Présentation de l'éditeur :
Grâce aux sources exceptionnelles et variées conservées à Puigcerdà, Perpignan et Barcelona, une étude des Juifs languedociens et catalans ayant vécu en Roussillon et en Cerdagne nous éclaire sur les relations intercommunautaires et individuelles entre Juifs et Chrétiens au Moyen-Âge. Nous suivons leur installation depuis le développement des marchés ruraux et des villes nouvelles, surtout dès la moitié du XIIIe siècle où le crédit rural est une de leurs activités d’appoint particulièrement bien documentée par les registres notariaux. Leur habitat se densifie et se regroupe dans des quartiers nommés calls, sans jamais devenir ségrégatif.
Ils participent à l’essor du textile local, à la croissance des campagnes. Aux côtés des Chrétiens, ils spéculent sur la terre au début du XIVe siècle, mais s’ils participent activement à la première organisation de la fiscalité royale et municipale tout en étant des contribuables essentiels pour la Couronne d’Aragon, ils ne parviennent pas à placer leur argent dans la rente constituée où réussissent au contraire majoritairement les Chrétiens.
A partir du milieu du XIVe siècle, leur vie quotidienne, familiale, religieuse et communautaire est plus durement affectée que celle des Chrétiens par la crise économique d’abord, puis par les crises démographiques qui ne permettent pas à une petite communauté une reprise suffisante. Au voisinage paisible entre communautés de religion différente succède l’augmentation de la ségrégation, les tensions inter et intra-communautaires, favorisant violences et conversions.
L’histoire de ces familles implantées dans les Pyrénées ou migrant au sein de l’espace méridional Catalogne et à la Provence cesse brutalement avec l’expulsion.
Cette étude vise à décrire la vie, les pratiques, les jeux de juifs médiévaux sépharades à travers un exemple précis beaucoup plus qu’à examiner le destin d’une communauté ; les acteurs sont observés comme des individus vivant à la fois l’intégration dans la société et leur identité particulière, plus que comme des membres d¹un groupe particulier.
Présentation de l'éditeur :
Dans l'ouvrage Juifs et chrétiens. De Perpignan à Puigcerdà XIIIe-XIVe siècles, Claude Denjean s'est penchée sur ces juifs, ces étrangers familiers, si intimement mêlés à la vie économique de la Cité, en choisissant un excellent pelle d'information : Puigcerdà, petite ville neuve du Comté de Cerdagne, centre de production des draps et cuirs, où les documents d'archives éclairent les relations socio-économiques dans les décennies qui encadrent l'an 1300. A travers le prisme du notariat chrétien cerdan dont une analyse typologique, bienvenue, est présentée, son dépouillement joint à une approche comparative met en relief les liens étroits que la communauté juive de Puigcerdà a pu nouer avec celles de la Couronne d'Aragon, et aussi bien avec celles du Midi languedocien et provençal. Puigcerdà, cette cité frontalière entre Languedoc et Catalogne du Nord a ainsi retrouvé grâce à ce travail toute l'importance, difficilement soupçonnable aujourd'hui, qu'elle a eue aux XIIIe-XIVe siècles. Le tableau qui est livré des questions liées au crédit (formes d'avances, intérêts, place du prêt juif dans l'artisanat et l'agriculture cerdans), servi par une belle documentation (plus de 90 % des actes du corpus collecté ! ), rejoint d'autres ouvrages classiques sur ce thème depuis celui novateur de Richard W. Emery, s'attachant à décrire l'activité monétaire de l'aljama voisine perpignanaise du dernier tiers du XIIIe siècle, jusqu'à ceux d'histoire urbaine de l'école de l'Université de Provence. Claude Denjean a su choisir un sujet qui prend sa place parmi tous les travaux menés alentour, tant du côté de la Catalogne, que de l'autre côté du versant, vers le Languedoc-Provence et l'Italie. Son étude dépasse la spécificité d'une petite communauté originale et méconnue du pourtour méditerranéen, inscrite certes dans un lieu de confluences, pour s'ouvrir sur tout le Moyen Age européen. (Danièle Iancu-Agou. Directeur de recherche au CNRS. Nouvelle Gallia Judaica, UMR 8584, Montpellier).
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