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Nouvelles Questions Féministes, Volume 30 N° 1, 2011 : La production d'enfants - Couverture souple

 
9782889010523: Nouvelles Questions Féministes, Volume 30 N° 1, 2011 : La production d'enfants
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Présentation de l'éditeur :
Il y a une certaine ambivalence, voire de la méfiance, chez les féministes radicales face à la question des enfants, et ceci pour de bonnes raisons : d'une part, la production d'enfants est l'obstacle principal à l'égalité entre les sexes; d'autre part, la maternité a été historiquement construite comme étant incompatible avec la participation à la sphère publique, renvoyant ainsi les femmes au privé. Par ailleurs, tant les positions essentialiste que celles du sens commun, font de la maternité leur argument massue, à la fois preuve de l'existence d'une différence biologique entre les femmes et les hommes à l'avantage des premières, et justification du maintien de leur situation spécifique complémentaire dans l'ordre hétérosexuel existant.

Cette méfiance légitime des féministes radicales a eu pour conséquence un relatif désengagement de la réflexion critique sur la maternité et, plus généralement, sur la production d'enfant, laissant ainsi le champ libre à des débats peu pertinents. Relevons la vulgate psy sur la prétendue crise d'identité des femmes déchirées entre désir d'enfant et aspirations professionnelles; le sempiternel discours de la "conciliation travail - famille" qui incomberait aux seules femmes; des considérations quasi-réactionnaires sur le pouvoir abusif des femmes, capables d'infliger ou de refuser une paternité aux hommes, de monopoliser le pouvoir sur les enfants en cas de divorce, qui sont autant de manières d'occulter le travail fourni par les femmes dans cette fonction maternelle et les limites très concrètes que celle-ci impose à leur autonomie. On pense aussi au soi-disant irrépressible désir d'enfants chez ces dernières, que les différentes méthodes de procréation assistée et autres adoptions se chargeraient de combler.

Ces thèmes ressassés appellent selon nous de nouvelles problématisations de la part des féministes, en regard des contextes familiaux et professionnels actuels. A titre d'exemple, la revendication du "choix" d'avoir ou non des enfants pourrait être réactualisée. Alors que le féminisme des années 1970, avec le slogan "un enfant si je veux quand je veux", a mis fin à l'idée de la maternité comme destin, ce message reçoit une réception mitigée. Si le contrôle de la fécondité est un droit acquis - quoique la vigilance à ce propos soit de mise - l'identité féminine semble toujours et encore dépendre de la maternité, alors que l'identité masculine reste, elle, indépendante du statut paternel. Or, les conditions de réalisation du projet d'enfant sont toujours plus difficiles à réunir; on n'évoquera pas ici la question récurrente du "partage" des tâches entre les sexes, mais surtout le fait que notre société continue de considérer la question de la production d'enfants, et finalement de son propre devenir, comme relevant centralement de la sphère privée et dépendant des rapports de pouvoir intra-familiaux encore largement défavorables aux femmes.

TABLE DES MATIÈRES

ÉDITO
° "Produire des enfants" aujourd'hui : un défi pour l'analyse féministe (Anne-Françoise Praz, Marianne Modak, Françoise Messant)

GRAND ANGLE
° Les maternités dites tardives en France : enjeu de santé publique ou dissidence sociale ? (Laure Moguérou, Nathalie Bajos, Michèle Ferrand, Henri Leridon)
° N'est pas mère qui veut. Le paradoxe de l'adoption internationale (Fenneke Reysoo, Pien Bos)
° L'injonction à l'homoparentalité, cache-sexe de l'éros lesbien (Hélène Joly)
° Du désir de procréer : des cultures plus naturalistes que la Nature ? (Priscille Touraille)

CHAMP LIBRE
° Maternité et rapports intergénérationnels en Suisse : un essai d'économie féministe (Mascha Madörin)
° À la mémoire de Michèle Causse, une grande figure du lesbianisme politique (Françoise Armengaud)

PARCOURS
° Entretien avec Karine Clerc, travailleuse sociale de proximité (Marianne Modak, Françoise Messant)

COMPTES RENDUS
° Florence Degavre, Martine Chaponnière, Mélanie Jouitteau, Bérengère Marques-Pereira, Françoise Messant-Laurent, Christine Delphy

COLLECTIFS
° "Olympe" Cahier féministe politique suisse alémanique - Feministische Arbeitshefte zur Politik
Extrait :
Édito

«Produire des enfants» aujourd'hui : un défi pour l'analyse féministe

Anne-Françoise Praz, Marianne Modak, Françoise Messant

Dans une société entièrement acquise à l'idée que l'enfant est le pur produit du désir individuel, considérer la mise au monde et l'élevage des enfants comme une «production» déplace l'attention des aspects psychologiques du processus, sur lesquels focalisent les discours médiatiques (enfant comme réalisation de soi, comme accès au bonheur), vers ses aspects économiques. Toute production nécessite un investissement en travail, en temps et en savoir-faire ; celle des enfants se révélant particulièrement coûteuse dans le court terme, pour des bénéfices individuels et collectifs aléatoires à long terme, elle reste une activité déléguée vers les plus faibles. L'impact de ces conditions de reproduction sur les rapports de pouvoir est bien résumé par l'économiste féministe Nancy Folbre (1997 : 653) : «La reproduction sociale est un processus coûteux qui, dans le court terme, place les groupes sociaux en compétition au désavantage de certains. Les hommes préféreraient que les femmes paient ces coûts. Les non-parents voudraient que les parents paient. Les employeurs préféreraient que les employé-e-s paient, etc.» (notre traduction; voir aussi le «Parcours» de Nancy Folbre dans NQF 2007, vol. 26, N° 2).

Réfléchir sur la «production d'enfants» et non sur la «maternité» contribue à casser la logique qui, associant enfant-maternité-sphère privée, dédouane les hommes et l'ensemble de la collectivité de cette responsabilité. Les études féministes ont largement démontré à quel point le fait de rabattre la production d'enfants sur les femmes constitue un élément central du processus de différenciation/hiérarchisation des sexes au coeur du système de genre. Assigner prioritairement aux femmes la responsabilité des enfants constitue un moyen efficace de maintenir leur subordination économique, puisque cela entrave leur engagement dans des activités plus avantageuses en termes de revenu, de pouvoir et de reconnaissance sociale. Autrement dit, cette assignation maintient les femmes dans la dépendance économique et légitime l'extorsion de leur travail dans l'espace domestique (Delphy, 1998).

Les conditions actuelles de la production d'enfants sont loin d'avoir allégé ces enjeux. Au sein des sociétés postindustrielles, cette production continue d'entraîner des inégalités entre les sexes, quand bien même le modèle de la femme au foyer régresse fortement. Les femmes sont toujours plus nombreuses sur le marché du travail, dans les services notamment où elles occupent des emplois flexibles et précaires, mais aussi dorénavant dans des emplois qualifiés en raison de l'amélioration de leur formation. L'emploi est aujourd'hui une obligation économique qui s'impose à toutes et à tous, et il est devenu une composante incontournable de la réalisation de soi et de l'existence sociale. Or, malgré la tendance qui rassemble femmes et hommes dans l'emploi salarié, une inégalité persiste : la pression à la maternité continue de peser sur les femmes, qu'elles fassent carrière ou non, alors qu'on ne décèle rien de comparable du côté de la paternité.
(...)

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  • ÉditeurPUB ROMANDES
  • Date d'édition2011
  • ISBN 10 288901052X
  • ISBN 13 9782889010523
  • ReliureBroché

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