La Gr�ce des brigands

Ovalde, V�ronique

3,46

158 �valuations de Goodreads

ISBN 10 : 2878627679 ISBN 13 : 9782878627671

Editeur : Th�l�me, 2013

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Revue de presse :

La gr�ce des brigands r�ussit la prouesse d'�tre aussi diablement romanesque que diablement po�tique. L'�criture de V�ronique Ovald�, sans aff�terie et sans facilit�, suit le rythme presque organique du r�cit, avec ses �chapp�es et ses alanguissements. Il s'agit du neuvi�me roman de l'auteur, apr�s Ce que je sais de Vera Candida et Et mon coeur transparent, plusieurs fois prim�. (Marion Cocquet - Le Point du 11 juillet 2013)

On retrouve dans La Gr�ce des brigands (L'Olivier), son dixi�me roman, le ton gracieux et singulier qui fait la force de l'auteur. Sous ses allures de fable, l'histoire de Maria Cristina en dit long sur le chemin des femmes vers la libre d�termination. (Le Figaro du 22 ao�t 2013)

La Gr�ce des brigands est un hymne au mensonge, un chant d�di� � l'imposture sous toutes ses formes, celles de l'amour familial, du d�sir sexuel et surtout de la cr�ation litt�raire. Comment �crire son histoire, demande V�ronique Ovald�, confronter les versions, �viter l'artifice ? Comme les poup�es russes qui se d�bo�tent les unes apr�s les autres, elle �ouvre des digressions, des parenth�ses, des souvenirs�. Son �criture est baroque et palpitante pour mieux secouer la fiction, faire chavirer la phrase et entrer dans un monde o� David Lynch croiserait les fr�res Grimm. (Christine Ferniot - T�l�rama du 28 ao�t 2013)

Une p�troleuse, cette Maria Cristina Ce serait trop simple pour un personnage qui s'inscrit dans la sph�re romanesque que cette auteur a su cr�er au fil de ces sept pr�c�dents romans. Car V�ronique Ovald� n'aime rien tant que chahuter le lecteur, pas � la fa�on d'un milk-shake dans le blender mais de mani�re plus chaloup�e comme le mouvement d'une danse sud-am�ricaine...
On a bien compris que l'h�ro�ne n'�tait pas en qu�te du prince charmant mais de son �mancipation, d'o� ce c�t� t�tu et obstin� tr�s affirm�.La Gr�ce des brigands s'appuie sur une ambiance mais aussi sur une construction audacieuse sous forme de mise en abyme. Un myst�rieux narrateur raconte la vie de Marie Cristina apr�s sa disparition. �J'ai d�cid� de faire avec l'approximation... ; je me permets de remplir les blancs, je me permets de compl�ter...�, �crit-il. Roman sur la libre d�termination, ce livre est aussi une r�flexion sur l'�criture, emmen�e par une imagination qui ne se laisse jamais entraver. (Fran�oise Dargent - Le Figaro du 29 ao�t 2013)

C'est l'une des voix les plus singuli�res des lettres fran�aises...
L'occasion est belle pour V�ronique Ovald� de creuser certains sillons d�j� rencontr�s dans son oeuvre -les cicatrices de l'enfance, la conqu�te de la libert�, l'�trange m�canique du couple. Mais aussi d'�voquer, pour la premi�re fois, la question de l'�criture, ce formidable moyen d'�vasion pour "s'�manciper des familles asphyxiantes". (Julien Bisson - Lire, septembre 2013)

V�ronique Ovald� s'impose, livre apr�s livre, comme l'une de nos meilleures tisseuses de songes. Tour � tour, elle rev�t les habits de la f�e et de la sorci�re. Ses livres sont des contes modernes, des fables contemporaines o� le loufoque c�toie la trag�die. Son nouveau roman, sans doute le plus fort, explore les m�andres de la culpabilit� et du don...
Alternant humour et gravit�, V�ronique Ovald� nous offre ici une splendide variation sur le th�me des perdants magnifiques. (Fran�ois Busnel - L'Express, septembre 2013)

