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Extrait :
La fenêtre brisée
En prévision de l'arrivée des visiteurs, il fallait nettoyer la maison de fond en comble. Tout le monde se sentait malheureux.
Le professeur se sentait malheureux parce qu'il n'arrivait pas à se concentrer, on trimballait des matelas dans la cour, on les battait à coups de bâtons, on les exposait au soleil. Depuis son opération, il n'avait pas encore recouvré toute son attention. Après avoir parcouru The Lancet pour se préparer au procès, son regard se porta sur le devant de la maison. Il y avait des débris de verre sur la partie pavée de l'allée. Estella avait réussi à briser une fenêtre en sortant les matelas sur la véranda.
Estella, l'employée de maison, se sentait malheureuse à cause de Nafisa, sa patronne. Quand l'une des deux était triste, l'autre l'était aussi. De ce point de vue au moins, on disait qu'elles étaient toutes deux comme mère et fille.
Nafisa se sentait malheureuse parce que son fils Shakeer était sur le point d'arriver de San Francisco. Il devait prendre les photos pendant la fête d'adieu de son père. On aurait dit que toute une génération quittait la scène.
Nafisa était sensible à ce que pensait son fils, son unique enfant. Il ne fallait pas qu'il arrive alors que la maison était en désordre, même s'il n'y verrait sans doute aucune différence. Ils n'avaient que cette matinée pour tout mettre en ordre, mais ni Estella, ni son mari n'étaient prêts à l'aider. Des obstacles, c'est tout ce qu'ils étaient !
Entre les quatre murs de la maison, la situation était mauvaise - à l'extérieur, c'était pire encore. Pour une raison mystérieuse, l'autorité de Nafisa ne s'était jamais étendue jusqu'au garage, de l'autre côté de la propriété. Elle ne comprenait rien à ce qui s'y passait, des individus sans nom y avaient entreposé des tas de choses depuis qu'ils avaient emménagé dans cette maison de Westville. Et impossible de convaincre Estella de le ranger à fond.
Nafisa était terriblement anxieuse, ses mains tremblaient. Elle avait perdu de sa capacité à maîtriser les situations au cours de ces dernières années, et elle avait l'impression que cela se voyait. Elle crut qu'elle allait s'effondrer.
Normalement, l'état du garage n'avait aucune importance à ses yeux. Le chien y dormait dans un panier, à côté des voitures. Presque personne d'autre n'y entrait. Mais la fête d'adieu pour Arif allait être considérable, et faire tout le tapage qu'on pouvait attendre d'un événement pareil. Quelques invités auraient sans doute envie de trouver un endroit tranquille, et ils finiraient sûrement par arriver ici.
Le contraste entre la matinée ensoleillée et la pénombre froide qui régnait derrière la porte empêcha d'abord Nafisa de distinguer quoi que ce soit. Elle trébucha sur l'établi, encombré de clefs et de pinces. Elle avait vraiment besoin de lunettes. Cela faisait cinq ans que Shakeer le lui disait, d'accord avec son père.
Présentation de l'éditeur :
En prévision de l'arrivée des visiteurs, il fallait nettoyer la maison de fond en comble. Tout le monde se sentait malheureux.
Le professeur se sentait malheureux parce qu'il n'arrivait pas à se concentrer, on trimballait des matelas dans la cour, on les battait à coups de bâtons, on les exposait au soleil. Depuis son opération, il n'avait pas encore recouvré toute son attention. Après avoir parcouru The Lancet pour se préparer au procès, son regard se porta sur le devant de la maison. Il y avait des débris de verre sur la partie pavée de l'allée. Estella avait réussi à briser une fenêtre en sortant les matelas sur la véranda.
Estella, l'employée de maison, se sentait malheureuse à cause de Nafisa, sa patronne. Quand l'une des deux était triste, l'autre l'était aussi. De ce point de vue au moins, on disait qu'elles étaient toutes deux comme mère et fille.
Nafisa se sentait malheureuse parce que son fils Shakeer était sur le point d'arriver de San Francisco. Il devait prendre les photos pendant la fête d'adieu de son père. On aurait dit que toute une génération quittait la scène.
