Extrait :
La théorie psychanalytique a toujours tiré parti de la parole des femmes. La théorie freudienne de la sexualité s'est élaborée à propos des femmes et de la féminité, à partir d'un discours, d'un «faire parler», de femmes plus ou moins célèbres, de Dora à Marie Bonaparte. Elle s'est enrichie dans le temps de la finesse de pensée de femmes telles Lou Andréas Salomé, Anna Freud, et Mélanie Klein. L'actuel n'est pas en reste avec Françoise Dolto, Pierra Aulagnier, Michèle Montrelay et Julia Kristéva. Dans ce «faire parler» la féminité, la psychanalyse ne prenait-elle pas le risque d'ouvrir les digues du refoulement de ce fameux «continent noir» ? Refoulement que Freud a tenté de maintenir au sens de la représentation symbolique. Telles en ont témoigné ses réticences par rapport à Jones notamment, qui insistait sur l'organisation particulière de la sexualité féminine, restant pour lui plus dépendante que l'homme des pulsions, dans une intrication de schèmes archaïques, oraux, anaux et vaginaux. Lacan trouvait lui-même très étrange que l'expérience analytique ait plutôt étouffé, amorti, éludé les problèmes de la sexualité du côté de la demande féminine. La sexualité, dans sa rencontre à l'autre sexe va pourtant toujours être un appel à l'éveil du sien propre.
Je situerai dans ce «faire parler» la féminité, ce qu'il peut en être de certaines situations entendues en clinique, faisant il est vrai exception, mais témoignant d'un effet de dérive possible du protocole analytique, quand le désir d'analyste ne remplit plus sa fonction de faire barrière à la jouissance. Le métier d'analyste est un métier impossible, comme aimait à dire Freud. Un métier qui se tient au bord du gouffre, où l'étrange entité que constitue le couple analysant analyste peut glisser vers des situations extrêmes ne laissant quelquefois que la possibilité d'une issue vers un passage à l'acte. Passage à l'acte plus ou moins grave, plus ou moins violent, allant quelquefois jusqu'à la destruction d'un ou des deux protagonistes.
Présentation de l'éditeur :
La psychanalyse n'est pas une pratique sans risques. Cet ouvrage traite des ravages et des ratages dans la cure, induits par un passage à l’acte sexuel entre un analyste et son patient. La situation psychanalytique, du fait de la création d’un transfert, provoque chez le patient une régression nécessaire au bon déroulement de la cure, et réactive sa sexualité infantile. Abuser d’un patient sexuellement dans cette position est un équivalent d’inceste, dans une position érotomaniaque des deux protagonistes. C’est un sujet encore tabou. Le silence nuit à la circulation d’une parole vraie. Ce travail dévoile ces dérives de façon à relancer la réflexion, questionner l’éthique et peut-être contribuer à prévenir ce qui peut entacher cette expérience unique: la cure analytique.
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