Est-ce qu'un jeune lecteur peut imaginer une époque, pourtant pas si ancienne, où le surnaturel était quelque chose de certain, évidemment ? De familier même ? D'invisible, bien sûr, mais dont, chaque jour, on pouvait mesurer - ou craindre - les manifestations ? Saints et saintes, anges gardiens côtoyaient tout un chacun, avec le démon et sa cohorte de sorciers de villages. Dans notre société médiatisée à l'excès où la parole se multiplie et s'enfle à grands renforts de technique, peut-on également imaginer l'effet de la bien modeste parole des anciens ? Les formules incantatoires et magiques du rebouteux qui coupait le feu et remettait les membres ? La parole enchanteresse du conteur qui, le temps d'une veillée, amusait, transportait son auditoire dans un monde souriant, comblait ses désirs, apaisait les soucis du présent et enfin exorcisait les angoisses de chacun en tuant les loups, défaisant le diable ou réduisant les sorciers à l'impuissance ? C'est dans cet univers que nous entraînent les contes de la Voisine. Un univers familier et merveilleux à la fois, à l'image du vécu quotidien des gens du Pays de Retz. Familier, car ils nous emmènent près du moulin, du puits, dans la forêt ou le potager, avec les loups aussi. Ce ne sont pas des animaux mythiques au XIXe siècle ; ils sont bien là, à une lieue, dans la forêt de Machecoul. Un univers merveilleux aussi : les bêtes y parlent ; Dieu, la Vierge, le diable y sont présents, ainsi que la sorcière - « noire, noire », toujours - et l'homme-ours, enfin. Mais c'est un merveilleux familier où il n'y a guère que le dragon à sept têtes qui ne nous paraisse pas de « chez nous ».
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