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Extrait :
Extrait de l'introduction
Incrédules, les visages des étudiants du Lycée cantonal de Porrentruy laissent transparaître l'étonnement : «C'est à ça que ressemblaient les Fêtes du peuple à l'époque ?». Faisant référence à la Fête du peuple jurassien de 1968 dont ces historiens en herbe venaient de découvrir les images à travers le film de Luc Gueniat, une étudiante ne semble pas vouloir croire que le visage de ce grand événement de septembre ait pu autant changer en quarante ans. Ce sentiment général partagé par la classe est éloquent : la Fête du peuple, pour ces jeunes, est symbolisée par l'événement de ces deux dernières décennies; une fête sans cortège et regroupant une poignée de militants dans la cour du château de Delémont. De quoi, effectivement, être étonné du déferlement de milliers de personnes dans les rues delémontaises durant les années 1960, 1970 et 1980 !
Cette discussion avec les jeunes jurassiens ne fait que confirmer notre sentiment qui se dégage de l'historiographie : l'histoire des Fêtes du peuple jurassien, malgré leur importance au sein de la lutte séparatiste, n'est que peu connue.
Un nombre limité d'ouvrages traitent de cet événement jurassien; c'est le cas des deux livres de Pierre-André Comte qui proposent un résumé des fêtes de 1947 à 19976 et de 1947 à 20077. Les Fêtes du peuple y sont décrites d'une manière descriptive et peu analytique. Alain Pichard, dans son ouvrage La Question jurassienne. Avant et après la naissance du 23' canton suisse mentionne lui aussi la Fête du peuple mais reste dans une analyse de surface, son livre étant fondé sur une analyse générale de la situation jurassienne entre 999 et 2003. Le seul ouvrage proposant une réelle analyse historique des fêtes est l'oeuvre de Claude Hauser, L'Aventure du Jura. Nous y retrouvons un chapitre consacré aux Fêtes du peuple avec une description de leur rôle au sein de la lutte séparatiste, leur évolution et leur portée symbolique.
Cette lacune dans la recherche historique est étonnante, d'autant plus que les sources à disposition sont variées et complètes. Les Archives de la République et Canton du Jura, regroupant les archives du Rassemblement jurassien (RJ), nous ont fourni les sources manuscrites nécessaires à la rédaction de ce travail. Les brochures officielles de la manifestation, les retranscriptions des discours officiels ainsi que le fond J contenant la correspondance du RJ concernant la Fête du peuple constituent un dossier de sources complet sur cette fête.
Complet, l'est aussi le corpus de films jurassiens; corpus de sources filmiques autour duquel se concentre ce travail. Jamais analysés jusqu'ici et totalement laissés dans l'oubli depuis leur création, ces films se révèlent être un corpus long et complet; une source historique inespérée ! En effet, ces films du Mouvement séparatiste jurassien (MSJ) puis dès 1951 du Rassemblement jurassien (RJ), s'étendent de 1949 à 1996 et seules six années sont manquantes durant ces quarante-huit années de tournages. C'est en 1949 qu'est réalisé le tout premier film du corpus jurassien. Il retrace les événements de la 2e Journée patriotique qui eut lieu le 9 octobre 1949. Ce sont les frères Enard, Maurice et Georges, photographes professionnels de Delémont et militants jurassiens, qui réalisent tous les films entre 1949 et 1962. Muets, tournés en 16 mm et souvent en noir et blanc, ces films constitués en grande partie de plans fixes avec des insertions de cartons explicatifs, retracent de manière narrative, le déroulé des Fêtes du peuple. À partir de 1964 et jusqu'en 1996, c'est Luc Gueniat, mécanicien de formation et militant actif au sein du Rassemblement jurassien, qui se charge de la réalisation. Il ne se limite toutefois pas aux Fêtes du peuple. On retrouve en effet dans la collection de ses films de nombreuses images de manifestations en tous genres que le RJ organisait : assemblées des délégués, Fêtes de la jeunesse jurassienne, rassemblements patriotiques ; des manifestations politiques représentant le quotidien du RJ, le quotidien de la Question jurassienne, en somme.
