Extrait :
Extrait de la préface
Vingt ans après l'éclatement de l'URSS, et avec l'abandon de l'économie planifiée par la Chine au profit d'un capitalisme d'État, la perception de la Route de la Soie en Occident a fondamentalement changé.
Référence lointaine et essentiellement livresque qui faisait certes rêver, mais qui, pour des raisons politiques, demeurait inaccessible au commun des mortels, la Route de la Soie est devenue, en ce début du 21e siècle, l'une des destinations touristiques les plus en vogue. Nombreux sont dorénavant les voyageurs à s'aventurer sur ces fameux itinéraires entre Orient et Occident, à la recherche d'un monde abondamment évoqué par les explorateurs occidentaux de la fin du 19e et du début du 20e siècle, et souvent idéalisé. En consultant brochures et sites internet des tour-opérateurs, on constate que ce sont toujours les mêmes images d'Épinal qui sont proposées, même si la réalité, sur place, ne correspond plus guère aux clichés d'antan : les chameaux ont désormais été remplacés par des camions, les caravansérails ont cédé la place aux hôtels climatisés des grandes chaînes internationales et, dans les marchés, on n'échange plus des ballots de soie, mais on y brade des T-shirts aux logos à la mode.
Au cours des deux dernières décennies, pendant que certains États de la région ont connu des développements économiques spectaculaires, d'autres se sont enlisés dans la guerre et le chaos. Dans les deux cas, ces évolutions ont marqué le paysage, non seulement physique, mais aussi humain. Ainsi en est-il de l'Afghanistan, en proie à un conflit apparemment interminable, où il n'y a plus guère de chances aujourd'hui de pouvoir jouir de la traditionnelle hospitalité tant vantée par les voyageurs d'autrefois.
Dans les déserts, les pistes caravanières ont fait place aux autoroutes à six voies, côtoyant lignes de chemin de fer ultramodernes et pipelines à haut débit.
Les décennies de monocultures dans le cadre d'économies planifiées ainsi que les essais nucléaires et autres programmes militaires secrets ont provoqué des désastres écologiques majeurs en bouleversant des écosystèmes fragiles : l'assèchement de la mer d'Aral en est l'exemple le plus frappant.
Présentation de l'éditeur :
La Route de la Soie... plus que jamais ces cinq mots font rêver ! A l'époque de la mondialisation forcenée, alors que n'importe quel endroit du globe peut être atteint en quelques heures de vol, des noms comme Samarcande, Boukhara, Kotan ou Chang'an continuent à fasciner par leur puissance d'évocation.
Avec la chute des rideaux de fer et de bambou, pratiquement toute l'Asie centrale et la Chine - longtemps inaccessibles aux voyageurs comme aux chercheurs - peuvent à nouveau être visitées.
Comment les Romains, à la suite des Grecs, ont-ils découvert ces contrées lointaines ? Que savaient les Chinois du monde européen ? Et comment parvinrent-ils, des siècles durant, à garder le secret de la fabrication de la soie ? Marco Polo est-il vraiment allé en Chine, ou n'a-t-il été qu'un habile imposteur ?
Luce Boulnois fait le point sur ces questions, nous éclaire sur les rapports entre l'Orient et l'Occident et leurs influences réciproques à la lumière des dernières découvertes archéologiques, prenant en compte les bouleversements géopolitiques survenus récemment dans ces régions.
Bien que répondant à toutes les exigences académiques, cet ouvrage se lit comme un roman.
Historienne et ingénieur de recherche au CNRS, Luce Boulnois est considérée comme la spécialiste de l'histoire de la Route de la Soie et des échanges transhimalayens.
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