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Extrait :
Les yeux à demi fermés, le buste appuyé au dossier incliné, l'homme somnolait. Le cendrier rempli de mégots dégageait une odeur puissante. Sur le siège passager du break - une Ford grise -, un sac en papier laissait voir le goulot d'une bouteille de bière. Une carte routière défraîchie montrait le Sud du Québec.
Il cligna des paupières. Deux motards venaient de se ranger sur le bas-côté. Avec la force de l'habitude, il retrouvait ses vieux réflexes : ne pas bouger, observer, rester silencieux. L'attente lui était si familière.
Enfin, les moteurs des grosses cylindrées éclatèrent de nouveau. L'homme replongea dans la somnolence. L'idée de reprendre la route le rebutait. Ou plutôt l'objectif de son voyage. La visite bisannuelle à sa soeur était devenue une corvée. Depuis son veuvage, Barbara - de dix ans son aînée - était encore plus insupportable qu'avant, avec ses plaintes continuelles, ses larmoiements de vieille emmerdeuse et ses cancans de pipelette. Et s'il faisait semblant d'être sourd ?
L'homme, vêtu d'un jean et d'une chemise grise, ôta sa casquette bleu marine marquée des initiales métalliques R.B. et frotta son crâne chauve. Dans quelques heures, il serait chez Barbara, près de Shawinigan. Red Barton avait horreur de cette ville.
Encore combien de temps à demeurer là ? Aurait-il la légendaire patience de Sherbroke le trappeur, égaré dans les neiges du Grand Nord sur la piste d'un loup solitaire ? Serait-il, comme lui, capable de se défendre ? Posséderait-il sa force et son courage ? Mais Sherbroke, lui, était invincible...
Le regard de Sylvain parcourut la salle. Aéroport de Bruxelles-Zaventem, six heures du matin. Des employés derrière des guichets, des porteurs, des gens en uniforme, des personnes qui se saluaient ou s'embrassaient, attendaient, allaient et venaient, conversaient, souriaient ou... pleuraient. Il en vit deux, enlacés, une femme et un homme avec une grosse valise que celui-ci déposa dès que sa compagne commença à sangloter. Il lui prit le visage entre les mains, baisa ses paupières, ses lèvres balbutiantes pleines de je t'aime. Sylvain écarquillait les yeux, il ne voyait plus qu'eux à travers ses larmes. Il ne savait plus pourquoi il pleurait lui aussi. Dans sa bouche, le goût infect et tenace - mélange de whisky, de ketchup et de sauce caramel - le révulsait. Il était perdu et misérable, seul dans la grande salle. Et Erik avait disparu.
(...)
Un mot de l'auteur :
Il cligna des paupières. Deux motards venaient de se ranger sur le bas-côté. Avec la force de l'habitude, il retrouvait ses vieux réflexes : ne pas bouger, observer, rester silencieux. L'attente lui était si familière.
Enfin, les moteurs des grosses cylindrées éclatèrent de nouveau. L'homme replongea dans la somnolence. L'idée de reprendre la route le rebutait. Ou plutôt l'objectif de son voyage. La visite bisannuelle à sa soeur était devenue une corvée. Depuis son veuvage, Barbara - de dix ans son aînée - était encore plus insupportable qu'avant, avec ses plaintes continuelles, ses larmoiements de vieille emmerdeuse et ses cancans de pipelette. Et s'il faisait semblant d'être sourd ?
L'homme, vêtu d'un jean et d'une chemise grise, ôta sa casquette bleu marine marquée des initiales métalliques R.B. et frotta son crâne chauve. Dans quelques heures, il serait chez Barbara, près de Shawinigan. Red Barton avait horreur de cette ville.
Encore combien de temps à demeurer là ? Aurait-il la légendaire patience de Sherbroke le trappeur, égaré dans les neiges du Grand Nord sur la piste d'un loup solitaire ? Serait-il, comme lui, capable de se défendre ? Posséderait-il sa force et son courage ? Mais Sherbroke, lui, était invincible...