Comme le dit Claude Hauser, l'appellation Question jurassienne recouvre :
L'ensemble de la lutte menée de façon organisée et massive depuis 1947 par les Jurassiens partisans d'une séparation du territoire de l'ancien Évêché de Bâle d'avec le canton de Berne, dont il faisait partie depuis 1815.
Présentation de l'éditeur :
Incrédules, les visages des étudiants du Lycée cantonal de Porrentruy laissent transparaître l'étonnement : «C'est à ça que ressemblaient les Fêtes du peuple à l'époque ?». Faisant référence à la Fête du peuple jurassien de 1968 dont ces historiens en herbe venaient de découvrir les images à travers le film de Luc Gueniat, une étudiante ne semble pas vouloir croire que le visage de ce grand événement de septembre ait pu autant changer en quarante ans. Ce sentiment général partagé par la classe est éloquent : la Fête du peuple, pour ces jeunes, est symbolisée par l'événement de ces deux dernières décennies; une fête sans cortège et regroupant une poignée de militants dans la cour du château de Delémont. De quoi, effectivement, être étonné du déferlement de milliers de personnes dans les rues delémontaises durant les années 1960, 1970 et 1980 !
Cette discussion avec les jeunes jurassiens ne fait que confirmer notre sentiment qui se dégage de l'historiographie : l'histoire des Fêtes du peuple jurassien, malgré leur importance au sein de la lutte séparatiste, n'est que peu connue.
Un nombre limité d'ouvrages traitent de cet événement jurassien; c'est le cas des deux livres de Pierre-André Comte qui proposent un résumé des fêtes de 1947 à 19976 et de 1947 à 20077. Les Fêtes du peuple y sont décrites d'une manière descriptive et peu analytique. Alain Pichard, dans son ouvrage La Question jurassienne. Avant et après la naissance du 23' canton suisse mentionne lui aussi la Fête du peuple mais reste dans une analyse de surface, son livre étant fondé sur une analyse générale de la situation jurassienne entre 999 et 2003. Le seul ouvrage proposant une réelle analyse historique des fêtes est l'oeuvre de Claude Hauser, L'Aventure du Jura. Nous y retrouvons un chapitre consacré aux Fêtes du peuple avec une description de leur rôle au sein de la lutte séparatiste, leur évolution et leur portée symbolique.
Cette lacune dans la recherche historique est étonnante, d'autant plus que les sources à disposition sont variées et complètes. Les Archives de la République et Canton du Jura, regroupant les archives du Rassemblement jurassien (RJ), nous ont fourni les sources manuscrites nécessaires à la rédaction de ce travail. Les brochures officielles de la manifestation, les retranscriptions des discours officiels ainsi que le fond J contenant la correspondance du RJ concernant la Fête du peuple constituent un dossier de sources complet sur cette fête.
Complet, l'est aussi le corpus de films jurassiens; corpus de sources filmiques autour duquel se concentre ce travail. Jamais analysés jusqu'ici et totalement laissés dans l'oubli depuis leur création, ces films se révèlent être un corpus long et complet; une source historique inespérée ! En effet, ces films du Mouvement séparatiste jurassien (MSJ) puis dès 1951 du Rassemblement jurassien (RJ), s'étendent de 1949 à 1996 et seules six années sont manquantes durant ces quarante-huit années de tournages. C'est en 1949 qu'est réalisé le tout premier film du corpus jurassien. Il retrace les événements de la 2e Journée patriotique qui eut lieu le 9 octobre 1949. Ce sont les frères Enard, Maurice et Georges, photographes professionnels de Delémont et militants jurassiens, qui réalisent tous les films entre 1949 et 1962. Muets, tournés en 16 mm et souvent en noir et blanc, ces films constitués en grande partie de plans fixes avec des insertions de cartons explicatifs, retracent de manière narrative, le déroulé des Fêtes du peuple. À partir de 1964 et jusqu'en 1996, c'est Luc Gueniat, mécanicien de formation et militant actif au sein du Rassemblement jurassien, qui se charge de la réalisation. Il ne se limite toutefois pas aux Fêtes du peuple. On retrouve en effet dans la collection de ses films de nombreuses images de manifestations en tous genres que le RJ organisait : assemblées des délégués, Fêtes de la jeunesse jurassienne, rassemblements patriotiques ; des manifestations politiques représentant le quotidien du RJ, le quotidien de la Question jurassienne, en somme.
