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Grands Brules de la Face. Épreuves et Luttes pour la Reconnaissance - Couverture souple

 
9782889010967: Grands Brules de la Face. Épreuves et Luttes pour la Reconnaissance
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Extrait :
Extrait de l'introduction

Visages beaux, laids, particuliers... au cours d'une journée, nous voyons défiler une multitude de faciès. Certains d'entre eux attirent notre attention. Nous les regardons alors avec insistance, ou nous leur prêtons une courtoise attention. Plus rarement, il nous arrive de croiser un visage que nous considérons comme défiguré. Soudain, le choc de cette vision nous perturbe. Ce visage nous interpelle, tel un miroir déformant placé face à soi. S'ensuivent bon nombre d'interrogations : comment peut-on vivre avec un visage défiguré ? Inévitablement, cette question prend une tournure plus personnelle : comment supporterai-je une telle éventualité ? Serais-je condamné à être reclus à mon domicile ? Mes amis, ma femme, mon conjoint, etc., accepteraient-ils encore de me voir ? Mon employeur supporterait-il ma présence ?, etc. Ces questions semblent aller de soi. On les retrouve d'ailleurs dans plusieurs oeuvres fictionnelles qui informent sur le sens commun, sur les préjugés qui entourent la vie de personnages défigurés. Il est de ce fait important de partir de ce registre fictionnel. À en croire les fictions cinématographiques et littéraires, les personnages affligés par une défiguration ont deux options : soit, dans le cas le plus fréquent, se cacher ou du moins dissimuler leur disgrâce, soit, plus rarement et dans des contextes précis, l'afficher ostensiblement.
Cette alternative ressort dans l'ouvrage de Bazin intitulé L'huile sur le feu. Le protagoniste, un grand brûlé de la face, cache généralement ses cicatrices sous un drap, ce qui lui vaut le surnom de «Tête de drap», tout en n'hésitant pas, parfois, à ôter son «masque» et à exhiber ses cicatrices. (On retrouve une situation similaire dans la série Real Humans [Ä. Människor, saison 2, 2013] dans laquelle un des personnages principaux porte un masque bleu pour cacher son visage brûlé.) La narratrice de l'Huile sur le feu s'interroge d'ailleurs sur le plaisir que peut éprouver son père à montrer ses cicatrices, d'autant plus qu'en agissant de la sorte, il s'expose à une panoplie de réactions exprimant de la curiosité, du dégoût :

Papa arrachait son passe-montagne, montrant à tous son crâne horrible, rouge et lisse par endroits comme un cul de singe, parsemé ailleurs de cicatrices blanchâtres, de plaques grumeleuses, de boursouflures violacées. Qu'il fait affreux, ce crâne, cela ne me gênait pas. Non vraiment, s'il gênait Maman, s'il gênait tout le monde, il ne me gênait pas moi. Mais pourquoi Papa prenait-il plaisir à le montrer avec, dans les yeux une petite lueur provocante ? (...) Ils les regardaient tous, sans respect, ses oreilles, réduites à deux trous, à deux cratères aux bords déchiquetés. Ils la regardaient, avec une curiosité dégoûtée, cette calvitie de cauchemar qui allait buter sur la barre des sourcils, en partie épargnés par le coup de lance-flammes reçu en 1940, et à l'abri desquels avaient par miracle survécu deux prunelles d'un bleu délicat, d'un bleu exquis, noyées dans un larmoiement trouble comme des boules de lessive dans de l'eau sale. «Si c'est possible d'être arrangé comme ça», déclamaient les pleureuses. L'adjoint - et je lui en sus gré - détourna les yeux.

Le «spectateur» se trouve devant un dilemme, regarder ou détourner l'attention. Dès que des cicatrices sont visibles, elles attirent le regard et, en particulier dans les fictions, elles suscitent souvent une violence physique et verbale à l'encontre des personnes défigurées. Pour éviter de telles réactions, le personnage défiguré est donc «forcé» d'adapter sa vie en conséquence, notamment par le recours à des stratégies d'évitement pour limiter autant que possible la confrontation avec le regard des autres. Ainsi, il sort à la tombée de la nuit quand la pénombre masque les apparences et les rend plus supportables (Théorème d'Almodóvar). Il fait ses emplettes, grâce à la complicité bienveillante d'une vendeuse, dans un magasin déserté (en dehors des heures d'ouverture) et préfère voyager dans la soute d'un bateau plutôt que d'être en compagnie des autres voyageurs (L'homme sans visage). Pour avoir un autre visage, il va même jusqu'à faire tout son possible en portant un masque {La face d'un autre) ou en acceptant une greffe de la face (Les yeux sans visage). Quand le «héros» défiguré ne prend pas de précautions ou qu'il n'use pas d'artifices, ses sorties publiques deviennent un supplice : «Dans chaque regard se cache une aiguille empoisonnée. La ville m'épuise nerveusement», dit le narrateur de La face d'un autre.
Présentation de l'éditeur :
À en croire les fictions cinématographiques et littéraires, les personnages affligés par une défiguration sont placés devant un cruel dilemme : se cacher, ou du moins dissimuler leur disgrâce, ou, plus rarement, l'afficher ostensiblement.

Or, les progrès de la médecine permettent de sauver un plus grand nombre de grands accidentés, même s'ils sont presque entièrement brûlés. On pourrait alors penser que la médecine ne se préoccupe guère de la vie posthospitalisation.

A dire vrai, on ne dispose que de peu de données sur le vécu des personnes défigurées. Ce livre comble cette lacune en laissant une large place aux propos de celles et ceux qui ont vécu une atteinte sévère de la face ; il permet ainsi au lecteur «d'endosser» la perspective de qui est regardé, stigmatisé, de se placer donc en rupture avec le point de vue plus habituel et banal de celui qui regarde.

Si l'attention s'est portée sur l'expérience vécue de grands brûlés de la face, elle n'est pas «confinée» à ce groupe. Ce livre s'ouvre à toute personne, tout groupe d'individus stigmatisés dérogeant temporairement ou de manière permanente à une norme corporelle.

Alexandre Dubuis est docteur en sciences sociales. Ses recherches portent sur l'identité narrative, sur les théories de la reconnaissance d'Axel Honneth et sur la gestion des marques corporelles choisies et accidentelles. Il a publié, avec René Knüsel, La pratique du tatouage, un signe de distinction grégaire, (Lausanne : IAS, 2004).

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  • ÉditeurAntipodes
  • Date d'édition2014
  • ISBN 10 2889010961
  • ISBN 13 9782889010967
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages350

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Alexandre Dubuis et Nicolas Dodier
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ISBN 10 : 2889010961 ISBN 13 : 9782889010967
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Description du livre Softcover. Etat : Comme neuf. Edition 2014. Ammareal reverse jusqu'à 15% du prix net de cet article à des organisations caritatives. ENGLISH DESCRIPTION Book Condition: Used, As new. Edition 2014. Ammareal gives back up to 15% of this item's net price to charity organizations. N° de réf. du vendeur E-871-488

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Dubuis, Alexandre,
Edité par Editions Antipodes (2014)
ISBN 10 : 2889010961 ISBN 13 : 9782889010967
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Description du livre Softcover. 348 p. Livre en très bon état de propriété privée. 9782889010967 Sprache: Französisch Gewicht in Gramm: 550. N° de réf. du vendeur 932333

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