Quel regard peut porter un enfant sur une m�re qui l'�l�ve �comme on �l�ve les animaux de trait, � la badine ou la schlague� ? De quelle mani�re cela p�se-t-il ensuite sur une vie ? Une femme a-t-elle r�ellement �autant besoin d'un homme qu'un poisson rouge d'un sac � main� ? Le roman de V�ronique Ovald� fr�mit de toutes ces questions, qu'elle a le bon go�t de ne jamais surligner. Car tout �a est racont� comme � la veill�e, presque sur le ton de l'improvisation, dans un style �lastique et bigarr�, tandis que la narration glisse adroitement d'une �poque � l'autre, un peu comme chez Garc�a Marquez. A l'arriv�e, �la Gr�ce des brigands� a bien le charme, � la fois inqui�tant et ent�tant, d'un r�ve am�ricain. (Gr�goire Lem�nager - Le Nouvel Observateur du 19 septembre 2013)

Extrait :

Les calmes apr�s-midi du bord de mer

Maria Cristina V��tonen, la vilaine soeur, adorait habiter � Santa Monica.
La premi�re raison de cette inclination, celle qu'elle n'avouerait sans doute pas ou alors seulement sous forme de boutade, en riant tr�s fort et tr�s bri�vement, c'est qu'elle avait la possibilit� � tout moment de d�guster des cocktails de crevettes et des glaces � la past�que sur le front de mer.
Elle pouvait s'asseoir dans un restaurant pour touristes ais�s o� le serveur l'interpellait par son pr�nom et ajoutait toujours des cacahu�tes pil�es � ses crevettes - il ne disait pas cacahu�tes, il disait, Je vous ai mis des arachides, Maria Cristina, et il roulait les r suavement, peut-�tre pour faire croire qu'il n'�tait pas du coin. Et elle pouvait s'installer sur la terrasse du restaurant � une table qu'aucun client de passage n'aurait eu le droit d'occuper. La terrasse surplombait la baie du haut de ses pilotis, et on y sirotait des sangrias avec lenteur en contemplant le soleil qui disparaissait au fond du Pacifique dans une apoth�ose fuchsia. Puis Maria Cristina pouvait d�cider de prendre sa d�capotable verte et rouler le plus vite possible sur l'autoroute, remonter la nuit Mulholland Drive au volant de sa voiture et sentir le vent frais qui vient des jardins des multimillionnaires, les jardins qu'on arrose � minuit pour que les orchid�es et les roses au nom latin se sentent � leur aise, elle pouvait go�ter sur son visage l'humidit� des bambouseraies qu'on fait pousser en plein d�sert, et ensuite rentrer chez elle � l'heure qui lui plaisait, garer sa voiture en mordant sur le trottoir pr�s du petit chemin qui descend vers la plage, claquer la porte de son appartement, jeter les cl�s par terre, se d�faire de ses v�tements en les laissant simplement tomber sur le sol, mettre tr�s fort la musique et allumer toutes les lumi�res comme si elle avait une minicentrale �lectrique pour son usage personnel dans le sous-sol.
Elle pouvait faire tout cela mais ne le faisait quasiment jamais.
La possibilit� seule l'enchantait et lui suffisait.
Maria Cristina V��tonen aurait probablement aim� �tre une femme scandaleuse.
Malgr� ce d�sir, elle ne faisait que go�ter plaisamment sa vie d'�crivain et la modeste notori�t� que son succ�s accompagnait. C'�tait l'autre raison pour laquelle elle appr�ciait d'habiter � Santa Monica : une communaut� d'�crivains d�pressifs et/ou cacochymes y vivait, arpentant les pontons comme de vieux squales � la recherche d'�perlans. Ils avaient tous tent� de devenir sc�naristes ou pr�sentateurs d'�missions culturelles, ils avaient r�ussi ou �chou�, l� n'�tait pas la question, et ils fumaient des cigarillos en regardant la mer et en imaginant s'exiler � Tanger, Paris ou Kyoto. L'un de ces vieux �crivains �tait l'homme le plus important de la vie de Maria Cristina.
Maria Cristina avait trente ans (ou trente et un ou trente-deux) et se trouvait encore dans l'insouciant plaisir d'�crire, acceptant la chose avec une forme d'humilit� et le scepticisme prudent qu'on accorde aux choses magiques qui vous favorisent myst�rieusement.

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