Extrait :
Esthétique de la course à pied
La course à pied n'est pas un sport, mais un art. Elle produit une nouvelle vision de la ville mais aussi des terrains vagues, de la banlieue et même de la campagne rase qui se découvre alors étrange.
Au-dessous de six kilomètres à l'heure, la marche et la flânerie ont quelques vertus, mais ne réussissent pas à mettre bout à bout plusieurs parties du même paysage pour le saisir d'un seul mouvement.
Le sujet de ce texte n'est rien moins que la France considérée comme laboratoire pour mettre à l'épreuve cette ambitieuse méthode de survol, voire d'envol, de la course à pied. Chaque parcours fait l'objet d'un protocole qui permet au lecteur soit de répéter l'exercice, soit d'y découvrir la vision originale d'un espace revisité. Cette expérience inédite poursuit une tradition qui commence avec les péripatéticiens, philosophes du déplacement bipède, continue avec Jean-Jacques Rousseau qui, se trouvant un soir devant les portes fermées de sa ville, invente le confessionnal en mouvement. Cette attitude déambulatoire trouve une fin provisoire le jour de Noël 1956 quand le promeneur Robert Walser, grand marcheur devant l'Écriture, s'étale de tout son long dans la neige et meurt selon un protocole qu'il a lui-même établi dans un roman, du temps où il en produisait encore.
Présentation de l'éditeur :
Courir la France. Pour découvrir un pays, on peut s'y promener à pied ou à vélo, le survoler ou sonder sa littérature. On peut aussi le courir sans bagages ni préjugés, avec les yeux d'un écrivain suisse scrutant le coeur insolite de la France. La course à pied, nous dit l'auteur, n'est pas un sport mais un art qui se pratique aussi bien au grand air qu'en chambre, un livre à la main. Du Limousin à Phalsbourg, de la forêt de Compiègne à Créteil, sous les ponts des autoroutes, le long des chemins de halage, le rythme du coureur solitaire accompagne l'étonnement du lecteur.
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