts.

Marcel Proust, Albertine disparue

Il faudrait commencer par la dédicace, cette écriture adressée à l'ami mort. Dès ses premiers écrits, Jean Genêt trouve dans la mort de l'autre la seule possibilité de son écriture, son seul point de départ légitime : «à la mémoire de Maurice Pilorge» est dédié Le Condamné à mort et Notre-Dame- des-Fleurs ; «à Jean Decarnin», Pompes funèbres ; «à un jeune mort», les Paravents. Son oeuvre pourrait ainsi être lue comme une recherche d'une autre forme de temps, un temps désajusté par cette adresse aux morts qui la travaille au plus profond : «l'oeuvre d'art n'est pas destinée aux générations enfants, écrit-il dans l'Atelier d'Alberto Giacometti. Elle est offerte à l'innombrable peuple des morts.»

D'autres engagements, d'autres prises de position, doivent ainsi être mis à l'oeuvre : Genêt écrit contre lui-même afin de pouvoir écrire pour les morts, ses seuls destinataires. Dans sa correspondance avec Roger Blin, on peut lire le projet paradoxal de cette oeuvre qui cherche à se détruire mais qui en même temps ne cesse de se mettre en valeur, voire de s'exhiber :

[...] mes livres comme mes pièces, étaient écrits contre moi-même. [...] Et si je ne réussis pas, par mon seul texte, à m'exposer, il faudrait m'aider. Contre moi-même, contre nous-mêmes, alors que ces représentations nous placent de je ne sais quel bon côté par où la poésie n'arrive pas.
Présentation de l'éditeur :
L'adresse de l'ami mort est pour Jean Genêt source d'écriture. Elle lui donne la force d'élaborer une oeuvre singulière, une oeuvre qui ne cherche pas à consoler, refuse les images convenues du deuil et s'emploie à faire de la disparition de l'autre une survivance, un événement qui ne nie pas la perte.
Comment écrire devant la mort ? Comment parler aux morts ? Non seulement dans l'intimité mais aussi dans l'espace public où tous n'ont pas le même droit d'être pleurés ? Jean Genêt cherche ainsi à inventer une mémoire nouvelle : une mémoire politique ouvrant sur le futur de l'art - cet «art de clochards supérieurs» (L'Atelier d'Alberto Giacometti) qui fait de la misère des formes un trésor.

Melina Balcázar Moreno est docteur en Littérature Française de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 et actuellement Ingénieur de Recherche dans cette Université, où elle travaille sur l'oeuvre de Claude Simon.

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  • ÉditeurSORBONNE PSN
  • Date d'édition2010
  • ISBN 10 2878544838
  • ISBN 13 9782878544831
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages264

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