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Ethnologie de la Forme-camp de Sangatte : De l'exception à la régulation - Couverture souple

 
9782914610407: Ethnologie de la Forme-camp de Sangatte : De l'exception à la régulation
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Extrait :
Extrait de l'introduction :

Dimanche 25 juillet 1909, 5h12 :

«C'est fait», dit seulement Blériot.
«Et Latham ?»
«Latham est encore à Sangatte.»

Entreprendre l'étude d'un espace comme Sangatte est une démarche périlleuse tant ce lieu semble connu de tous, presque familier. Les journaux en ont fait leur actualité parfois quotidienne, les artistes l'ont saisi afin d'en témoigner à leur manière, en dénonçant des traitements peu humains ou en s'attaquant à un système global inséparable des situations vécues à Sangatte et dans des lieux similaires. Finalement, peu importe le prisme par lequel l'histoire de Sangatte s'est immiscée dans la société française et en Europe, Sangatte a fonctionné et continue de fonctionner comme un catalyseur d'opinions.
Quelle place peut se faire l'ethnologue dans ce brouhaha ? Son rôle premier peut être celui d'un rassembleur. Non dans le sens où il travaillerait à l'élaboration d'une synthèse consensuelle porteuse d'une quelconque vérité sur ce lieu, mais plutôt dans le sens d'une prise en considération globale de Sangatte. Peut-être devrions-nous user ici du pluriel, et parler de prises en considération globales, afin de dissocier, de disséquer les éléments qui constituent Sangatte. La seconde étape est sans nul doute celle de la reconstruction critique et de la redistribution de ces éléments en fonction de leurs interconnexions ou des hiérarchies qu'ils induisent Nous le voyons d'emblée, la tâche paraît colossale. De fait, elle impose une place prépondérante à l'ethnographie de Sangatte. La quasi absence de toute description de la vie quotidienne dans le centre de Sangatte et de son infrastructure méritait déjà que l'ethnologue s'y attache. Mais, avouons-le, cette démarche résulte d'un regard après coup, sans cesse retravaillé tout au long de l'écriture de ce livre. Quelques présupposés et beaucoup de questions, notamment sur l'humanitaire, ont été les instigateurs de cette recherche. Je pense qu'ils valent la peine qu'on leur accorde le détour pour comprendre l'angle anthropologique adopté ici.
Le projet de cette recherche a germé de mon insatisfaction face aux critères d'évaluation des mesures d'urgence mises en place par les or­ganisations non gouvernementales (ONG) humanitaires, auprès desquelles je m'étais engagé. J'ai ainsi travaillé au Honduras (1998), au Kosovo (1999-2000) et en Indonésie (2000). Dans ces trois régions, des catastrophes ou des guerres étaient à l'origine de la création de camps de réfugiés. Lorsque je repense à ces expériences, des phrases comme «Par pitié, allez vous-en ! Laissez nous reconstruire tout seuls» me conduisent à m'interroger sur la légitimité de l'aide prodiguée par les organisations humanitaires. Cette phrase est la réflexion d'un Kosovar que j'ai entendu à la sortie d'une réunion de coordination d'ONG à Pristina pendant l'été 1999. De retour à l'Université pour un doctorat en anthropologie, j'ai voulu m'interroger plus avant sur le fonctionnement de ces organisations, au regard de mon expérience de volontaire expatrié. Les journaux de l'époque parlaient d'un «camp de réfugiés» géré par la Croix-Rouge dans le nord de la France. Le terrain de cette recherche se dessinait. Si jusque-là j'avais l'habitude de placer les camps dans des zones de conflits ou de catastrophes naturelles, la situation de Sangatte était différente : sorte de camp ouvert, loin des zones sinistrées, accueillant des hommes et des femmes présentés comme errants. Interroger la présence de ces hommes et comprendre les agencements relationnels et matériels qu'ils mobilisent ont donc fourni les lignes directrices de cette recherche. La raison sociale de l'errance est de suite apparue comme la conséquence de l'interruption brutale d'un parcours. Ce schéma interprétatif m'a conduit à poser un ensemble de questions plus globales sur les politiques migratoires ou, pour être plus précis, sur les conséquences de ces politiques, notamment sur la formation de réseaux illégaux de circulation des hommes.
Présentation de l'éditeur :
Ethnologie de la Forme-camp de Sangatte
De l'exception à la régulation
Henri Courau

De l'été 1999 à fin 2002, plus de 76 000 étrangers en situation irrégulière transitent par le Centre d'accueil et d'urgence humanitaire de la Croix-Rouge française à Sangatte. Cette porte, sur le sable de la Manche, figure une sorte de camp ouvert où se gère quotidiennement une situation d'exception : le passage répété de chercheurs d'asile pour qui la France ne représente qu'une étape migratoire. Ce travail interroge donc la vie quotidienne d'hommes reçus dans un camp humanitaire et tente de comprendre les agencements relationnels et matériels qu'ils mobilisent afin de réaliser leur projet d'exil. A partir d'une ethnographie du phénomène de Sangatte, Fauteur dissèque l'ensemble des éléments en réseaux qui ont constitué le lieu. Le schéma interprétatif utilisé permet de poser un ensemble de questions globales sur les conséquences des politiques migratoires, notamment sur la formation de réseaux illégaux de circulation des hommes. Sangatte a fonctionné et continue de fonctionner comme un catalyseur d'opinions, interrogeant l'inscription de la forme-camp, telle que nous la voyons se dessiner à l'heure actuelle, aux frontières de l'Europe.

Henri Courau
Docteur de l'EHESS en Anthropologie sociale et Ethnologie. Chercheur associé à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD)

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Courau, Henri
ISBN 10 : 2914610408 ISBN 13 : 9782914610407
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Description du livre Paperback. Etat : NEUF. de l'été 1999 à fin 2002, plus de 76 00o étrangers en situation irrégulière transitent par le centre d'accueil et d'urgence humanitaire de la croix-rouge française à sangatte. cette porte, sur le sable de la manche, figure une sorte de camp ouvert oú se gère quotidiennement une situation d'exception : le passage répété de chercheurs d'asile pour qui la france ne représente qu'une étape migratoire. ce travail interroge donc la vie quotidienne d'hommes reçus dans un camp humanitaire et tente de comprendre les agencements relationnels et matériels qu'ils mobilisent afin de réaliser leur projet d'exil. a partir d'une ethnographie du phénomène de sangatte, l'auteur dissèque l'ensemble des éléments en réseaux qui ont constitué le lieu. le schéma interprétatif utilisé permet de poser un ensemble de questions globales sur les conséquences des politiques migratoires, notamment sur la formation de réseaux illégaux de circulation des hommes. sangatte a fonctionné et continue de fonctionner comme un catalyseur d'opinions, interrogeant l'inscription de la forme-camp, telle que nous la voyons se dessiner à l'heure actuelle, aux frontières de l'europe. - Nombre de page(s) : 1 vol. (274 p.) - Poids : 0g - Langue : fre - Genre : Immigrés clandestins. N° de réf. du vendeur N9782914610407

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