Comme le dit Claude Hauser, l'appellation Question jurassienne recouvre :
L'ensemble de la lutte menée de façon organisée et massive depuis 1947 par les Jurassiens partisans d'une séparation du territoire de l'ancien Évêché de Bâle d'avec le canton de Berne, dont il faisait partie depuis 1815.
Les Fêtes du peuple jurassien présente l'histoire de cet événement politique et populaire, véritable baromètre de la ferveur séparatiste jurassienne.
Des cinéastes amateurs et militants, rattachés depuis 1949 au Mouvement séparatiste jurassien, puis dès 1951 au Rassemblement jurassien, ont gravé sur pellicules chaque moment clé de la lutte séparatiste. La Fête du peuple y est représentée comme le point culminant de ces nombreuses années de lutte.
À travers l'oeil des réalisateurs militants, l'ouvrage offre une nouvelle perspective historique de la lutte pour l'indépendance jurassienne. Dans un mouvement où la propagande passait principalement par l'écrit, ces films n'ont jamais suscité l'intérêt des dirigeants politiques. C'est pourquoi, malgré le peu de liberté d'action accordée par le Rassemblement jurassien à ses militants, les réalisations filmiques n'ont jamais été contrôlées, modifiées ou censurées par le Comité de propagande.
Ces films témoignent de la vision que portaient les membres du mouvement séparatiste à l'égard de ce même mouvement et de ses actions. L'ouvrage propose une plongée dans l'histoire audiovisuelle de la lutte pour l'indépendance jurassienne.
Stéphanie Chouleur est diplômée en histoire, journalisme et histoire et esthétique du cinéma de l'Université de Lausanne.
Des cinéastes amateurs et militants, rattachés depuis 1949 au Mouvement séparatiste jurassien, puis dès 1951 au Rassemblement jurassien, ont gravé sur pellicules chaque moment clé de la lutte séparatiste. La Fête du peuple y est représentée comme le point culminant de ces nombreuses années de lutte.
À travers l'oeil des réalisateurs militants, l'ouvrage offre une nouvelle perspective historique de la lutte pour l'indépendance jurassienne. Dans un mouvement où la propagande passait principalement par l'écrit, ces films n'ont jamais suscité l'intérêt des dirigeants politiques. C'est pourquoi, malgré le peu de liberté d'action accordée par le Rassemblement jurassien à ses militants, les réalisations filmiques n'ont jamais été contrôlées, modifiées ou censurées par le Comité de propagande.
Ces films témoignent de la vision que portaient les membres du mouvement séparatiste à l'égard de ce même mouvement et de ses actions. L'ouvrage propose une plongée dans l'histoire audiovisuelle de la lutte pour l'indépendance jurassienne.
Stéphanie Chouleur est diplômée en histoire, journalisme et histoire et esthétique du cinéma de l'Université de Lausanne.
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- ÉditeurAntipodes
- Date d'édition2013
- ISBN 10 2889010716
- ISBN 13 9782889010714
- ReliureBroché
- Nombre de pages223
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Image d'archives
Les fêtes du peuple jurassien : Films amateurs et séparatistes (1949-1982) [Broché] Chouleur, Stéphanie
Edité par
ANTIPODES SUISS
(2013)
ISBN 10 : 2889010716
ISBN 13 : 9782889010714
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Description du livre Etat : like new. EXPEDITION SOUS 48 H EN SUIVI LA POSTE / EMBALLAGE BULLEPACK. N° de réf. du vendeur TH 105 963
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