Le regard de Sylvain parcourut la salle. Aéroport de Bruxelles-Zaventem, six heures du matin. Des employés derrière des guichets, des porteurs, des gens en uniforme, des personnes qui se saluaient ou s'embrassaient, attendaient, allaient et venaient, conversaient, souriaient ou... pleuraient. Il en vit deux, enlacés, une femme et un homme avec une grosse valise que celui-ci déposa dès que sa compagne commença à sangloter. Il lui prit le visage entre les mains, baisa ses paupières, ses lèvres balbutiantes pleines de je t'aime. Sylvain écarquillait les yeux, il ne voyait plus qu'eux à travers ses larmes. Il ne savait plus pourquoi il pleurait lui aussi. Dans sa bouche, le goût infect et tenace - mélange de whisky, de ketchup et de sauce caramel - le révulsait. Il était perdu et misérable, seul dans la grande salle. Et Erik avait disparu.
(...)
Quelle est la raison mystérieuse et inavouable qui pousse Sylvain et Érick, deux jeunes Belges, à prendre l'avion pour Montréal une nuit d'été ?
Leur quête romantique d'un Chicoutimi de rêve avec ses trappeurs et sa vie sauvage d'autrefois devient, au fil du voyage, un véritable parcours initiatique. Désarroi, perte des repères, solidarité, amitié, amour.
Je me suis attachée à ces deux frères, hantés l'un comme l'autre par la peur de partager le poids du passé. J'ai voulu les rendre touchants, malgré l'acte inqualifiable qu'ils ont commis avant leur départ. Au hasard de l'errance, Sylvain et Érick feront des rencontres : Bryan le baba cool rêveur, Judy la jolie paumée, le couple excentrique des Beauchemin... Ce récit, construit comme un road movie, se conclut de manière tragique dans les forêts impénétrables des Laurentides.
Roman d'aventures, car mes héros sont confrontés non seulement à leur secret, mais aussi à un ancien détective obstiné, Red Barton, bien décidé à les traquer pour lever le voile sur un drame familial.
Roman psychologique surtout, dans lequel le lecteur découvre peu à peu la réalité des faits. Ou du moins une réalité ?
Françoise Pirart
Leur quête romantique d'un Chicoutimi de rêve avec ses trappeurs et sa vie sauvage d'autrefois devient, au fil du voyage, un véritable parcours initiatique. Désarroi, perte des repères, solidarité, amitié, amour.
Je me suis attachée à ces deux frères, hantés l'un comme l'autre par la peur de partager le poids du passé. J'ai voulu les rendre touchants, malgré l'acte inqualifiable qu'ils ont commis avant leur départ. Au hasard de l'errance, Sylvain et Érick feront des rencontres : Bryan le baba cool rêveur, Judy la jolie paumée, le couple excentrique des Beauchemin... Ce récit, construit comme un road movie, se conclut de manière tragique dans les forêts impénétrables des Laurentides.
Roman d'aventures, car mes héros sont confrontés non seulement à leur secret, mais aussi à un ancien détective obstiné, Red Barton, bien décidé à les traquer pour lever le voile sur un drame familial.
Roman psychologique surtout, dans lequel le lecteur découvre peu à peu la réalité des faits. Ou du moins une réalité ?
Françoise Pirart
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- ÉditeurEditions Luce Wilquin
- Date d'édition2014
- ISBN 10 2882534949
- ISBN 13 9782882534941
- ReliureBroché
- Nombre de pages192
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Chicoutimi n'est plus si loin [Broché] Pirart, Françoise
ISBN 10 : 2882534949
ISBN 13 : 9782882534941
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Description du livre Etat : like new. EXPEDITION SOUS 48 H EN SUIVI LA POSTE / EMBALLAGE BULLEPACK. N° de réf. du vendeur TH 117 227
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