Présentation de l'éditeur :
Tout commence à Bruxelles au Vieux Schaerbeek, un café où les clients forment comme une famille. Il y a les Van Steen-kiste, des gens plutôt aisés, madame Fernand et son fils, Jean-Marie, un adolescent un peu complexé surnommé le «rouquin», Marcel et Julienne, leurs filles jumelles, Hélène et Marcelle, et les amis de celles-ci, le journaliste Charles Renard, l'avocat David Zimmerman et le professeur Pierre Dessart. De 1936 à 1945, tout ce petit monde va se côtoyer dans une Belgique d'abord neutre, puis plongée dans la guerre - de la campagne des dix-huit jours à l'Occupation et jusqu'à la Libération. Mais certains connaîtront aussi l'Italie de Mussolini, l'Allemagne nazie, le front russe... Salle des pas perdus ou comment la violence transforme des gens très ordinaires. Ceux qui, dans la tourmente de la guerre, deviennent soudain des héros tragiques qui refusent l'intolérance, le racisme, la lâcheté quotidienne et découvrent leur propre conscience à travers le regard des autres.
Michel Claise, qui a grandi dans un quartier populaire de Bruxelles, est aujourd'hui juge d'instruction spécialisé dans la criminalité en col blanc. Déjà auteur de Faux et usage de faux (nouvelles) et du Forain (roman policier), il publie simultanément, toujours aux Editions Luce Wilquin, Les années paix, la suite de Salle des pas perdus.
Extrait :
Cela faisait bientôt quinze ans que sa femme l'avait quitté pour un collègue des beaux quartiers, et il ne s'en portait que mieux. Depuis, chaque soir de la semaine, l'agent de la police communale Joseph Verhof franchissait la porte du même café et, respectant un rituel immuable, clamait à la cantonade un «Bonsoir, Messieurs-dames», salué à son tour par la salle. Il ôtait ensuite son casque avec cérémonie, comme s'il voulait officialiser la fin de son service et la parfaite régularité de sa présence dans un débit de boissons. Il s'asseyait alors à la table des joueurs, où il était attendu par deux fonctionnaires des postes et un vendeur de meubles de literie, pour une partie de cartes qui se prolongerait jusqu'au moins neuf heures.
C'était un bistrot d'habitués, des gens du quartier pour la plupart. Une grande enseigne en bois peint annonçant en lettres vertes et jaunes Au Vieux Schaerbeek pendait au-dessus de la porte entourée de deux larges vitrines recouvertes de réclames pour des bières trappistes et des limonades. Elles filtraient une lumière suffisante pour éclairer la salle et les tables en bois noir, jusqu'au comptoir. L'immeuble faisait le coin avec la chaussée de Haecht et une petite rue transversale, où se répercutaient les cris des enfants et le bruit de leurs ballons rebondissant sur des murs sans fenêtres.
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