Nafisa était sensible à ce que pensait son fils, son unique enfant. Il ne fallait pas qu'il arrive alors que la maison était en désordre, même s'il n'y verrait sans doute aucune différence. Ils n'avaient que cette matinée pour tout mettre en ordre, mais ni Estella, ni son mari n'étaient prêts à l'aider. Des obstacles, c'est tout ce qu'ils étaient !
Entre les quatre murs de la maison, la situation était mauvaise - à l'extérieur, c'était pire encore. Pour une raison mystérieuse, l'autorité de Nafisa ne s'était jamais étendue jusqu'au garage, de l'autre côté de la propriété. Elle ne comprenait rien à ce qui s'y passait, des individus sans nom y avaient entreposé des tas de choses depuis qu'ils avaient emménagé dans cette maison de Westville. Et impossible de convaincre Estella de le ranger à fond.
Nafisa était terriblement anxieuse, ses mains tremblaient. Elle avait perdu de sa capacité à maîtriser les situations au cours de ces dernières années, et elle avait l'impression que cela se voyait. Elle crut qu'elle allait s'effondrer.
Normalement, l'état du garage n'avait aucune importance à ses yeux. Le chien y dormait dans un panier, à côté des voitures. Presque personne d'autre n'y entrait. Mais la fête d'adieu pour Arif allait être considérable, et faire tout le tapage qu'on pouvait attendre d'un événement pareil. Quelques invités auraient sans doute envie de trouver un endroit tranquille, et ils finiraient sûrement par arriver ici.
Le contraste entre la matinée ensoleillée et la pénombre froide qui régnait derrière la porte empêcha d'abord Nafisa de distinguer quoi que ce soit. Elle trébucha sur l'établi, encombré de clefs et de pinces. Elle avait vraiment besoin de lunettes. Cela faisait cinq ans que Shakeer le lui disait, d'accord avec son père.
Dans l'Afrique du Sud contemporaine, Arif, professeur de médecine, est tué chez lui d'un coup de revolver. Sa mort plonge Nafisa, sa femme, et Shakeer, son fils, dans un monde d'énigmes et de non-dits, de trafics d'organes et d'argent, de conflits politiques, scientifiques et raciaux sur fond de drame lancinant du sida. Mère et fils, aussi liés qu'étrangers l'un à l'autre, sont amenés à remettre en cause leurs convictions et leur mode de vie, à clarifier leurs relations avec leurs proches, dont ils découvrent qu'ils savent si peu.
Cette tragédie intime et familiale est aussi un tableau de la ville de Durban et de sa communauté indienne musulmane, et, au-delà, une réflexion sur la difficulté à tourner une page, à prendre un nouveau départ, dans un monde où différentes communautés coexistent sans communiquer entre elles.
Né à Durban, IMRAAN COOVADIA est Sud-africain et appartient à la communauté indienne. Flux et reflux est son troisième roman, pour lequel il a reçu le prix du meilleur roman du prestigieux Sunday Times et le prix du roman de l'Université de Johannesbourg. Il enseigne la littérature à l'Université du Cap. Flux et reflux est son premier roman traduit en français.
Cette tragédie intime et familiale est aussi un tableau de la ville de Durban et de sa communauté indienne musulmane, et, au-delà, une réflexion sur la difficulté à tourner une page, à prendre un nouveau départ, dans un monde où différentes communautés coexistent sans communiquer entre elles.
Né à Durban, IMRAAN COOVADIA est Sud-africain et appartient à la communauté indienne. Flux et reflux est son troisième roman, pour lequel il a reçu le prix du meilleur roman du prestigieux Sunday Times et le prix du roman de l'Université de Johannesbourg. Il enseigne la littérature à l'Université du Cap. Flux et reflux est son premier roman traduit en français.
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- ÉditeurEditions Zoé
- Date d'édition2013
- ISBN 10 2881829031
- ISBN 13 9782881829031
- ReliureBroché
- Nombre de pages335
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Flux et reflux
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(2013)
ISBN 10 : 2881829031
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FLUX ET REFLUX
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