Extrait :
Extrait de l'introduction
L'HISTOIRE DE JOSEPH : UN LABORATOIRE
Philippe Lefebvre
Lire l'ensemble des chapitres 37 à 50 de la Genèse :
- Quelles impressions générales en retirer ?
- Quels liens établir entre l'histoire de Joseph et le reste de la Genèse ?
- Et avec le reste de la Bible ? Et avec les Évangiles ?
- Rechercher d'autres liens après avoir lu les pages de l'Introduction.
Une histoire suivie de A à Z
Une histoire malgré tout !
Cette histoire est longue et complète : on part de l'adolescence d'un personnage (et même de sa naissance : Genèse 30, 22-24) et on aboutit à sa mort à la fin du livre. L'ensemble occupe un gros quart de la Genèse, voire un petit tiers du livre, ce qui est énorme. Ce développement quantitatif est déjà un indice de l'importance de cette histoire.
Celle-ci s'inscrit également dans le cadre plus général des récits relatifs à la famille d'Abraham. Depuis la fin de Genèse 11, on nous raconte l'histoire d'Abraham, de Sara et de leur descendance improbable. Le couple inaugural est stérile, et cette question de la stérilité se retrouve à chaque génération : Isaac et Rébecca (cf. Genèse 25), Jacob et Rachel (cf. Genèse 30); Joseph est issu d'une femme réputée stérile, Rachel, qui enfantera deux fils (cf. Genèse 30,22-24 et 35,16-20).
Les histoires racontées, celle de Joseph en particulier, sont donc d'autant plus précieuses : elles auraient pu ne pas avoir lieu puisque les personnages dont on narre les aventures sont comme arrachés au non-être. Joseph est un bel exemple de héros dont le déploiement relève du miracle : il ne devait pas naître, sa mère étant dans l'incapacité de concevoir; il devait mourir, ses frères ayant médité de le tuer; ensuite, il ne devait jamais émerger, le destin semblant le rejeter au rang d'esclave, puis d'obscur prisonnier sans avenir et sans appui.
Différentes manières de présenter un personnage
La Genèse narre l'histoire d'Abraham en présentant ce personnage déjà dans un âge avancé; le livre raconte assez peu de choses sur Isaac, fils d'Abraham (le grand récit le concernant est surtout Genèse 22); il nous raconte beaucoup de choses sur Jacob, le fils d'Isaac et le père de Joseph. Mais les récits concernant Jacob font intervenir beaucoup d'autres personnages : son jumeau Ésaü, son beau-père Laban, ses femmes, Léa et Rachel, ses enfants (voir par ex. Genèse 34 : le viol de Dina et la vengeance des frères). On peut dire que, par comparaison, l'histoire de Joseph, tout en étant riche en péripéties, est plus épurée et davantage centrée sur le héros : c'est vraiment Joseph que l'on suit de sa conception à sa mort sans qu'aucun autre personnage ne l'égale en importance.
Il convient de prendre en compte ces différentes approches que la Genèse organise et qui sont comme autant de manières d'entrer dans la vie d'un personnage et dans ce qu'elle a à nous apprendre. Le type d'histoire qui présente Abraham ou Jacob fait aussi advenir des personnages en interaction avec eux, des personnages qu'il vaut la peine de découvrir pour eux-mêmes : Sara, Agar, Abimélech sont très importants dans l'histoire d'Abraham; Rachel, Ésaü, Laban sont indispensables dans les récits concernant Jacob. Isaac au contraire est très peu «présent» dans l'ensemble des récits qui lui sont consacrés : longtemps absent pour cause de stérilité de sa mère et de grand âge de ses parents, il n'apparaît enfin (cf. Genèse 21) que pour être offert à Dieu (cf. Genèse 22); quand il atteint l'âge adulte, c'est un serviteur d'Abraham qui part chercher Rébecca, la future épouse d'Isaac (cf. Genèse 24). Joseph est, quant à lui, toujours au centre des récits, toujours «leader» dans les actions exposées.
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Présentation de l'éditeur :
La longue histoire du patriarche Joseph se présente comme un véritable laboratoire d'humanité au xxi" siècle. Surtout que les Évangiles ne cessent de se référer à lui pour dessiner le visage du Fils «perdu et retrouvé» par excellence qu'est Jésus Christ. Joseph nous montre en résumé ce que peut être un fils d'Adam, car il est confronté a toutes les grandes réalités dont parle la Genèse depuis le commencement :
- En amenant ses frères et son père en terre étrangère, l'Égypte, il offre un aboutissement de ce «syndrome d'exil» loin de la terre, promise et jamais donnée, dont souffre Israël.
- En connaissant des rapports très tumultueux avec sa fratrie, il donne une illustration originale, sans langue de bois, de ce que peut signifier «être frère».
- En devenant vizir de Pharaon, il montre comment un homme ou une femme vivant avec Dieu peut s'insérer dans la nation où il vit, sans perdre son âme.
- En se trouvant sans cesse en prise avec les éléments naturels, fécondité et famine, il situe l'aventure spirituelle dans un cadre écologique et politique.
Le frère Philippe Lefebvre, dominicain, est professeur d'Ancien Testament à l'Université de Fribourg.
Monique Dorsaz est bibliste et formatrice au Service Formation et Accompagnement du canton de Vaud.
Barbara Francey est bibliste et engagée au Service Formation et ressources en pastorale du canton de Fribourg.
François-Xavier Amherdt est prêtre du diocèse de Sion et professeur de théologie pastorale, pédagogie religieuse et homilétique à l'Université de Fribourg.
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