«Aucun des drames suscités par la sorcellerie conventuelle n'a provoqué autant de commentaires que Loudun», écrit Robert Mandrou dans son livre Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle. Pour qui interroge aujourd'hui les protagonistes de l'affaire (1632-1640), L'Autobiographie de la mère supérieure du couvent des ursulines de Loudun reste la pièce maîtresse de cette machinerie diabolique où Satan, dans ses pompes, transforme la vie d'une femme en un terrain d'agrément. Corps tatoué, chair hantée, femme intérieure saccagée par les diables, sœur Jeanne des Anges nous livre sa vie, écrite par elle-même, comme une tapisserie d'émotions. Au «qui perd gagne» de la foi, ce texte est là pour l'attester, il y a un risque que les chrétiens partagent avec l'espèce, une maladie appelée homme. L'engagement «hystérique» de Jeanne, si spectaculaire, si singulier et le récit étonnant qu'elle en fait, masquent difficilement que nous sommes nous-mêmes à découvert; homme, animal à haut risque. D'une relation ancienne où une époque, fertile en diableries de toutes sortes, rejoint ses peurs et ses tourments, nous voilà ramenés à notre aimable condition ; l'Enfer, c'est nous-autres.
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