Extrait :
Vivre en Ubaye.
Vivre dans la vallée de l'Ubaye, c'est avant tout vivre au rythme des saisons. L'orage conditionne l'été, la neige l'hiver. «Saisonnière» est le terme le plus approprié à la vie quotidienne des habitants de la Vallée. Ici, la précarité augmente avec le manque de neige et les projets s'épanouissent en même temps que les fleurs ; l'été remplit les bureaux de poste et les restaurants, l'automne vide les rues et ferme les cols. Pas de train, pas d'autoroute : handicap, pourrait-on se dire ; isolement, enclavement. Calme, nature protégée, à l'opposé de la vie trépidante des plaines côtières si proches : immense chance, devrait-on se dire, à conserver car de tels atouts sont de plus en plus rares et recherchés.
En signant un deuxième ouvrage sur notre Vallée, je ne pouvais ignorer que, dans le premier, je n'en avais présenté que le côté idéal, proche de la réalité quant à la qualité des paysages mais sûrement trompeur quant à la vie que l'on y mène. Malgré la douceur de vivre due à l'environnement, les problèmes de société y existent. Tout comme la beauté des montagnes ne doit pas faire oublier leur fragilité devant l'activité humaine de plus en plus incontrôlée, le charme propre et coloré de nos villages ne doit pas cacher qu'ici aussi des gens n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Que le foncier et le coût de la vie augmentent encore - nous sommes dans l'une des régions les plus riches et convoitées de l'un des pays les plus riches et convoités de la planète -, et les jeunes et les saisonniers rencontreront de plus en plus d'obstacles pour y rester, les familles modestes de plus en plus de difficultés pour venir y passer leurs vacances. Que l'on privilégie le développement d'un certain luxe pour l'accueil d'une certaine classe de population, indispensable, certes, mais au détriment du maintien d'un éventail complet des secteurs sociaux, et un exode risque de s'ensuivre.
Présentation de l'éditeur :
Après le succès de son premier livre sur l'Ubaye, Claude Gouron pose à nouveau son regard sur cette région des Alpes qui comprend les vallées de la rivière Ubaye et de ses affluents et les montagnes qui les entourent. Si son objectif capte les nuances subtiles de la lumière et de ses reflets sur la neige, les lacs ou les ciels, il nous dépeint aussi la violence des orages l'été et la froidure des glaces l'hiver. Et il nous laisse voir, derrière la beauté des paysages, l'obstination d'une population qui s'est entêtée à vivre là.
Claude Gouron dresse cet état des lieux photographiques comme un message à tous ceux qui aiment l'Ubaye et qui veulent l'aimer longtemps en respectant les lieux et les hommes qui l'habitent.
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