Extrait :
HABITUDES ALIMENTAIRES CHEZ LES ANCIENS
En l'absence de documents écrits, il n est guère possible de connaître en détail les moeurs et les conditions de la vie des peuples. Heureusement la Chine, Inde et Iran, aussi bien que les nations méditerranéennes ont des livres qui permettent des comparaisons dans les domaines alimentaires et ceux de la religion, des lois, de la technologie.
Il convient de rappeler que c'est grâce aux éminents érudits nestoriens, à la fois prêtres et médecins, héritiers de remplie de Byzance et vivant souvent dans l'empire Parthe, que les précieux écrits des grands auteurs grecs furent sauvegardés (Le Coz, 2004). Ils traduisaient d'abord du grec en syriaque, puis, après la ruée des cavaliers arabes, du syriaque en arabe. C'est ainsi que les «intellectuels» devenus les nouveaux maîtres purent découvrir l'existence des travaux grecs et en introduire les résultats dans leur propre somme de connaissances médicales.
Pour les autres civilisations, l'enquête est beaucoup plus hasardeuse lorsqu'il s'agit de temps anciens. On se perd ainsi en hypothèses très libres au sujet des moeurs de la longue période paléolithique. Il faut attendre le X siècle avant notre ère pour que les néolithiques nous laissent des témoignages culinaires avec l'invention de la poterie : des récipients de terre cuite permettaient donc de faire varier le mode de préparation des aliments. Dès lors, on pouvait taire mieux que griller et cuire sur des pierres chaudes. Plus solides que les calebasses, gourdes et fruits creux fournis par diverses plantes grimpantes, les nouveaux ustensiles autorisaient la cuisson à l'eau, en sauce, à l'étouffée, circonstance favorable pour traiter légumes, viandes et poissons réclamant des accommodements savoureux.
Les aromates allaient donc commencer à jouer à plein leur rôle condimentaire. Soupes odorantes, ragoûts relevés, légumes fades rehaussés de saveurs vigoureuses allaient s'offrir à nos lointains aïeux. Les études de paléontologie humaine, en particulier au Moyen-Orient, ont permis de préciser les conditions de l'habitat, avec la formation d'agglomérations urbaines, et de montrer l'existence de cultures vivrières. À cette époque, les substances aromatisantes étaient incluses dans les denrées alimentaires elles-mêmes sans donner lieu à une différenciation comme on verra plus tard. Peut-être exista-t-il très tôt des trafics commerciaux pour les aliments comme on en connaît pour des outils et objets du mobilier : on a pu suivre les routes de transport des beaux silex couleur de cire du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire) jusqu'en Europe centrale.
Présentation de l'éditeur :
Comment aborder le monde étrange des épices et aromates aux messages sensoriels parfois intenses ? Après une évocation des usages anciens, l'auteur célèbre les actifs commerces intercontinentaux et évoque les hardis voyageurs qui ont contribué, à partir du XVe siècle, à la découverte de multiples terres nouvelles, prélude à l'expansion des Européens dans le Monde entier. Plus encore est chaque fois présentée l'origine de ces denrées précieuses dans les contrées productrices.
Cet ouvrage tente d'expliquer aussi les raisons de la fascination qui conduit à de multiples applications culinaires. Elles découlent de la présence de principes actifs chimiques remarquables qui flattent nos sens. Mais ceux-là possèdent en outre des propriétés pharmacologiques qui ont fait utiliser nombre d'épices et aromates en thérapeutique en particulier dans plusieurs traditions asiatiques. Les travaux scientifiques modernes enrichissent les réputations ancestrales et les justifient ou au contraire modèrent la faveur de tel partenaire de ce séduisant ballet des Indes galantes.
L'auteur est docteur en médecine, en pharmacie et en sciences naturelles. Après le concours de l'agrégation (1958), il enseigna la biologie végétale et surtout la pharmacognosie, soit l'étude des plantes à des fins thérapeutiques. Il essaye de transmettre à un vaste public des informations recueillies au cours de la quête bibliographique. Il a déjà rédigé plus d'une dizaine d'ouvrages à large diffusion, dont Expliquez-moi les plantes - Voyage en botanique qui a reçu le Prix Clément Jacquiot de l'Académie d'Agriculture de France (2004).
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